Circuit patrimonial -- Haut-Saguenay

Author:
Dwane Wilkin

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Le Saguenay s’est nourri de ses traditions et de son histoire. Il évoque des royaumes, un monopole royal ou encore le fief de l’industrie québécoise; les rives du Saguenay nous racontent quatre siècles d’histoire du Québec. Bien que minoritaires, les Québécois anglophones ont largement marqué l’histoire de cette région.

Long de 160 km, le Saguenay s’écoule d’une fissure du Bouclier canadien, du du lac Saint-Jean jusqu’à Tadoussac, sur le fleuve Saint-Laurent. La confluence de ces deux puissants cours d’eau était jadis un lieu propice au troc auquel se livrèrent les tribus iroquoises et algonquiennes.

Les postes de traite le long de la rivière furent essentiels à l’essor de la Nouvelle-France. Déjà en 1671, la route du Saguenay reliait les trappeurs amérindiens d’aussi loin que la Baie James aux acheteurs de fourrures européens. Lorsque la France céda le Canada à la Grande-Bretagne en 1763, le contrôle des postes du Roi tomba entre les mains des marchands anglais. La célèbre Compagnie du Nord-Ouest de Montréal, puis la très puissante Compagnie de la Baie d’Hudson dominèrent la région pendant tout un siècle.

William Price, homme d’affaires anglais qui s’était établi à Québec, a toujours été considéré comme le « père du Saguenay ». La prospère industrie du bois qu’il fonda mit fin au monopole du commerce de la fourrure et fit place à un mode de vie qui reposait sur l’agriculture, la foresterie, l’énergie hydroélectrique et la métallurgie.

COMMENT S’Y RENDRE

Ce circuit patrimonial vous fera découvrir des lieux historiques et différents points d’intérêts dans la région du Haut-Saguenay, à partir de La Baie. La fusion de plusieurs municipalités constitue aujourd’hui la ville de Saguenay. Pour vous y rendre le plus rapidement, depuis la ville de Québec, il suffit de traverser le parc des Laurentides en empruntant la route 175 Nord. De Montréal, dirigez-vous vers Trois-Rivières, puis empruntez la route 155 Nord en direction du lac Saint-Jean.

MapLA BAIE (Port Alfred) (pop. 21 000)

Cette ville portuaire dynamique offre aux visiteurs une vue magnifique de la baie historique des Ha! Ha! Le nom de la baie et de la rivière adjacente signifie « petit chemin dans les bois » en montagnais. Connue sous le nom de Grande-Baie par les pionniers et les commerçants de fourrures, la communauté fut fondée en 1838 par la Société des Vingt-et-Un, un groupe de
Canadiens français de la vallée du Saint-Laurent qui construisaient des moulins à scie le long des affluents du Saguenay.

En 1842, William Price acheta les moulins et les droits de coupe dans toute la région. L’hiver, nombreux furent les premiers colons à travailler pour Price. L’été, ils travaillaient dans les champs. L’ère industrielle du Saguenay avait commencé.

Les premiers habitants anglais reposent dans le petit cimetière protestant situé sur la rue Alexis Tremblay. Le musée qui se dresse sur le boulevard Grande-Baie Ouest fait revivre l’histoire de la baie des Ha! Ha!

La compagnie Price Bros. constuisit une importante usine de papier journal à Port-Alfred dans les années 1920. Aujourd’hui, le géant de l’industrie du bois Abitibi Consolidated, emploie 600 travailleurs.

Le papier, les produits de la forêt et l’aluminium du Saguenay sont tous expédiés depuis le port, que gère Alcan. Des chargements de bauxite, le minéral utilisé pour fabriquer l’aluminium, en provenance de Jamaïque, d’Amérique du Sud et d’Afrique sont acheminés vers La Baie.

Musée du Fjord - (418) 697-5077

La base aérienne de Bagotville. (Photo - Collection Matthew Farfan)BASE AÉRIENNE DE BAGOTVILLE

Les passionnés d’histoire et d’aviation militaire canadienne se doivent de visiter la BFC de Bagotville située entre La Baie et Chicoutimi. De la mi-juin à la fin août, le personnel des forces aériennes offre deux visites quotidiennes commentées en autobus, tous les jours. La base fut construite en 1942 afin de former les pilotes de l’ARC et de protéger les mines d’aluminium et les centrales hydro-électriques du Saguenay, sites stratégiques, pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le
musée de la Défense aérienne de Bagotville évoque cette page de l’histoire et présente également une exposition sur l’évolution technologique et aéronautique.

Continuez vers l’ouest sur la route 170 et empruntez la sortie du boulevard Saint-Paul en direction de Chicoutimi.

Musée de la défense aérienne de Bagotville - (418) 677-4000 Ext. 8159

CHICOUTIMI (pop. 64 000)

Centre économique et culturel du Saguenay, Chicoutimi est non seulement une ville moderne, mais également un site naturel spectaculaire. À l’origine un poste de traite (1676), la ville marque la limite de navigation en amont de la rivière. Son nom est issu d’une expression montagnaise signifiant « à cette hauteur, l’eau est profonde ».

Chicoutimi prit son essor dans les années 1840 grâce à l’industrie du bois. Peter McLeod, fils d’un agent écossais de la Compagnie de la Baie d’Hudson et d’une mère montagnaise, construisit les premiers moulins à scie sur les rivières Chicoutimi et Moulin. McLeod fut l’un des premiers partenaires de William Price qui acheta plus tard les moulins ainsi que d’importantes concessions forestières. Un monument à la mémoire de la famille Price, érigé en 1882, se trouve à l’est du quartier du Vieux-Port.

En 1897, l’ouverture d’une pulperie sur la rivière Chicoutimi permit à la ville de prendre son essor au début du 20e siècle. Cette usine était l’invention personnelle d’un natif de Sherbrooke, Julien-Edouard-Alfred Dubuc dont la Compagnie de pulpe de Chicoutimi employait plus de 1 000 travailleurs en 1920. La Pulperie, musée et centre culturel qu’abrite le remarquable moulin de pierre néoclassique de Dubuc en plein centre-ville, retrace en détail cette page d’histoire.

La rivière Saguenay. (Photo - Dwane Wilkin)Tout près d’ici, les maisons le long des rues Drean et Ross dans le quartier historique du Bassin formaient une enclave anglophone où les cadres régionaux résidaient durant les années fastes des entreprises Price au Saguenay.

En juillet 1996, des pluies torrentielles déclenchèrent des inondations soudaines faisant déborder le lit de la rivière Chicoutimi, et détruisirent plusieurs maisons en aval du barrage. Seule, une petite maison blanche sur les flans de la colline près de l’église Sacré-Coeur, bâtiment historique en granite de style gothique, rappelle ce désastre.

Suivez les panneaux en direction du boulevard Saguenay et dirigez-vous vers l’ouest le long de la rive.

La Pulperie
300 rue Dubuc - (418) 698-3100
Site Web : www.pulperie.com

uppersaguenay.arvida.mfcoll.jpgARVIDA (Ville de Jonquière)

Dans les années 1920, la célèbre usine d’aluminium, Alcan , et la ville voisine attirèrent une nouvelle vague de familles anglophones au Saguenay. Arvida se trouve sur des terres initialement défrichées vers 1840 par Simon Ross, un commerçant de fourrures et un des rares Anglais à venir s’installer dans le canton de Jonquière. En 1925, le millionnaire J. B. Duke, magnat du tabac, et William Price III construisirent un barrage sur le lac Saint-Jean, élevant le niveau d’eau de cinq mètres, afin de fournir leur centrale électrique de l’Isle-Maligne en énergie. Un an plus tard, la première aluminerie de la région entra en production.

Arvida fut entièrement planifiée par l’entreprise américaine qui la construisit. En 1926, le prédécesseur d’Alcan, l’Aluminum Company of America (Alcoa), y construisit les maisons de 270 travailleurs en 125 jours. En quelques années seulement, la ville disposait de plusieurs écoles, d’un hôpital, de trois banques et de deux églises dont la majestueuse église catholique en briques Sainte-Thérèse (1928). Le nom de la ville provient du rassemblement des deux premières lettres des noms et prénom du président d’Alcoa, Arthur Vining Davis, également fondateur d’Alcan.

La murale de Shipshaw par André Bieler. Propriété d'Alcan. (Photo - Paul Cimon)Jadis, la communauté anglophone d’Arvida était très dynamique : beaucoup d’employés qualifiés avaient été recrutés aux États-Unis et dans d’autres régions du Canada. Durant les années 1930, 1940 et 1950, de nombreux Européens émigrèrent également ici pour y refaire leur vie brisée par la guerre. Dans les années 1960, Arvida fusionna avec la ville de Jonquière.

Aujourd’hui, l’église Arvida First United Church (1949) sur la rue Berthier est le lieu de rencontre de la congrégation baptiste francophone alors que tout près, l’église anglicane Saint-George (env.1950) rassemble les fidèles pour des services évangéliques en français. Les établissements Riverside Regional High School sur la rue Joule et la Riverside Regional Elementary sur la rue Neilson offrent encore des cours en anglais à près de 500 élèves.

MANOIR DU SAGUENAY INN

Construit en 1940 pour loger les invités et le personnel visiteur d’Alcan, le Manoir Saguenay est un lieu historique bien connu. Son architecture n’est pas sans rappeler les châteaux français. Il est situé sur la rue Powell près des écoles Riverside. Dans les années 1950, le Manoir était ouvert au public; durant plusieurs années, les résidents d’Arvida s’y rassemblaient lors de réceptions, de fêtes et de cérémonies de remise de diplômes. De nos jours, Alcan n’utilise le bâtiment qu’à des fins privées. Toutefois, les visiteurs peuvent se stationner en face et en admirer les jardins, conçus par le paysagiste Tom Heard, collaborateur du célèbre artiste paysagiste Frederic Law Olmstead. Un sentier panoramique vous mène à la rivière.

La centrale de Shipshaw, extérieur. (Photo - Dwane Wilkin)LA CENTRALE DE SHIPSHAW

La demande en aluminium augmenta durant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés s’affairant à construire des flottes d’avions de combat. Il fallut 9 000 travailleurs venus de tout l’Est du Canada pour construire ce magnifique barrage de 64 mètres de hauteur sur la rivière Saguenay. Avec une capacité énergétique de 896 000 kilowatts, cette centrale permit à Alcan d’augmenter considérablement sa production d’aluminium pendant la guerre. Merveille d’ingénierie, Shipshaw ouvrit une nouvelle ère d’immenses projets hydro-électriques qui firent du Québec l’un des principaux fournisseurs d’énergie en Amérique du Nord.

La centrale de Shipshaw, intérieur. (Photo - Dwane Wilkin)KENOGAMI (Ville de Jonquière)

Ville industrielle fondée par la Price Bros. Company en 1910, Kénogami accueillit la toute première usine de papier de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Aujourd’hui, Abitibi-Consolidated gère le site sur la rive est de la rivière aux Sables; la société Cascades possède une usine de carton sur la rive ouest.

Jadis, Price Bros. employait des Canadiens français et des fabricants de papier qualifiés recrutés surtout en Grande-Bretagne. Des vestiges de cette époque sont visibles dans le vieux quartier anglais au parc Alonzo Gravel, près de la rue Roi-Georges. Les patrons des usines vivaient dans les belles maisons de brique qui bordent le parc. Chaque été, des familles se réunissaient dans le parc pour un piquenique organisé par l’entreprise.

La maison Price. (Photo - Dwane Wilkin)À l’époque où l’industrie des pâtes et papier battait son plein, la famille Price possédait une superbe résidence d’été sur la rue Perron. La maison en bardeaux de cèdre rouge est désormais un ensemble d’immeubles d’appartements. Á côté, remarquez l’élégante auberge de style Tudor, la Villa Pachon. Propriété de la Price Company, elle hébergea tout d’abord le directeur de l’usine, puis les visiteurs étrangers.

Centre d’histoire Sir-William-Price, Kenogami. (Photo - Dwane Wilkin)Aujourd’hui l’auberge est un établissement privé. Dans les années 1950, la communauté anglophone de Kénogami jouissait d’une école et de deux églises protestantes, dont la Saint-James Apostle Anglican Church (1912), première église
protestante construite dans le Haut-Saguenay.

Aujourd’hui, l’église Saint-James abrite le Centre d’histoire Sir-William-Price, musée dédié à l’héritage industriel du Saguenay.

Centre d’histoire Sir-William-Price, 1994, rue Price. Tel - (418) 695-7278.

MONT JACOB (Ville de Jonquière)

Terminez votre visite en beauté en faisant un tour au sommet du mont Jacob où se dresse le célèbre Centre national d’exposition (CNE). Surplombant Jonquière, Kénogami et Arvida, le CNE offre une vue panoramique époustouflante de la vallée du Haut-Saguenay et des monts Valin. Le musée présente des oeuvres d’artistes québécois, canadiens et internationaux.

Centre National d’Exposition
4160, rue du Vieux Pont - (418) 546-2177

La série des circuits patrimoniaux est presentée par le Reseau du Patrimoine Anglophone du Québec grâce à l'aide financière fournie par le Department du Patrimoine Canadien et le Développement Économique du Canada. La contrainte d'espace ne permet pas la publication exhaustive des sites. Remerciements à René Mimeault, Paul Delisle, Margaret MacDougall et Carol Ann Doucet. Vous pourriez nous rejoindre au (819) 564-9595 ou sans frais au 1-877-964-0409 ou encore visiter notre site web au www.qahn.org.

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