Dans les premières années de la colonisation, les fermiers devaient fabriquer eux-mêmes chaussures, harnais et autres objets indispensables en cuir. Lorsqu'une vache mourait, le fermier et son épouse grattaient, corroyaient et étiraient la peau. Par la suite, la peau pouvait servir à fabriquer toutes sortes d'objets dont des pièces pour repriser des vêtements ou des gonds pour les portes.
Lorsque les tanneries firent leur apparition dans les villages, la désagréable tâche de traite des peaux de vaches ne fut pas de celles que beaucoup regrettèrent.
Les tanneries traitaient non seulement les peaux des animaux de ferme mais aussi celles d'animaux sauvages. Ces dernières représentaient des objets de commerce de valeur tant sur les marchés domestiques que pour l'exportation. Dans les Cantons-de-l'Est, on trouvait des peaux de castor, rat musqué, lapin, vison, hermine, loutre, martre, ours, renard, chevreuil, orignal, lynx et raton laveur. Les peaux avaient besoin d'être assouplies et traitées; c'était l'affaire des tanneries.
ÉCORCE DE SAPIN
L'écorce de sapin jouait un rôle essentiel dans le procédé de tannage. Au printemps, l'écorce pouvait s'enlever facilement des arbres avec une hache à écorcer. Plusieurs fermiers vendaient les écorces aux tanneries locales. L'écorce était d'abord moulue entre des meules de moulin géantes en pierre. Une fois moulue, on y ajoutait de l'eau froide, puis le mélange macérait pendant quelques jours. Le processus se répétait jusqu'à l'obtention d'un liquide de la bonne couleur. On se servait de ce liquide comme teinture pour les peaux. Lorsque le cuir était teint, il passait entre les mains du corroyeur qui s'occupait de gratter et d'assouplir les peaux rugueuses après que le tanneur les avait traitées. Le produit fini était ensuite expédié aux manufactures qui fabriquaient des articles en cuir.