Le raid de St. Albans du 19 octobre 1864 fut l'un des plus célèbres épisodes de la vie frontalière. Considérée comme la bataille s'étant déroulée la plus au nord durant la Guerre civile américaine, elle a impliqué une vingtaine de soldats confédérés qui, sous le commandement d'un jeune lieutenant, Bennett Young, ont mené avec succès un raid sur trois banques à St. Albans, Vermont.
Le raid, lancé en sol canadien - dans le comté de Missisquoi - prit la ville endormie de St. Albans complètement par surprise et provoqua une colère internationale qui menaça d'amener la Grande-Bretagne en guerre aux côtés des États Confédérés. Il démontra également aux autorités dans les deux pays combien leur frontière était vulnérable.
FINANCEMENT POUR LES CONFÉDÉRÉS
L'objectif du raid de St. Albans visait à assurer un financement extrêmement nécessaire aux Confédérés en difficulté et, si possible, de servir de manœuvre de diversion auprès des troupes de l'Union pour les éloigner de leur service dans le Sud. Il s'agissait de mettre la main sur le plus d'argent possible et d'incendier la ville. Le premier objectif fut atteint - les attaquants se saisirent de 208 000 $; mais pas le second - ils ne réussirent qu'à mettre le feu à une dépendance.
Avant le raid, les militaires confédérés arrivèrent déguisés à St. Albans par groupes de trois ou quatre. Ils se firent passer pour des voyageurs ordinaires alors qu'en réalité, ils étaient en reconnaissance - afin de déterminer l'emplacement exact des banques, le nombre d'employés, le meilleur endroit pour cacher leurs chevaux lorsqu'ils s'enfuiraient, et autres.
EN PLEIN JOUR
Le raid se déroula en semaine et en plein jour. Il était bien organisé et exécuté, les villageois ayant été placés sous garde sur la place publique du village. Après avoir fait main basse sur assez d'argent et réquisitionné leurs chevaux, au cœur d'une fusillade clairsemée, les attaquants s'enfuirent pour revenir au Canada. Un homme fut tué à St. Albans et, à ce qu'on raconte, plusieurs autres blessés. De retour au Canada, treize des attaquants, y compris Bennett Young, furent appréhendés.
INCIDENT INTERNATIONAL
Les Américains avaient envisagé de poursuivre les attaquants au-delà de la frontière, mais réalisèrent qu'en le faisant, ils violeraient la neutralité du Canada - et possiblement amèneraient la Grande-Bretagne en guerre. Ils argumentèrent vigoureusement pour faire extrader les prisonniers.
La libération subséquente des hommes, à cause d'un détail de procédure, d'après des juges à Montréal - vraisemblablement sous la consternation du Gouverneur général Monck - et le retour de l'argent volé** réussirent à créer une tempête de protestations des deux côtés de la frontière. La prise de conscience que la frontière Canada-États-Unis était pratiquement sans défense provoqua un climat de peur au Canada. C'est dans ce contexte que la Confédération - ainsi qu'une défense commune de l'Amérique du Nord Britannique - fut réalisée.
Finalement, Young et ses hommes retournèrent au Sud où ils remirent l'argent aux Confédérés. Louangé comme héros pour son acte audacieux, Young fut promu au rang de Général. Plusieurs années plus tard, lors d'un voyage avec sa famille à Montréal, une délégation de citoyens de St. Albans lui présentèrent leurs respects à l'hôtel Ritz Carlton où il séjournait. À cette époque, en 1911, lui et ses collègues militaires étaient devenus légendaires à St. Albans - ceci malgré le fait qu'ils étaient des soldats du Sud.
NOTE :
** Quelques années plus tard, le Gouvernement canadien remboursa les banques de St. Albans avec 50 000 $ en or. Cette somme correspondait à la somme trouvée sur les attaquants capturés.
Référence :
ROYCE, Edmund H., St. Albans Raid, October 19, 1864, St. Albans, Vermont, date inconnue.