Les gens qui visitent les Cantons-de-l'Est sont souvent surpris par le nombre d'églises qu'ils y trouvent. En effet, il n'est pas rare de trouver trois, quatre, et même cinq, églises de différentes confessions à proximité les unes des autres dans un même village. En certains endroits tels qu'à Way's Mills, elles se font face de chaque côté de la rue.
À un moment donné, par example, cinq églises - toutes construites en déclin et revêtues de blanc - bordaient la rue Main à Beebe Plain où Baptistes, Anglicans, Méthodistes, Adventistes et Catholiques romains rivalisaient pour leur part de fidèles.
Les amateurs de routes secondaires sont surpris de découvrir des églises à la croisée des chemins les moins fréquentés, surgissant comme au milieu de nulle part. Cependant, ils réalisent rapidement que cette pittoresque petite église peut très bien représenter tout ce qui reste d'un village anciennement florissan
INFLUENCE DE LA NOUVELLE-ANGLETERRE
Les plus anciennes églises dans les Cantons-de-l'Est rappellent fortement celles de la Nouvelle-Angleterre. Ceci s'explique aisément, puisque c'est lors de la première vague de défricheurs (d'env. 1810 à 1840) que les religions institutionnalisées ont d'abord pris racine dans la région. Les colons en provenance du sud de la frontière - en particulier du New Hampshire, du Vermont et du Massachusetts - ont apporté leur foi et leur architecture. Par exemple, l'église universaliste à Huntingville semble avoir été transplantée de quelque part en Nouvelle-Angleterre. Elle date de 1844.
CONFESSIONS PROTESTANTES
Au début, les Cantons-de-l'Est, surtout la région le long de la frontière, étaient desservis par des pasteurs itinérants. Les Baptistes, Méthodistes, Universalistes, Congrégationalistes et plus tard les Adventistes ont tous joué un rôle dans l'arrivée de Dieu dans les nouvelles colonies.** Les pasteurs évangélistes organisaient des réunions là où ça convenait et où il se trouvait un nombre suffisant de fidèles pour s'assembler et écouter la Parole. Souvent, cela signifiait se rassembler dans la maison de quelqu'un. Avec le temps, lorsque des villages se formaient, on construisait des édifices du culte permanents, typiquement assez simples d'architecture et d'ornementation et d'habitude construits en bois.
Les religions institutionnalisées protestantes - l'Église d'Angleterre (anglicane) et, à un degré moindre, l'Église d'Écosse (presbytérienne) - ne commencèrent à se propager véritablement qu'après l'arrivée d'un nombre significatif d'immigrants en provenance de Grande-Bretagne dans les années 1830 et 1840. Contrairement à d'autres confessions, les Anglicans bénéficiaient de l'appui du gouvernement. L'église St. Peter's à Cookshire est l'une des plus pittoresques églises anglicanes dans les Cantons. Elle fut construite en 1868 d'un matériau inhabituel, la pierre des champs.
ÉGLISE CATHOLIQUE
En raison de l'arrivée d'un grand nombre de Canadiens français durant la deuxième moitié du 19e siècle et de la colonisation de larges bandes de terres dans les secteurs nord et est des Cantons-de-l'Est, l'Église catholique romaine commença à faire des percées dans la région. Dès le début du 20e siècle, la plupart des plus grands villages possédaient une église catholique et une paroisse correspondante. Plus souvent qu'autrement, l'église catholique s'avérait l'édifice le plus haut du village. Contrairement aux églises protestantes plus modestes, plusieurs églises catholiques étaient construites en brique ou en pierre. Certaines, telle celle à Tingwick, étaient assez élaborées. Bien entendu, dans les nouvelles colonies canadiennes-françaises, il n'existait que des églises catholiques.
CONFESSIONS EN DÉCROISSANCE
L'importance de la religion dans la vie quotidienne des résidents des Cantons-de-l'Est a diminué tout comme ailleurs en Amérique du Nord. En conséquence, plusieurs paroisses (congrégations) survivent avec difficulté. Il en est ainsi tant pour les confessions catholiques que pour les diverses confessions protestantes - en grande partie d'expression anglaise. Pour ce qui est de la communauté d'expression anglaise, émigration, assimilation, population vieillissante, assistance décroissante et augmentation des coûts associés à l'entretien des édifices religieux ont forcé la fermeture de plusieurs petites églises. Dans certaines villes et en secteur rural, le nombre de paroissiens a tellement chuté que les cultes ne se déroulent qu'occasionnellement - dans certains cas, seulement une ou deux fois par année. À tout ceci s'ajoute la difficulté - et les dépenses afférentes - de trouver des pasteurs pour desservir ces petites communautés. Cependant, plusieurs églises ont réussi à survivre, tout en préservant leur vocation originale, certaines avec un tout petit nombre de paroissiens et des cultes uniquement occasionnels.
ANCIENNES ÉGLISES
Plusieurs des églises qui ont fermé leurs portes ont été vendues et transformées pour d'autres usages. Aujourd'hui, elles servent de centres communautaires, de salles de concert, d'hôtels de ville, même de résidences privées, telle l'ancienne église unie à Farnam's Corners. D'autres, telle l'église unie à Tomifobia, tombent en ruines, mais demeurent les témoins de la vitalité d'une communauté qui y était autrefois établie.
Dans leur ensemble, ces églises - ainsi que lesanciennes églises - représentent une partie importante de notre patrimoine architectural et font partie intégrante de notre paysage.
** Note : Les confessions méthodiste, congrégationaliste et presbytérienne (du moins en partie) ont fusionné dans les années 1920 pour former la l'Église unie du Canada.