De prime abord, on ne voit pas toute la richesse des archives de la Société d'histoire de Missisquoi. Situées dans le moulin historique Cornell (1830) à Stanbridge-East, devenu le Musée Missisquoi depuis 1964, les archives se trouvent dans deux pièces différentes -- l'une pour lire et s'adonner à la recherche, l'autre, une chambre de conservation à atmosphère contrôlée.
Lors de mon récent passage, l'archiviste Judy Antle (à gauche) m'a fait entrer dans une pièce vaste et bien éclairée pourvue de tables pour s'installer lors d'une recherche, de lecteurs de microfilms et de tablettes remplies de livres -- plus de 400 titres -- sur l'histoire locale et la généalogie. Elle m'a indiqué les différents systèmes de catalogage et quelques autres outils de recherche disponibles. Mais les véritables trésors, je m'en suis rendu compte, se trouvaient de l'autre côté, dans la chambre de conservation.
La chambre de conservation est une pièce à température contrôlée où tout est conservé dans des boîtes sans acide. "Nous possédons cinq catégories principales pour les documents manuscrits, explique Judy Antle. Registres gouvernementaux; registres scolaires; registres religieux; registres d'entreprises, de professionnels et d''agriculture; enfin, les documents reliés aux individuels privés ou associations. Nous possédons également diverses autres catégories." On y trouve des recensements qui datent des années 1790, des cartes (en tout 231), des registres sur 137 cimetières de la région de Missisquoi et 22 du Vermont, des registres des paroisses et civils du Québec de 1621 à 1993, des registres des naissances, décès et mariages, des journaux, photographies, cartes postales, albums divers, Bibles familiales, livres de comptabilité et beaucoup, beaucoup d'autres. Généalogiste à mes heures et féru d'histoire des Cantons-de-l'Est, j'étais impressionné!
Tout en me faisant faire le tour des archives, madame Antle me montre quelques-uns des objets les plus intéressants dans la collection. "Les anciens journaux suscitent toujours beaucoup d'intérêt, avoue-t-elle, parce qu'ils contiennent tellement d'informations locales!" On trouve 164 titres différents dans la collection! La collection de photographies est également très étendue de même que celle des livres de comptabilité. Un document m'a particulièrement impressionné : un ancien livre de comptabilité ayant appartenu au Colonel Philip Luke, Loyaliste, et l'un des tout premiers pionniers du Missisquoi (ci-dessous). Homme d'affaires, officier de milice et juge de paix, il possédait également des esclaves. La tradition orale des environs de Saint-Armand raconte que, sur la propriété de Luke, il existe un grand affleurement rocheux longtemps appelé Nigger Rock et qui serait un ancien lieu de sépulture d'esclaves. On croit que Luke aurait enterré ses esclaves à cet endroit. Depuis quelques années, des regroupements exercent des pressions pour que ce site, qui pourrait être unique au Canada, soit reconnu officiellement.
À peu près 75 % des visiteurs aux archives viennent pour des recherches sur leur généalogie. L'autre 25 %, selon Judy Antle, sont intéressés par l'histoire locale. La plupart des clients des archives proviennent de l'état de New York. Le comté de Missisquoi se trouve à proximité géographique de cet état et entretient avec lui des liens historiques et familiaux étroits avec. Madame Antle déclare qu'à l'occasion, des visiteurs viennent pour deux jours, une sorte de mini-vacance / recherches. Ils séjournent dans les gîtes du passant locaux et parfois combinent leur voyage avec des excursions vers d'autres sites dans la région. Cependant, la plupart viennent pour une journée à la fois. Aussitôt arrivés, ils déversent frénétiquement sur les tables des documents qui, dans certains cas, sont vieux de deux siècles et très difficiles à lire. Chercher des indices parmi de vieux papiers peut s'avérer quelque peu frustrant et nécessiter une recherche plus approfondie et des visites additionnelles. Le chercheur peut cependant y trouver une grande satisfaction, par exemple lorsqu'il découvre la photo ou le certificat de naissance d'un ancêtre disparu depuis longtemps ou qu'il déniche quelque fragment d'une tradition locale oubliée.
La haute saison des archives de la Société d'histoire de Missisquoi se situe entre les mois de juillet et de septembre. Le reste de l'année, c'est plus tranquille mais on y rencontre toujours un flot régulier de visiteurs. On demande un prix modique pour utiliser les locaux sauf si le chercheur est déjà membre de la Société d'histoire de Missisquoi; dans ce cas, l'accès est gratuit. Un archiviste est également disponible pour entreprendre une recherche pour le compte d'un chercheur. On peut aussi demander une recherche par courriel, poste ou téléphone. Pour ceux qui désirent consulter les archives par eux-mêmes, il n'y a aucun frais si ce n'est le prix d'entrée de base.
Info : Judy Antle -- (450) 248-3153, ou [email protected].