Histoire de Chertsey: fondation

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Guillaume Petit / Chroniques de Chertsey
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Ancienne image de Chertsey. Photo - courtoisie de l'auteur

larger_cropped-chute-a-michel.jpgLa région de Chertsey située dans les premières montagnes des Laurentides a été colonisée au début du XIXème siècle au fur et à mesure que les basses terres de la plaine du Saint-Laurent devenaient trop peuplées. Terrain de chasse et pêche pour les autochtones, le paysage s’est modifié quand les premiers arrivants ont coupé les forêts de pin blanc et rouge caractéristiques de la région puis que les colons l’ont transformé en pays de cultures et de prairies.

Le Québec en 1850
Autour des années 1840 une crise agricole frappe le Bas-Canada. Dans la plaine du Saint-Laurent toutes les terres des seigneuries ont été concédées et redivisées pendant plusieurs générations et toutes les terres sont occupées. En plus il semble que de nombreuses terres à blé, culture traditionnelle, s’épuisent, particulièrement au nord de Montréal autour de Terrebonne et Joliette. Les jeunes doivent trouver de nouvelles terres.

Les premiers squatters
Depuis le début du siècle l’industrie du bois s’est organisée et profite du commerce mondialisé qui se met en place, le pin équarri et le bois de charpente sont les produits exportables. Le gouvernement tente donc de contrôler ce commerce pour en tirer sa part de profit en établissant un système de concession mais la situation est anarchique, quelques squatters se sont déjà installés dans la région et ont commencé à exploiter le bois le plus facilement accessible.

Le canton de Rawdon au sud a été colonisé à partir de 1820 et s’est peuplé assez rapidement, au recensement de 1844 il compte déjà plus de 2600 habitants. L’histoire de Chertsey a donc du commencer vers 1820 par la coupe intensive des arbres matures qui constituaient la forêt originelle de pins blanc et rouge. On peut imaginer que des squatters ont d’abord survécu en exploitant les plus beaux arbres au bord des rivières. Des familles se sont établies dans les clairières leur fournissant des chevaux et du foin. En été ils faisaient un peu d’agriculture. Puis les compagnies sont arrivées et les ont embauchés comme travailleurs saisonniers pour vider le reste de la forêt. Comme c’est une industrie qui demande une grosse main d’œuvre et beaucoup de chevaux, le nombre de squatters a du augmenter rapidement. C’étaient des canadiens et des irlandais, beaucoup de jeunes célibataires très mobiles cherchant à s’établir sans avoir le capital nécessaire.

La colonisation
Cole Harris dans « Le pays revêche » raconte la vie de ces premiers colons. Après le passage des spéculateurs la forêt a été bûchée et est jonchée des rebuts de bois de l’exploitation du pin. Ils vivent très pauvrement sur des terres à dessoucher qui ne produisent presque rien et doivent multiplier les métiers pour survivre.

La forêt est la principale ressource pour les familles qui s’installent. Travail aux chantiers l’hiver, exploitation du bois sur la ferme à temps perdu, fabrication de potasse à partir des cendres, écorce de pruche pour le tanin, sucre d’érable au printemps, tout est bon et on en retire ce qu’on peut. Toute la famille participe au travail et on vit presque en autarcie avec les maigres produits de la ferme.

L’exploitation du bois se fait par les rivières. Elles doivent être aménagées pour la drave, les arbres sur les rives sont coupés, des rochers déplacés. La forêt se modifie, le peuplier, le tremble, le bouleau blanc remplacent le pin, l’épinette se raréfie remplacée par le sapin. Quand les premiers chemins sont créés par le gouvernement on n’est donc plus en territoire vierge ou inconnu, on y circule par des chemins forestiers.

Organisation du territoire
Le canton (township) de Chertsey a été délimité en 1792 par le gouvernement mais l’arpentage et la vente des lots ne commencent qu’en 1847 même si de nombreux squatters sont déjà présents. Comme tous les cantons du nord il fait 10 miles par 10 miles et est divisé en 11 rangs de 28 lots. L’habitat est très dispersé. Chaque famille s’installe sur son lot et il n’y a pas de centre. Des chemins forestiers suivent les rangs pour desservir les lots au fur et à mesure des défrichements.

Un lot de 100 acres situé dans les cantons peut être acheté à la couronne au coût de 20 $ dont 1/5 est payable à l’achat. Le propriétaire doit y construire une maison dans les 6 mois suivants et en défricher 10 acres dans les 4 années à venir, conditions qui sont rarement respectées.

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