1849…La grogne se fait sentir dans le canton de Stanstead. Les citoyens sont mécontents d’une économie stagnante et de l’apparente réticence du gouvernement de la Colonie du Canada d’apporter les changements requis pour permettre la croissance. Au sud de la frontière, la vie semble bien plus prospère, tant et si bien que l’annexion aux États-Unis est envisagée par plusieurs résidents. L’idée est débattue férocement dans les journaux. Le Stanstead Journal publie dans son édition du 27 décembre une pétition adressée au député du comté énonçant que « (…) la séparation pacifique de la Colonie d’avec la Grande-Bretagne et son union avec les États-Unis, constituent les seuls moyens de sortir le Canada de la dépression qui l’accable (…)» !!!
Le nom de Daniel Way n’est pas au nombre des 1413 signataires de la pétition, énumérés dans trois éditions séparées du Stanstead Journal. Cela surprend car bien des amis et voisins de Daniel ont signé : Joseph, Jacob et Francis Clifford ; Simeon Clark, Elias Bellows, William Dresser, George Truell, Squire Howe, Ira King, Josiah Kilburn, Asaph Converse, Robert Standish, les garçons Buckland et Bachelder, etc. Il apparaît invraisemblable que Daniel, américain de naissance, ait refusé de signer la pétition. Alors pourquoi n’est-il pas sur les listes du Journal?
Une réponse possible est que la fièvre d’annexion s’est apaisée avant que toutes les signatures ne soient connues. La liste additionnelle de signataires promise dans l’édition du 24 janvier 1850 du Journal n’a en effet jamais été publiée. Qui sait, le nom de Daniel est peut-être sur cette liste…
L’autre possibilité est que Daniel est trop occupé pour se soucier de politique et de pétitions ! Il travaille d’arrache-pied à développer sa manufacture de drap et de cardage sur le terrain qu’il vient d’acheter en octobre le long de la rivière Niger, adjacent aux 50 acres qu’il a acquis en 1845. Le 20 octobre 1849, Ebenezer Sage Southmayd vend en effet à Daniel Way une partie du coin sud-est du Lot 4 dans le Rang 4, contenant un acre et demie de terrain situé de chaque côté du chemin et au sud du pont (à l’entrée du village actuel). Il y a là déjà une habitation, une grange et des bâtiments. Mais ce qui compte surtout, c’est le privilège conféré à Daniel d’ériger au sud du pont un barrage rejoignant la berge ouest de la rivière; et le privilège d’inonder partie du lot qui se trouve au sud-ouest du barrage, en autant que celui-ci soit érigé de façon à ne pas causer de dommages à la terre située sur son côté nord. Mr Southmayd se réserve le droit de faire usage de l’eau du barrage ou de l’étang lorsqu’elle ne sera pas utilisée par Daniel Way pour la manufacture de drap et de cardage. C’est ici que les moulins à laine Way vont bientôt prospérer.
Daniel paie 500 livres pour un acre et demie, une somme colossale en comparaison avec les 15 livres qu’il a payé en 1845 pour les 50 acres voisins, avec les 12 livres payées en 1843 pour la parcelle avoisinant Harry Hollister, et avec les 90 livres payées par son fils Asa en mai 1849 pour cent acres du Lot 3, Rang 4. Les privilèges d’utilisation de l’eau valent bien cher…
Les investissements fonciers de Daniel le long de la Niger s’accroissent donc. Sa famille aussi. Son fils Wells et sa fille Hannah sont encore célibataires mais sa plus jeune, Delia, a épousé Francis Clifford le 12 décembre 1848. L’aîné Lorenzo et sa femme Julia Ann ont deux filles, Amy Adelia (n. 1840), et Alice (n. 1846). Le cadet Asa et sa femme Melissa Clement ont perdu leur première fille, Amelia, âgée de quelques mois, en février 1845. Mais ils ont deux autres enfants : Laura (n. 1845) et Daniel (n. 1848). Et d’autres petits Ways sont à venir.
À suivre…