Le pont couvert Marchand : un géant du Pontiac

Author:
Matthew Farfan

larger_img_7007.jpgPour notre époque de ciment et d’acier, le massif pont couvert Marchand de Fort-Coulonge semble comme un retour dans le passé, au temps où construire un pont couvert, même d’une telle ampleur, était monnaie courante.

Construit par Augustus Brown en 1898, pour le compte du Département de la colonisation et des mines du Québec, enjambant la rivière Coulonge, le pont coûtera environ 6 000 $ (sans compter la peinture). Ses six travées mesurent 499 stupéfiants pieds (152 mètres). La technique adoptée pour la structure, rare, combine un treillis de type Town doublé d'un double poinçon, assurant une grande robustesse au pont. Il était là pour rester!

UN DES PLUS ANCIENS PONTS COUVERTS DU QUÉBEC
Vénérable âgé de 112 ans, le pont Marchand est l’un des plus anciens ponts couverts du Québec. En effet, seuls quelques ponts dans les Cantons de l’Est et à Chateauguay sont plus anciens.

larger_img_7088.jpgPONT LE PLUS LONG DU QUÉBEC?
Fort de ses 499 pieds (152 mètres) le pont Marchand se targue d’être (sans doute) le plus long pont couvert québécois. En réalité, seul un autre pont couvert de la province semble rivaliser avec lui; il s’agit du pont Perreault, à Notre-Dame-des-Pins, dans la Beauce. À l’instar du pont Marchand, le pont Perreault revendique le titre du plus grand pont du Québec. Avec ses 495 pieds (151) mètres, le Beauceron devrait s’incliner devant le Coulongien.

Le différend porte sur la longueur totale du pont Marchand qui inclut les jets d’eau distinctifs placés à chaque extrémité de la structure et qui la protège des pluies et de la neige. Or, selon le ministère des Transports, les mesures déterminant la portée totale ne devraient tenir compte que la corde inférieure!

Une chose demeure certaine, ainsi que Gérald Arbout et al. l’affirment dans leur magnifique livre consacré aux ponts couverts québécois, Les ponts couverts au Québec : le pont Marchand peut au moins prétendre être le plus long pont en usage dans la province, alors que le pont Perreault est le plus long qui n’est plus utilisé.

Image retirée.INONDATIONS, TRONCS COINCÉS ET AUTRES MENACES
Le pont Marchand a parfois connu des périodes de précarité. Durant le siècle dernier, il fut périodiquement la victime d’inondations printanières, de troncs coincés et autres dangers. Plusieurs fois, les piliers et culées furent sérieusement endommagés; à maintes reprises, la structure fut menacée de destruction.

Dans les années 1950, l’augmentation du trafic routier à Fort-Coulonge nécessitera la construction d’un pont moderne en ciment, en aval de la rivière. Une dizaine d’années plus tard, la municipalité décida de démolir le pont ouvert, celui n’étant plus nécessaire et coûtant des frais d’entretien élevés.

Image retirée.Selon Arbour et al., un tollé général s’ensuivit. C’était l’une des premières fois dans les annales que l’opinion publique réussissait à convaincre les politiciens locaux de revoir leur décision et de réparer le pont au lieu de le détruire. Ainsi, l’ancien pont recevra les réparations nécessaires et tout continua comme avant.

En 1979, une accumulation de glaces désastreuse sur la rivière Coulonge détruira quasiment le pont à tout jamais. La pression exercée par les gros blocs glacés endommagea la structure qui se tordit et menacera de tomber de ses piliers. Tout semblait perdu. Heureusement, des équipes se formèrent pour réparer et stabiliser le pont en toute urgence et les travées furent fermées à la circulation durant un an.

MONUMENT HISTORIQUElarger_img_7009_0.jpg
Réparer, remis sur pied durant l’hiver, le pont reprend du service en 1980. En 1988 il est classé monument historique par la province du Québec. Aujourd’hui, il s’affiche comme l’un des monuments historiques les plus renommés du Pontiac et un joyau du patrimoine bâti québécois. Les visiteurs ne peuvent qu’admirer le spectacle splendide offert par ces énormes travées peintes en rouge vif. Parfois, le désir de découvrir son intérieur se fait sentir. À pied ou en voiture, le traverser constitue une expérience impressionnante car rarement (voire jamais) on a l’occasion de passer dans un pont aussi long!

Références :
Gérald Arbour et al., Les ponts couverts au Québec, 2005.
Gérald Arbour, Les ponts rouges du Québec, 1999.