À ce jour, Louis S. St-Laurent est le seul Premier ministre canadien né dans les Cantons-de-l'Est. Il vit le jour à Compton en 1882. Ses parents, père canadien-français et mère irlandaise, exploitaient un magasin général et possédaient des moyens modestes. Louis St-Laurent grandit dans une famille parfaitement bilingue, étudia au Séminaire Saint-Charles à Sherbrooke et à l'Université Laval à Québec. Il obtint son diplôme en droit en 1905, puis débuta une carrière brillante.
En 1914, il devint professeur de droit à l'Université Laval. Compétent en droit corporatif et en droit constitutionnel, il fut président de l'Association du barreau canadien dans les années 1930. De 1937 à 1940, il fut conseiller à la Commission sur les relations entre le Dominion et les provinces.
La famille St-Laurent était impliquée avec le parti Libéral depuis plusieurs années. Son père s'était même présenté aux élections provinciales en tant que candidat Libéral; grâce à lui, son fils Louis rencontra Sir Wilfrid Laurier pendant la campagne électorale de 1896. Même si sa famille était résolument Libérale, Louis St-Laurent ne manifestait aucun désir d'entrer en politique. En effet, il n'y est entré qu'avec réticence et tard dans sa vie. Lorsque le Premier ministre Mackenzie King lui demanda, en 1941, d'accepter un poste au Cabinet -- ministre de la Justice et Procureur général -- il ne possédait aucune expérience. Malgré tout, il accepta l'offre et l'année suivante, il fut élu député fédéral de Québec-Est.
Durant la crise de la conscription en 1944, Louis St-Laurent supporta le Premier ministre avec dévouement. Après la guerre, Mackenzie King le récompensa en le nommant Secrétaire d'État aux Affaires étrangères. En fonction dans son nouveau poste, M. St-Laurent représenta le Canada avec énergie et fit la promotion de la participation du pays à l'OTAN. En 1948, à l'âge de 66 ans, il fut choisi comme Premier ministre pour succéder à Mackenzie King qui se faisait vieux. Il s'acquitta de ces tâches jusqu'en 1957. Après un bref moment comme Chef de l'Opposition, il retourna à la pratique du droit à Québec. Il décéda en 1973.
En tant que Premier ministre, on se rappelle de Louis St-Laurent comme un homme patriotique à l'esprit éclairé et vif. Tout comme son prédécesseur, Sir Wilfrid Laurier, il était grandement préoccupé par l'unité canadienne. Il voyait le pays comme un "partenariat entre deux grands peuples… conçu par des hommes visionnaires et tolérants". Son air bienveillant lui a valu le surnom de "Oncle Louis". Il réussit de grands accomplissements : le règlement des dettes de guerre du pays, la péréquation des paiements aux provinces, la réforme du filet des sécurités sociales, le démarrage de la Voie maritime du Saint-Laurent, la création du Conseil canadien, l'adhésion à l'OTAN, la participation à la guerre de Corée, l'adoption de la Loi sur la route transcanadienne, l'accueil de Terre-Neuve dans la Confédération. Il a présidé aux destinées du pays dans l'ensemble pendant une époque de prospérité économique.