Ponts couverts

Author:
Matthew Farfan

adamsville.jpgVingt-et-un ponts couverts authentiques existent encore dans les Cantons-de-l'Est. À ceux-ci, on peut ajouter deux répliques semi-authentiques d'un cru plus récent. Il y a un siècle, des centaines de ponts couverts traversaient les rivières dans la région. La plupart des villages en possédaient au moins un sinon plusieurs. Ils se dispersaient sur les chemins secondaires, enjambant les ruisseaux et les rivières de toutes dimensions.

Cependant, très peu de ces ponts couverts ont survécu aux ravages du temps. Le climat rigoureux, les incendies criminels, les accidents de véhicules, la négligence, les inondations, le vandalisme occasionnel et le remplacement par des structures modernes, ont tous fait de nombreuses victimes. Ne serait-ce que lors de ces quelques dernières années, un nombre alarmant de ces ponts a disparu. Et certains de ceux qui survivent se trouvent dans un piètre état. Leur survie ou leur disparition dépend de notre volonté de les préserver ou non.

sawyerville.jpgLes gens se demandent souvent pourquoi les ponts étaient couverts. Certains croient que les toits étaient conçus pour fournir un abri aux voyageurs et à leurs chevaux lorsqu'il pleuvait ou neigeait. D'autres pensent que les parois et le toit des ponts servaient pour les chevaux afin qu'ils ne voient pas les eaux turbulentes en dessous.

La tradition voulait que les amoureux se donnent rendez-vous sous les ponts couverts, d'où leur appellation fréquente de "pont des amoureux". Mais, la vraie raison de couvrir un pont avec un toit et des murs était beaucoup moins romantique. Il s'agissait de protéger la structure du pont contre les intempéries.

medium_town.gifUn simple pont ouvert construit avec des poutres et un tablier possédaient une espérance de vie assez limitée -dix ou vingt ans. Après, il commençait à pourrir et à s'affaisser. Un pont comportant une entretoise (une superstructure de poutres emboîtées destinées à supporter tout genre de poids sur son tablier) serait non seulement plus solide mais durerait également plus longtemps.

Cependant, même si l'affaissement en était retardé, les intempéries graduellement feraient pourrir le pont. Or, si le pont était protégé par un toit et des parois, sa longévité serait prolongée jusqu'à dix fois plus comparativement à un pont à charpente ouverte dont les poutres en bois, plancher et entretoise seraient constamment exposés aux intempéries.

medium_howe.gifLes ponts couverts existent depuis des siècles. Les plus anciens survivants se trouvent en Europe et datent du Moyen Âge. On dit que les colonisateurs qui vinrent dans le Nouveau-Monde aux 17e et 18e siècles apportèrent cette technologie avec eux. Ainsi, on construisit des ponts couverts pratiquement dans toutes les régions des États-Unis, ainsi qu'au Québec, en Ontario et dans les Maritimes. On doit aux Américains du 19e siècle d'avoir vraiment perfectionné la science des ponts couverts. Tout au long des années 1800, une foule d'inventeurs et d'ingénieurs ont créé un impressionnant inventaire de modèles de fermes. Ils réalisèrent que les fermes représentaient la partie la plus importante du pont.

Plus les fermes étaient solides, plus le pont couvert durait longtemps. Plusieurs de ces hommes donnèrent leur nom à leur invention tels que Moses Long, Herman Haupt, Theodore Burr, Peter Paddleford, William Howe, Willis Pratt et Ithiel Town, pour ne nommer que les concepteurs les plus connus. Aujourd'hui, dans les Cantons-de-l'Est, il existe surtout trois types de ponts couverts qui ont survécu (se référer aux illustrations). Le plus commun, à "Ferme Town", a été breveté par Ithiel Town en 1820.

medium_kingpost.gifDeux autres types non brevetés, disparus ailleurs au Québec, sont celui du type "Ferme à poinçons multiples" et celui dit "Ferme Howe", d'après le nom de son inventeur, William Howe.

La région compte deux ponts à ferme Howe et deux à ferme à poinçons multiples. Tous les autres sont construits suivant des variantes de la ferme Town.

Au Québec, on ne trouve plus qu'à peine quatre-vingt-dix ponts couverts, certains construits aussi récemment qu'en 1950. Les Cantons-de-l'Est recèlent certains des plus anciens et des plus pittoresques ponts couverts de la province.

Voici une liste des ponts couverts authentiques dans les Cantons-de-l'Est :

1) Warwick. (Pont privé). Rivière des Pins. Ferme Town. 1908
2) Saint-Rémi-de-Tingwick. (Pont privé). Ruisseau Laflamme. 1904
3) Saint-Éphrem. (Pont privé; déménagé de son site original après un incendie). Ferme Town. 1933
4) Sainte-Clothilde. Rivière Dupuis-Fortin. Ferme Town. 1937
5) Adamsville. Rivière Yamaska. Ferme Town. 1932
6) Adamsville. Rivière Yamaska. Ferme Town. 1938
7) Mansonville (Potton). Crique Mud. Ferme Town. 1896
8) Compton. Rivière Massawippi. Ferme à poinçons multiples
9) Eustis (Compton Station). Rivière Massawippi. Ferme à poinçons multiples. 1908
10) Cookshire. Rivière Eaton. Ferme Town. 1868
11) Canton Eaton. Rivière Eaton Nord. Ferme à poinçons multiples. 1886
12) Gould. Rivière au Saumon. Ferme Town. 1893
13) Drummondville. Village québécois d'antan. Ferme Howe. 1878. (Déménagé de Stanbridge-Est en 1983 à son endroit actuel)
14) Sainte-Agathe-de-Lotbinière. Rivière Palmer. Ferme Town. 1928
15) Sainte-Sophie. Rivière Bulstrode. Ferme Town. 1948
16) Saint-Armand. Crique Groat. Fermes Town. 1845
17) Cowansville. Rivière Yamaska. Ferme Town. v.1870
18) Notre-Dame-de-Stanbridge. Rivière aux Brochets. Ferme Howe. 1884
19) Valcourt. (Pont privé). Rivière Brady. Ferme Town. 1888
20) Milby. Rivière Moe. Ferme Town. 1873
21) Fitch-Bay. Étranglement du lac Memphrémagog. Ferme Town. 1881

Ponts couverts semi-authentiques construits aux endroits suivants :

22) Ulverton. Adjacent au Moulin à laine d'Ulverton. Rivière Ulverton. Ferme Town à poutres d'acier en I. 1994
23) Coaticook. Situé dans le parc de la Gorge de Coaticook. Rivière Coaticook. Ferme Town à poutres d'acier en I. 1998