En raison de la rigueur du climat que les colons subissaient dans leur nouveau pays, l'emplacement du premier abri était primordial. Il n'était pas difficile de trouver des matériaux de construction dans la forêt dense. Le premier abri n'était qu'une cabane exigüe en bois rond construite avec des arbres récemment abattus, encore recouverts d'écorce. On se servait des bœufs pour tirer les lourds billots jusqu'au site de construction.
La mise en place des rondins demandait beaucoup d'efforts. Une fois les murs terminés, il restait à installer le toit. Des rondins de tilleul, fendus au milieu et facilement évidés, fournissaient le meilleur moyen de protection contre les éléments. Ils étaient placés en chevauchement de façon à ce que chaque pièce recourbée vers le haut soit ajustée sur une pièce recourbée vers le bas et qu'elles s'emboîtent comme des tuiles. Les espaces étaient remplis de mousse et emplâtrés de boue ou d'argile. Ce type de toit était parfaitement étanche. On utilisait également la mousse et l'argile pour remplir les espaces entre les rondins qui formaient les murs.
À l'intérieur de la cabane, le plancher était en terre battue. À l'extrémité nord de la cabane, on construisait une cheminée de pierres des champs colmatée avec de l'argile. Un grand foyer ouvert offrait un endroit pour faire la cuisine. Le même feu permettait de garder la famille au chaud durant les froids d'hiver. On plaçait toujours une fenêtre au sud pour laisser entrer la chaleur et la lumière du soleil. Des volets grossiers fermaient l'ouverture. Si on avait apporté des carreaux de verre, on les installait sur une ou deux fenêtres.
Meubles rustiques :
Chaque morceau de bois emporté par les colons lors de leur voyage vers leur nouveau pays servait à fabriquer des meubles. Ces derniers étaient sommairement construits, souvent par des mains inexpérimentées. Une table rudimentaire en planches, soutenue par des béquilles enfoncées dans le sol, constituait le premier élément du mobilier.
L'abri s'améliore : deuxième ou troisième année
La première amélioration importante à la cabane était apportée par le creusage d'une cave et la construction d'un plancher de bois. Il fallait le faire à la main s'il n'y avait pas encore de scierie dans les environs. Les rondins gelés étaient coupés dans le sens de la longueur et posés sur les poutres du plancher. Lorsque les planches dégelaient, l'expansion du bois les rendait très serrées. Les portes et les divisions étaient construites en planches taillées à la main et attachées ensemble à l'aide de tenons ou de chevilles de bois; on se servait de cuir pour fabriquer les charnières. S'il existait un forgeron, on pouvait lui acheter des clous, des charnières, des loquets et d'autres articles essentiels en fer. Après l'installation des planchers de bois, on pouvait alors améliorer le mobilier.
Enclos à bestiaux :
On coupait, écorçait et fendait des cèdres et l'on s'en servait aussi rapidement que possible pour clôturer l'espace des bestiaux. On construisait également des abris pour protéger les animaux. Des rondins évidés servaient de mangeoires et d'abreuvoirs.
Défrichement de la terre :
Venait ensuite le défrichement de la terre autour de la cabane et des abris à animaux. Progressivement, à mesure que la forêt était repoussée, la lumière du soleil pouvait pénétrer et contribuait à réchauffer la cabane et à la rendre moins humide. Des arbres étaient abattus, les souches étaient arrachées et les énormes pierres toujours présentes étaient retirées. Le défrichement de la terre était un travail long et pénible.
Potasse :
Tout en défrichant leur terre pour la cultiver, les colons pouvaient obtenir de l'argent en vendant de la potasse obtenue en brûlant les souches et les racines. La potasse constituait le premier revenu récolté en argent depuis qu'ils s'étaient établis sur la nouvelle terre. La potasse était soigneusement ramassée et entreposée dans des barils qu'on apportait ensuite au marché.
Premières semences :
La survie dépendait en grande partie des graines semées. Les Amérindiens connaissaient les cultures qui poussaient bien dans le climat nord-américain. La plupart des premières cultures furent fournies aux premiers colons européens par les Indiens. Cependant, il arrivait fréquemment que la première récolte soit un échec à cause des ravages des ours ou de la destruction par le gel.
Au cours de la première année, pendant que l'on continuait à brûler les souches et à arracher les racines, les pommes de terre, les citrouilles, les fèves, le maïs et quelques autres légumes étaient cultivés autour des souches d'arbres. Les attelages de bœufs de trait s'avéraient plus indispensables que jamais. Il fallait attendre la deuxième ou la troisième année avant que les récoltes de céréales ne deviennent suffisantes pour subvenir aux besoins de la famille.
Nourriture : chasse, pêche, cueillette :
Les premiers colons savaient chasser et trapper. Les canards sauvages, les oies, les perdrix, les lièvres et les cerfs pullulaient. Le chevreuil était à l'honneur de copieux repas. La majeure partie de la viande était séchée et mise de côté pour l'hiver. Utilisant des raquettes pour parcourir leur territoire de piégeage durant l'hiver, les colons trouvaient facilement de la nourriture. De disposition amicale, les Indiens ne posaient aucune menace à la sécurité des colons. Les peaux d'animaux étaient tannées de façon primitive et servaient à la confection de vêtements et de mocassins et à rapiécer les vêtements.
Les pionniers ramassaient l'eau d'érable pour la transformer en sirop et en sucre d'érable. Les noisettes et les noix abondaient. Les enfants cueillaient les framboises, les fraises et les mûres sauvages que l'on faisait ensuite sécher sur des clayettes suspendues au plafond près du foyer. On entreposait ensuite ces fruits séchés en prévision de l'hiver.