Circuit patrimonial : Côte-Nord

Author:
Dwane Wilkin

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En 1534, Jacques Cartier l’appela la Terre de Caïn. L’explorateur français n’aurait jamais songé qu’une série de villes s’échelonneraient un jour le long de la Côte-Nord du Québec.

Durant l’été, le golfe Saint-Laurent était un poste de traite pour les tribus autochtones avant que les navires européens ne naviguent entre ses rives. Lorsque les flottes de morutiers et les chasseurs de baleines et de morses se sont aventurés ici au début des années 1500, les équipages ont découvert que leurs flèches de métal valaient une fortune en échange de fourrures indiennes. Le commerce était si profitable qu’il est rapidement passé d’occupation secondaire à industrie prospère.

Cependant, le manque de terres cultivables en fit un endroit inhospitalier pour une colonisation à longueur d’année. Terre traditionnelle des Innus-Montagnais, la Côte-Nord située à l’est de la rivière Saguenay est pratiquement demeurée inconnue des colonisateurs. Les seuls peuplements de la région se composaient de missions indiennes, de campements de pêche, de postes de traite dispersés et de moulins à scie, jusqu’à ce que la croissance de l’industrie des pâtes et papiers mette fin à l’isolement de la Côte-Nord au début des années 1900.

Les Québécois anglophones partagent une partie de cette histoire. Depuis le début des années 1800, leur présence a influencé le développement de communautés côtières situées entre l’ancien village de Tadoussac et la ville de Port-Cartier. Ce guide est une introduction à ce patrimoine.

COMMENT S’Y RENDRE

MapÀ partir de la ville de Québec, empruntez la route panoramique 138 Est et commencez votre circuit à l’embouchure du fjord du Saguenay. Ou encore, à partir de la rive sud, rejoignez la Côte-Nord en prenant le traversier de Trois-Pistoles jusqu’à Rimouski ou Matane et explorez la côte dans l’une ou l’autre direction.

TADOUSSAC
(Population : 850 habitants)

Vers le milieu des années 1800, Tadoussac a acquis une double vocation en tant que village forestier et lieu de villégiature. Aujourd’hui, le village est un centre touristique animé mettant en valeur des points d’intérêt historiques, l’observation des baleines, un centre d’interprétation des mammifères marins et un musée maritime.

En 1600, Pierre Chauvin, commerçant de fourrures, tenta en vain d’y établir une colonie, lieu d’échange traditionnel pour les Iroquois et les Algonquins. En 1603, Samuel De Champlain signa un pacte avec les Algonquins contre les Iroquois de la ville avoisinante de Pointedes-Alouettes (premier traité signé entre les Européens et les Autochtones).

Le succès des Français dans le Saint-Laurent suscita l’envie des commerçants londoniens. En 1627, les frères Kirke, célèbres marins anglais, s’emparèrent de Tadoussac. À partir de son port en amont de Québec, ils bloquèrent le passage des navires français chargés d’aller secourir Champlain, attaqué par les Anglais en 1629.

Restituée à la France par un traité signé en 1633, Tadoussac devint la cible des attaques iroquoises dont la plus grave eut lieu en 1661 lorsque l’avant-poste fut détruit.

Après que la France eut cédé le Canada à l’Angleterre en 1763, les commerçants anglais dirigèrent le commerce de la fourrure au Saguenay. Tout d’abord, la compagnie North West et ensuite, la compagnie de la Baie d’Hudson, dirigèrent des postes de traite à Tadoussac et ce, de 1802 à 1860.

Aux alentours de 1840, William Price, marchand de bois de la ville de Québec, commença l’exploitation forestière dans les alentours. Quelques-uns de ses descendants ont continué d’habiter la région pendant des générations. La sobre chapelle protestante de Tadoussac (1868), avec ses côtés en planches de bois et ses fauteuils en bois franc, est un important point d’attrait situé sur la rue des Pionniers.

Le magnifique hôtel Tadoussac date des années 1930. Il représentait le rêve de W. H. Coverdale, chef de la Canada Steamship Lines de 1922 à 1949.

Il existe d’autres points d’attrait dont la chapelle Sainte-Anne (1747) construite sur le site d’une chapelle catholique plus ancienne datant de 1647 ainsi que la réplique du premier établissement de Chauvin (1600).

Bureau touristique de la Côte-Nord
197, rue des Pionniers (418) 235-4744
Centre d'interprétation des mammifères marins
108, rue de la Cale Sèche (418) 235-4701

La flume en hiver, Forestville. (Photo - Dwane Wilkin)

FORESTVILLE
(Population : 3 900 habitants)

L’histoire rapporte qu’un dénommé Jean Raymond fut le premier à défricher la terre située près de l’embouchure de la rivière Sault-au-Cochon en 1844. Mais ce village fut nommé en la mémoire d’un Irlandais du nom de William Grant Forrest. Forrest fut longtemps directeur des opérations du moulin à scie local pour la compagnie Price Bros. qui y débuta ses opérations en 1848.

À Forestville, la majeure partie du bois d’oeuvre coupé au cours des premières années était destinée aux chantiers de construction maritime de l’Angleterre. Sous la gouverne de la compagnie Price Bros., le village devint un centre d’approvisionnement pour les camps de bûcherons jusqu’à ce qu’un feu détruise le moulin en 1895.

La ville fut reconstruite vers les années 1930 par la compagnie Anglo-Canadian Pulp and Paper, dans le but d’approvisionner son usine de papier journal située dans la ville de Québec. À cette époque, une longue glissoire de bois fut construite afin de faire glisser le bois de pâte sur un cours d’eau et ce, de l’usine de déchiquetage jusqu’au quai. La glissoire se trouve toujours près du rivage. Avant l’ouverture de l’autoroute, ces glissoires constituaient des particularités spécifiques aux villages forestiers situés sur la Côte-Nord.

Pendant l’été, la Société d’histoire de Forestville exploite un musée dans l’église Trinity (1948), vieille église anglicane, située sur la 2e Rue.

Musée La Petite Anglicane (418) 587-6148

La Côte-Nord en janvier. (Photo - Dwane Wilkin)

BETSIAMITES
(Population : 2 500 habitants)

Cette communauté, que les explorateurs français appelaient Montagnais et qui est située à l’embouchure de la rivière Bersimis, appartient aux Innus.

Betsiamites était un lieu de rassemblement traditionnel pour les Innus-Montagnais. Ils passaient les hivers à chasser et à trapper loin à l’intérieur des terres. Chaque été, ils revenaient à la rivière pour lancer le saumon et les anguilles et harponner les phoques dans le Saint-Laurent.

Un poste de traite de la compagnie de la Baie d’Hudson fut établi juste à l’est d’ici à Îlets-Jerémie, près du village actuel de Colombier. Les trappeurs autochtones échangeaient des fourrures contre du saindoux, du thé, du beurre, des vêtements et des armes.

Officiellement reconnue comme réserve en 1861, Betsiamites était aussi une base pour l’ordre des Oblats catholiques. Les missionnaires ont supervisé la construction de la première chapelle en 1854. Le plus ancien bâtiment demeuré intact dans le village est le presbytère qui date des années 1880.

Le Centre de villégiature de Papinachois est une attraction touristique d’été mettant en valeur des objets représentant la culture traditionnelle des autochtones.

Centre de villégiature de Papinachois (418) 567-8350

Monument à Baie-Comeau. (Photo - Dwane Wilkin)

BAIE-COMEAU
(Population : 23 000 habitants)

Cette ville industrielle et manufacturière a pris racine durant la Dépression suite à une entente conclue entre le gouvernement du premier ministre Louis Taschereau et le colonel Robert McCormick, magnat américain du papier journal. Le gigantesque moulin à papier qu’il a construit ici au cours des années 1930 joue toujours un rôle primordial dans l’économie de la Côte-Nord.

Dans le but de fournir du papier journal aux journaux New York Daily News et Chicago Tribune, McCormick autorisa des droits de coupe de milliers d’acres d’épinettes dans le bassin de la rivière Manicouagan.

La petite colonie anglaise de la ville était à l’origine composée de gérants de moulins en provenance d’autres usines appartenant à McCormick et situées à Thorold, Ontario. Les maisons qu’ils occupaient dans les alentours de l’hôtel Manoir constituent aujourd’hui l’arrondissement historique de Baie-Comeau, délimité par les rues Cartier, Champlain et Marquette.

Une murale de Robert McCormick, Baie-Comeau.  (Photo - Dwane Wilkin)La plupart des premiers résidents de la ville étaient des manoeuvres et des commerçants qui provenaient de communautés francophones situées sur la rive sud du Saint-Laurent. D’autres venaient de villages acadiens situés dans la région de Gaspé et au nord du Nouveau-Brunswick.

Depuis les années 1950, une aluminerie, un port d’expédition de céréales et plusieurs installations hydroélectriques ont élargi l’influence de Baie-Comeau. Brian Mulroney, premier ministre du Canada de 1984 à 1993, est né ici et vivait sur la rue Champlain.

Bien que leur nombre ait brusquement diminué depuis les années 1970, plusieurs Québécois anglophones continuent à faire de Baie-Comeau leur lieu de résidence, incluant de nombreux descendants des travailleurs de la compagnie Quebec North Shore Paper. L’école secondaire de Baie-Comeau, située en face de l’église catholique Sainte-Amélie, constitue le noyau principal de la culture anglophone locale.

Au parc des Pionniers débute un circuit pédestre patrimonial comprenant des panneaux d’interprétation. La Maison du Patrimoine, gérée par la Société historique de la Côte-Nord, comprend un centre d’archives régional où les visiteurs trouveront des renseignements concernant le patrimoine de la Côte-Nord, des registres généalogiques et un guide des sites d’intérêts locaux. L’église anglicane de style Tudor, Church of Saint Andrew and Saint George, située au 34, avenue Carleton et construite en 1937, offre un intérêt architectural particulier.

Société historique de la Côte-Nord
9, rue Marquette (418) 296-8228
Église « Church of Saint Andrew and Saint George »
(418) 296-2833

Un goulet au nord de Franquelin en été. (Photo - Matthew Farfan)

VILLAGE FORESTIER D’ANTAN DE FRANQUELIN

Le pionnier William Eshbaugh de l’Île d’Anticosti fut promoteur d’opérations forestières à l’embouchure de la rivière Franquelin dès le début des années 1918, mais il vendit son entreprise au colonel McCormick en 1920. Un village fut construit afin de fournir du bois au moulin du journal Chicago Tribune situé à Thorold, Ontario.

À seulement 10 minutes de route de Baie-Comeau, le village forestier d’antan, attraction touristique unique, reproduit la vie d’une ancienne communauté forestière de la Côte-Nord.

Village forestier d'antan
27, rue des Érables (418) 296-3203

POINTE-DES-MONTS
Phare et musée historiques

Construite en 1829, cette captivante tour ronde en pierres située à 4 km à l’ouest de Baie-Trinité est un des plus vieux phares en Amérique du Nord et le deuxième plus vieux au Québec.

Classée monument historique, la tour de sept étages abrite aujourd’hui un musée d’été consacré au patrimoine maritime de la Côte-Nord. L’histoire de la navigation du Saint-Laurent ainsi que des informations concernant les naufrages locaux comptent parmi les futures expositions. Dans la maison du gardien de phare située juste à côté, on offre le service « chambre et petit déjeuner ».

Le musée du phare
Chemin du Vieux-Phare, Baie-Trinité (418) 939-2400

POINTE-DES-ANGLAIS
Musée Louis Langlois

En 1711, en route vers Québec, une flotte de 70 navires transportant 5 000 soldats britanniques en provenance de Boston, qui était commandée par l’amiral Hovenden Walker, fonça sur des rochers lors d’une tempête qui eut lieu près de l’Île-aux-Oeufs. Douze navires furent perdus et 1 100 hommes périrent. L’attaque manquée de Walker amena la France à construire sa Forteresse de Louisbourg. Pendant plusieurs années, la côte sablonneuse longeant cette étendue de la Côte-Nord, était le paradis des chasseurs de trésors.

Le musée d’été Louis Langlois offre une exposition de photographies intéressante sur l’infâme naufrage de la flotte de Walker.

Musée Louis Langlois
2088, rue Mgr Labrie (418) 799-2262

La vue sur la Côte-Nord.  (Photo - Matthew Farfan)

PORT-CARTIER
(Population : 6 000 habitants)

Cette communauté panoramique chevauchant une série de petites îles situées à l’embouchure de la rivière des Rochers connut ses débuts en 1918, lors de la première exploitation de bois de pâte du colonel McCormick sur la Côte-Nord. McCormick nomma cette dernière Shelter Bay. La rivière des Rochers est depuis devenue un endroit renommé pour la pêche sportive.

Des vestiges des vieux moulins de coupe et d’écorçage se trouvent sur l’île McCormick. Ils étaient alimentés par un petit barrage hydroélectrique construit en 1922, qui alimentait aussi la ville en électricité. Le site du barrage est aujourd’hui devenu un musée du saumon.

L’exploitation du bois fut l’unique industrie de la ville pendant 40 ans et la compagnie fournissait les services essentiels ainsi que la plupart des emplois, incluant les écoles et le premier hôpital du village (1942).

La croissance se fit sentir dans les années 1960 avec l’arrivée de la Compagnie minière Québec Cartier. Le port en eau profonde de la ville fut construit du côté est de la rivière des Rochers et une voie ferrée de 200 milles de longueur reliait la ville aux mines de minerai de fer situées dans la région de Fermont. Les nouveaux arrivants, incluant le personnel anglophone provenant de l’extérieur du Québec, s’établirent dans les belles maisons situées sur le boulevard Rochelais surplombant le golfe. Quelques familles anglaises y vivent encore.

La série des circuits patrimoniaux est présentée par le Réseau du patrimoine anglophone du Québec et financée conjointement par Patrimoine canadien et Développement économique Canada. L’espace restreint ne permet pas de mentionner tous les sites existants. Nous remercions de leur aide Stephen Kohner, Brian Rock et Danielle Daignard. Pour de plus amples informations, veuillez téléphoner au Réseau du patrimoine anglophone du Québec au (819) 564-9595 ou composer le numéro 1-877-964-0409 (sans frais au Québec).

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