Circuit patrimonial : La Mauricie

Author:
Dwane Wilkin

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La roche-mère du patrimoine industriel du Canada traverse toute la vallée de la rivière Saint-Maurice.

Les marmites de fer et les traces de poêles laissées sur ses berges par les ouvriers métallurgistes français au début du 18e siècle furent les prémices de cet héritage. Les turbines qui, actionnées par l’eau, étaient en rotation dans le courant en ont laissé davantage.

Les forêts et les voies navigables de la vallée furent jadis l’unique terre des Attikamek. Se jetant dans le Saint-Laurent, à mi-chemin entre Québec et Montréal, la rivière Saint-Maurice constitua une route importante pour le commerce de la fourrure en Nouvelle-France. Aujourd’hui, on retrouve un petit nombre de noms géographiques de résonance Attikamek, incluant Yamachiche, le lac Wapizagonke, Mékinak et Shawinigan.

Des scieries et des camps de bûcherons constituaient l’essentiel des établissements permanents au nord de Trois-Rivières. Les marchands de bois anglais et américains qui recherchaient des richesses dans la forêt furent les premiers agents de la croissance industrielle. La coupe et le façonnage du bois procurent encore une ressource économique dans la plupart des villes situées le long de ce circuit.

Le circuit patrimonial de la Mauricie présente un échantillonnage de communautés et d’attractions à l’embouchure de la rivière Saint-Maurice et ce, jusqu’à La Tuque. Quoique peu nombreux aujourd’hui, les Québécois anglophones ont longtemps occupé une place au sein de l’histoire industrielle de la vallée.

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COMMENT S’Y RENDRE

On accède au Vieux-Trois-Rivières à partir de Montréal ou de Québec via l’autoroute 40. Les visiteurs en provenance des États-Unis ou des Cantons-de-l'Est peuvent emprunter l’autoroute 55 nord jusqu’à l’autoroute 20 puis, la route 155 et traverser le pont Laviolette. La sortie 199 mène à la rue Notre-Dame située au coeur du quartier historique de la ville.

VIEUX-TROIS-RIVIÈRES

Porte historique de l’empire du commerce de la fourrure, ce centre de commerce et de production date de 1634 lorsque Samuel De Champlain y construisit un fort afin de protéger les missionnaires jésuites contre l’attaque des Iroquois. Trois-Rivières doit son nom aux trois branches de la rivière Saint-Maurice formant le delta de la rivière. Trois-Rivières fut le point de départ des premiers voyages vers l’Ouest à l’intérieur du Canada, notamment ceux dirigés par Jean Nicolet, Pierre-Esprit Radisson et Médart Chouart-Desgroseilliers. Le Vieux-Trois-Rivières constituait le berceau du premier explorateur des plaines du Canada, Pierre Gaultier de Varennes, Sieur de la Vérendrye.

Après la conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques en 1763, plusieurs familles anglophones vinrent s’installer dans le quartier historique de la ville délimité par les rues Des Forges, Des Ursulines, Hart et St-Francois-Xavier. Une des résidences bien en vue appartenait à Aaron Hart, financier et marchand de fourrure dont le fils Ezekiel devint le premier législateur juif du Bas-Canada.

Les compagnies de bois canadiennes et américaines commencèrent à tronçonner les arbres de la vallée du Saint-Maurice et de ses affluents dans les années 1840, des scieries s’élevèrent dans toute la région, pendant que des centaines de navires naviguaient en direction de l’Angleterre et des États-Unis à partir du port très occupé de Trois-Rivières.

Église anglicane St. James, Trois-Rivières. (Photo - Dwane Wilkin)

L’ÉGLISE ANGLICANE SAINT-JAMES
(Vieux-Trois-Rivières)
811, rue des Ursulines

L’église anglicane Saint-James était à l’origine une chapelle érigée par des religieux récollets français en 1703. La chapelle servit de palais de justice et de prison après l’occupation britannique de la ville en 1760. Les anglicans firent l’acquisition de l’église en 1823; cette dernière continue de servir une petite mais active congrégation anglophone.

De l’autre côté de la rue se trouve le couvent des Ursulines, dont la première construction date de la fin des années 1600. Il servit d’hôpital aux soldats de la Révolution américaine sous l’autorité du général Montgomery lors de son invasion du Canada en 1775 et 1776.

Datant de 1808, le vieux cimetière anglican situé à l’angle des rues Saint-Francois-Xavier et Tonnancour constitue le plus vieux cimetière protestant de la ville. La Vieille prison (1808-1811), une importante relique du régime britannique, est une attraction touristique gérée par le Musée québécois de culture populaire situé à l’angle des rues Laviolette et Hart.

Musée québécois de culture populaire (819) 372-0406

COMMERCE DU BOIS D’OEUVRE
(Vieux-Trois-Rivières)

Richesse créée au 19e siècle, le commerce du bois était en grande partie contrôlé par des industriels anglophones, comme en témoignent plusieurs maisons victoriennes remarquables situées le long des rues Bonaventure, Radisson et Hart.

La Société de conservation et d’animation du patrimoine de Trois-Rivières a érigé plusieurs plaques dans cet arrondissement. Les points d’intérêt comprennent l’ancienne
église Wesleyan (1823) au 302, rue Bonaventure, la maison de briques du baron Alexander Baptist (1879), 466, rue Bonaventure, et le manoir de Tonnancour de style colonial français (1795), 864, rue des Ursulines.

VILLE PAPETIÈRE HISTORIQUE
(Vieux-Trois-Rivières)

Au début du 20e siècle, des compagnies basées à Montréal et à Boston ont implanté d’importantes usines de pâtes et papiers afin de fournir le papier journal aux journaux américains. Ces dernières comprenaient la compagnie Canadian International Paper, la St. Lawrence Corporation et la Consolidated Paper Corporation.

Le Centre d'exposition sur l'industrie des pâtes et papiers situé en bordure du fleuve Saint-Laurent dans le Parc portuaire raconte l’histoire de la fabrication du papier. Trois-Rivières a vu naître d’importantes industries manufacturières dans le domaine du textile.

L’école secondaire de Trois-Rivières et l’école Saint-Patrick, situées à proximité l’une de l’autre sur la rue Nicolas-Perrot, près de l’emplacement de l’ancienne usine de coton Wabasso, continuent de desservir la communauté anglophone de la ville.

Rue des Ursulines, Trois-Rivières. (Photo - Dwane Wilkin)

BUREAU D'INFORMATION TOURISTIQUE DE TROIS-RIVIÈRES
1457, rue Notre-Dame
Sans frais (800) 313-1123

Centre d'exposition sur l'industrie des pâtes et papiers
(819) 372-4633

Société de conservation et d’animation du patrimoine
de Trois-Rivières (819) 378-1088

Site historique national
LES FORGES DU SAINT-MAURICE

Le boulevard des Forges constitue l’une des plus vieilles routes du Québec. Il fut construit dans le but de relier l’historique Chemin du Roi à la première industrie sidérurgique canadienne. Exploité pendant plus de 150 ans, le site fut abandonné en 1883. Aujourd’hui, Les Forges constituent une attraction touristique importante mettant en valeur les ruines du haut-fourneau principal ainsi qu’un modèle à l’échelle du premier quartier industriel du Canada. Afin d’y accéder, prenez le boulevard des Forges en direction nord, ou retournez sur l’autoroute 55, en direction nord et prenez la sortie 191.

François Poulin de Francheville, seigneur de Saint-Maurice, inaugura les Forges en 1732. Plus tard, le complexe fut agrandi et géré par le gouvernement français. Suite à la prise de pouvoir de la Nouvelle-France par les Britanniques, la ferronnerie fut successivement exploitée par des marchands anglophones, notamment Mathew Bell, propriétaire de 1796 à 1846. On y fabriquait une gamme de petits objets en fonte tels que des poêles, des contenants, des barres de fer, des socs, des enclumes et des marteaux.

Le marchand John McDougall de Trois-Rivières acheta les Forges en 1863 et fit de la fonderie une importante source de fonte de première fusion pour la fabrication de roues de wagons de chemin de fer.

Site historique Les Forges : (819) 378-5116

SHAWINIGAN
(Population de 30 000 habitants)

Berceau de l’industrie de l’aluminium au Canada, ce centre industriel fut construit au-dessus d’une chute d’une hauteur de 42 mètres à un endroit que les Indiens Atticamek appelaient achawénégane, signifiant « portage le long du rocher escarpé ». Aujourd’hui, le belvédère du Parc des Chutes offre une vue magnifique des chutes.

Le peuplement de Shawinigan commença après que l’homme d’affaires de Boston, John Joyce, eut acheté les droits lui permettant de développer le potentiel hydro-électrique des chutes en 1897. La compagnie hydroélectrique de Shawinigan commença ses opérations l’année suivante. En 1899, le fondateur de l’industrie de l’aluminium en Amérique du Nord, Charles Martin Hall, choisit le site pour y construire la première fonderie au Canada.

Au cours de 50 années qui suivirent, Shawinigan prospéra en tant que centre industriel et son énergie électrique, son papier, ses usines chimiques et d’aluminium attirèrent les chimistes, les ingénieurs, les mécaniciens en machinerie et les ouvriers de partout dans le monde. Bien qu’aujourd’hui elle soit presque entièrement francophone, des générations d’anglophones s’y sont aussi établies. Les quartiers avoisinants de Shawinigan rappellent encore qu’il y régnait une hiérarchie sociale: la rue Maple avec ses demeures prestigieuses était une enclave anglophone peuplée de patrons d’usines; la paroisse de Saint- Marc avec ses immeubles à logements dissimulés à l’ombre des cheminées d’Alcan représentait incontestablement la classe ouvrière.

L’école secondaire de Shawinigan, rue des Cèdres, constitue le centre culturel de la communauté anglaise toujours présente dans la ville. Comme autres points d’intérêt nous retrouvons le cimetière protestant des chutes de Shawinigan (1905), l’église catholique Saint-Pierre située sur la rue Hemlock, la caserne de pompiers en briques (1921) située sur la rue Champlain et l’aréna Jacques Plante, nommée en l’honneur du légendaire joueur de hockey et de son fils. Jean Chrétien, premier ministre du Canada de 1993 à 2004, a grandi à Belgoville, un quartier de la classe ouvrière habité par des employés des papeteries.

Le musée de la Cité de l’énergie situé sur l’Île Melville traite du patrimoine industriel de Shawinigan. Des vues panoramiques attendent les visiteurs au sommet de la tour d’observation du musée. Le prix d’une admission comprend une croisière allant jusqu’au secteur industriel historique mettant en valeur la première centrale de la compagnie d’énergie hydroélectrique de Shawinigan et le siège principal de la compagnie Northern Aluminium (1899), précurseur de l’Alcan d’aujourd’hui.

Héritage Shawinigan : (819) 536-1184
Cité de l’énergie : (819) 536-8516
www.citedelenergie.com

Traversier, Grand-Mère, v.1900. (Photo - Collection Matthew Farfan)

GRAND-MÈRE
(Population de 15 000 habitants)

De nouvelles techniques de fabrication de pâte à papier ont stimulé la croissance de l’industrie des pâtes et papiers du Québec. En 1890, John Forman a choisi les chutes de Grand-Mère, hautes de 30 pieds, afin d’y construire une des premières usines de pâte à papier dans l’est du Canada. La ville doit son nom au Rocher de Grand-mère, une formation géologique naturelle située en face de l’église catholique Saint-Paul, sur la 6e avenue.

Grand-Mère fut un important centre de produits forestiers sous la gouverne de la papetière Laurentides Pulp and Paper. Plusieurs familles anglophones étaient à l’origine installées dans des maisons appartenant à la compagnie et situées près de l’usine le long de la 5e avenue. Le premier hôtel de ville occupa l’imposant édifice de pierres orné de tourelles situé en face de l’usine.

Bureau de la Laurentide Company, Grand-Mère, vers les années 1920. (Photo - Collection Matthew Farfan)

L’église anglicane St. Stephen, un solide édifice en pierres des champs situé sur la 5e avenue a aussi été construit par la compagnie tout comme l’Auberge Grand-Mère située à proximité. Grand-Mère possède un des plus vieux clubs de golf au Canada, construit en 1910 par George Cahoon Jr., directeur général de la papetière Laurentides.

Au cours des années 1920, la papetière innova en utilisant des avions dans le but de prévenir les feux de forêts. La communauté avoisinante de Lac à la Tortue, là où les pilotes de brousse étaient entraînés au départ, est considérée comme étant le berceau de l’aviation commerciale au Canada.

GRANDES-PILES

Le village de Grandes-Piles, juché sur les rives de la majestueuse et calme rivière Saint-Maurice, fut un emplacement important pour les hommes et les marchandises se dirigeant vers les camps de bûcherons en amont.

Un aperçu de la vie de bûcheron au 19e siècle est noblement recréé dans une attraction unique située au bord du chemin et que l’on nomme le Village du bûcheron. Le site consiste en un camp de bûcherons reconstitué, caractérisé par des dépendances traditionnelles. Il est ouvert de mai à octobre.

Village du bûcheron. Sans frais: 1-877-338-7895

Église anglicane de La Tuque. (Photo - Dwane Wilkin)

LA TUQUE
(Population de 13 300 habitants)

La beauté saisissante des Laurentides et l’âme qui habite cette ville papetière a amené le troubadour de Québec, Félix Leclerc, à écrire sa célèbre nouvelle du passage à l’âge adulte intitulée, Pieds nus dans l’aube. Connue au départ comme une colonie de bûcherons et de trappeurs, le peuplement de la ville de La Tuque augmenta en 1908 suite à la construction d’une usine et d’un barrage hydro-électrique par la Brown Corporation. De nombreux chefs d’entreprise anglophones ainsi que leur famille ont formé le noyau de la minuscule colonie anglophone de La Tuque.

De nombreux édifices et maisons situés le long des rues Beckler et Saint-Maurice (anciennement, rue des Anglais) rappellent ce patrimoine anglophone : l’église anglicane St. Andrew (1911), l’école secondaire de La Tuque et le Brown Community Club (1916), centre récréatif construit par la compagnie et déclaré monument historique en 1988.

Société historique de La Tuque : (819) 523-6070

La série des circuits patrimoniaux est présentée par le Réseau du patrimoine anglophone du Québec et financée conjointement par Patrimoine canadien et Développement économique Canada. L’espace restreint ne permet pas de mentionner tous les sites existants. Nous remercions de leur aide Roland Houde et Gerry MacDonald de Héritage Shawinigan et Bill Dousset de Trois-Rivières. Pour de plus amples renseignements, veuillez téléphoner au Réseau du patrimoine anglophone du Québec au (819) 564-9595 ou composer le numéro 1-877-964-0409 (sans frais au Québec).


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