Circuit patrimonial : Lanaudière

Author:
Dwane Wilkin

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Le circuit patrimonial de Lanaudière mène à des sites patrimoniaux et des villages historiques de la région de Lanaudière, au Québec. Cette région est située entre le contrefort des Laurentides et les basses terres du fleuve Saint-Laurent.

Le long du fleuve s’étendent les anciennes seigneuries de Repentigny, Lavaltrie et Saint-Sulpice, où des colonies en évolution situées au coeur de la Nouvelle-France ont fait naître des villes animées sur une des plus grandes routes maritimes intérieures du continent.

Au cours des années 1820 et 1830, les vieux villages français de Berthier et de L’Assomption furent des avant-postes de la civilisation européenne. Ils étaient bien connus des immigrants irlandais et écossais qui poursuivaient leur chemin vers les nouveaux cantons de Brandon, Kilkenny, Rawdon et Kildare. Le sol sablonneux et rocailleux des Laurentides rendait l’agriculture difficile. Bien que la plupart des fermiers cultivaient des produits agricoles et élevaient du bétail, le gagne-pain des fermiers vivant dans ces villages florissants dépendait de la vente de potasse et de bois d’oeuvre.

Dans les années 1800, les scieries se multipliaient le long des rivières L’Assomption, Bayonne et Ouareau et les villages s’agrandissaient autour des meilleures usines. En 1844, pas moins de neuf scieries étaient en opération uniquement dans la ville de Rawdon. La description de ce circuit se fait dans le sens des aiguilles d’une montre en commençant par L’Assomption et en se terminant à Berthierville. Cependant, le trajet peut commencer à partir de n’importe quel point pour se diriger dans l’une ou l’autre des directions.

Trail mapCOMMENT S’Y RENDRE

À partir de Montréal, prenez l’autoroute 40 est, dépassez Repentigny et suivez les indications pour L’Assomption. De là, le circuit vous mène au nord le long de la route 341. Les voyageurs en provenance des villes de Québec ou de Trois-Rivières peuvent suivre l’autoroute 40 ouest jusqu’à Berthierville. À partir de la rive sud, prenez le traversier de Sorel jusqu’à Berthierville, passé les îles de Berthier faisant partie de l’archipel du Lac Saint-Pierre. Ces dernières ont été reconnues officiellement par l’UNESCO comme « Réserve mondiale de la biosphère ».

L’ASSOMPTION
(pop. 16 050)

Commencez votre tour de Lanaudière au coeur de la paroisse de L’Assomption, qui fit jadis partie d’une vaste seigneurie dirigée par des prêtres catholiques du Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal. Le quartier historique situé sur les rives de la rivière de L’Assomption est un véritable trésor de bâtiments datant du début et du milieu du 19e siècle rappelant la vocation première de L’Assomption en tant que centre d’apprentissage, de main-d’oeuvre et centre commercial et gouvernemental.

Une visite guidée à pied offerte par le Centre régional d’archives de Lanaudière (270, boul. L’Ange-Gardien) met en valeur 30 sites patrimoniaux locaux, incluant un des plus vieux palais de justice en Amérique du Nord (1811) ainsi que le Collège de L’Assomption (1844), terre d’accueil de la première école privée catholique de la région.

L'Assomption, c.1920s.En 1724, le curé français, Pierre LeSueur, conduisit le premier groupe de colons européens dans la ville actuelle, stratégiquement située sur une route de portage traditionnelle bien connue des coureurs des bois et des trappeurs algonquins. Dans les années 1760, ils furent suivis par des familles acadiennes déportées de leur mère-patrie en Nouvelle-Écosse par les Britanniques. En 1785, le marchand écossais George McBeath, actionnaire de la célèbre North West Company et membre de l’assemblée législative du Bas-Canada, ouvrit un poste de traite à L’Assomption.

À l’apogée du commerce de la fourrure, les tisserands manuels locaux de descendance acadienne sont devenus célèbres grâce à la ceinture fléchée dite de L’Assomption, une ceinture colorée portée par les trappeurs Métis.

Centre régional d’archives de Lanaudière.
270, boul. l’Ange-Gardien
L’Assomption Tél. : (450) 589-0233

SAINT-JACQUES

Le magasin général situé au coin du chemin Gaudet et de la route 341 marque la limite nord de l’ancienne seigneurie de Saint-Sulpice ainsi que le début du canton historique de Rawdon. Remarquez la disposition des fermes situées le long de la route. Alors que les vieilles habitations acadiennes tournées vers le sud longent la route, les fermiers britanniques construisirent leur ferme familiale beaucoup plus loin derrière.

Lrs chutes Dorwin.LES CHUTES DORWIN

Au-dessus de ces chutes de 60 pieds de haut situées juste au sud de la ville de Rawdon on trouve un belvédère spectaculaire qui attire des milliers de touristes chaque année. Ce site a été nommé en l’honneur de J. Dorwin, marchand et promoteur d’entreprises établi à Montréal qui aida à financer une croissance industrielle rapide dans Lanaudière. Dorwin possédait des scieries sur la rivière Ouareau et fut le premier président de la compagnie éphémère Industry Village and Rawdon Railway (1852-1858) qui reliait Saint-Ligouri à la ville de Joliette actuelle. Le premier train vint à Rawdon en 1910.

RAWDON (pop. 5 000)

Cette ancienne ville de scieries constitue le coeur économique et culturel de ce qui reste de la population anglophone de Lanaudière. Nommée en l’honneur d’un vétéran britannique de la Révolution américaine, Rawdon se développa au début du 19e siècle sur un plateau situé entre les rivières Ouareau et Rouge, flanquée d’une série de chutes remarquables. Les habitants de la ville sont fiers de l’origine multiethnique de leur communauté, incluant les influences britannique, française, slave et hongroise.

En 1815, le premier colon arrivé dans la région de Rawdon fut Philemon Dugas, que l’on croit venu de Boston. Des vagues de colons irlandais, écossais, anglais et français suivirent ensuite dans les années 1820 et 1830. Des descendants de nombreuses familles de colons demeurent toujours dans cette région.

La gare de Rawdon, v.1910. (Photo - Société d'histoire de Rawdon)Les édifices situés le long des rues Church et Metcalfe ainsi que des 3e et 4e avenues forment le secteur historique non officiel de Rawdon. L’église Christ Church (1857), chef-d’oeuvre de maçonnerie de pierres du Québec, est un site historique reconnu. L’ancienne caserne de Rawdon est connue comme étant le plus vieil édifice de la ville. Située au 3567, rue Church, cette construction érigée vers les années 1820 abrite aujourd’hui la maison de retraite Bouleaux Argentés. Derrière la propriété, quelques plaques et pierres tombales laissées à l’abandon identifient les tombes des colons.

Au début des années 1930, Rawdon attira de nombreux immigrants en provenance de la Pologne, de la Hongrie, de l’Ukraine, de la République tchèque et de la Russie. Située à l’angle de la rue Woodward et de la 15e avenue, l’église orthodoxe Saint-Séraphin est un des édifices les plus saisissants de la ville avec sa chapelle au bulbe byzantin.

Les catholiques irlandais de Rawdon ont construit deux écoles de renommée internationale. Le Couvent de Sainte-Anne situé sur le chemin du Lac Morgan et datant de la Confédération, fut à l’origine de l’éducation bilingue pour les filles; Saint-Anselme’s Academy (3713, rue Queen), fondée en 1910, est une école secondaire anglophone pour garçons. Cet établissement porte le nom de Collège Champagneur depuis 1948 et les cours sont maintenant donnés en français.

Endroit de villégiature construit dans les années 1930, Rawdon connut une croissance rapide après la Seconde Guerre mondiale. Des hameaux agricoles situés à proximité du lac Gratten devinrent des colonies de résidences secondaires fréquentées les fins de semaine ou durant l’été par les propriétaires de chalets. D’autres quartiers se développèrent le long des lacs Rawdon et Pontbriand créés vers les années 1910 grâce à des barrages sur les rivières Rouge et Ouareau.

Société historique de Rawdon : (450) 834-2108

MONTCALM CORNERS

Le plus vieux village du canton historique de Rawdon se situe à quelques kilomètres à l’est de l’actuel Rawdon, dans une courbe de la rivière Rouge, à l’endroit où Philemon Dugas érigea sa scierie en 1815. Il fut un temps où le hameau était desservi par une gare ferroviaire et rivalisait en grosseur avec la ville de Saint-Ligouri située à proximité.

Suivez la route 348 à l’extérieur de Rawdon, tournez à droite sur le chemin Forest, une vieille route de campagne, et continuez jusqu’au chemin Wilfrid. Les premières écoles et église du canton de Rawdon étaient situées à cette intersection. Pour atteindre Montcalm Corners, tournez à gauche sur Wilfrid, et ensuite à droite sur le cinquième rang (Rang 5).

Retournez sur la route 348 afin de poursuivre votre visite de la région.

RADSTOCK (Sainte-Marcelline-de-Kildare)
Population: 1 200

Plusieurs des terres agricoles situées autour de ce hameau furent au départ octroyées aux soldats irlandais qui ont aidé à défendre le Canada contre l’invasion américaine durant la Guerre de 1812-1814. Le projet de peuplement proposé par le premier agent colonial des terres du canton, le major Beauchamp Colclough, ne vit jamais le jour.

« La ville de Kildare », comme l’appelait Colclough, devait être un « village-dortoir » pour militaires britanniques retraités, où les anciens combattants pourraient passer leur vie à échanger des histoires de batailles et des souvenirs de leur Irlande natale. Des lots de propriété furent octroyés aux subalternes du major du 103e régiment d’infanterie, les rues furent planifiées et un terrain fut réservé pour y construire une école et une prison. Mais, Colclough fit faillite en 1835 et l’intérêt pour le projet disparut.

En 1843, les anglicans érigèrent une église en billes de bois équarries dans le rang de Kildare (route 343). L’église fut déménagée à Rawdon il y a plusieurs années, mais le cimetière anglican Saint-John s’y trouve toujours.

Avant l’exode des familles anglophones de Kildare dans les années 1880, le hameau s’appelait Radstock, nom donné au bureau de poste en 1865.

CIMETIÈRE RAMSEY PIONEER

Le rang de Kildare (route 348), qui traverse le village de Sainte-Mélanie en face d’une magnifique église en pierres (1869), fut au début peuplé par les protestants irlandais. Le village agricole de Ramsey a pris naissance à l’intersection de la route 348 et du 2e rang. L’église anglicane All Saints demeure le témoignage silencieux du bref passage des colons britanniques dans le secteur. Des services religieux sont encore célébrés par le ministère religieux anglican de Rawdon à l’intérieur de l’église en briques et ce, deux fois par année. Le cimetière bien anglophones.

La route 345, qui passe par Saint-Félix avant de tourner direction sud le long de la rivière Bayonne, suit la route du circuit des pionniers d’origine.

BERTHIERVILLE
(pop. 4 400)

Cette vieille ville située près de l’embouchure de la rivière Bayonne est parsemée d’élégantes demeures ayant appartenu à des notables du 19e siècle, incluant des descendants et des associés du seigneur écossais James Cuthbert.

Berthierville, v. 1785. (Photo - ANC)Cuthbert était un soldat ayant servi d’aide de camp au général Wolfe lors de la bataille des Plaines d’Abraham (1759). Il acquit en 1765 la seigneurie à population dispersée de Berthier, agrandissant considérablement ses propriétés foncières alors qu’il occupait des postes importants au sein du gouvernement colonial britannique. Le titre passa à son fils, James Jr. puis à son petit-fils, Edward, avant que le système seigneurial du Québec soit aboli en 1854. Un autre de ses fils, Ross, devint seigneur des seigneuries avoisinantes d’Autray et de Lanoraie. Durant la période mouvementée de colonisation des années 1820, 1830 et 1840, Berthierville était la porte d’entrée des immigrants britanniques en partance vers le nord pour les cantons situés dans les contreforts des Laurentides. Le village prospérait en tant que débouché commercial pour les produits manufacturés destinés aux nouveaux villages de l’arrière-pays, accroissant de façon importante une minorité anglophone.

Aujourd’hui, Berthierville est probablement mieux connue comme étant le lieu de naissance du pilote automobile Québécois, le remarquable Gilles Villeneuve.

LA CHAPELLE DES CUTHBERT

Vous trouverez le plus vieux sanctuaire presbytérien du Québec à l’intersection des routes 138 et 158. En 1786, Cuthbert construisit la chapelle afin d’honorer la mémoire de sa femme. Depuis 1958, elle est classée monument historique et abrite actuellement un bureau d’information touristique très actif, ouvert de mai à octobre. Les voyageurs y trouveront un guide d’information sur 20 autres édifices du patrimoine, incluant la première école Berthier Grammar School (1880-1917) située au 562, rue Montcalm ainsi que le dernier des manoirs ayant appartenu à Cuthbert situé à Berthierville au 710, rue Frontenac.

La maison construite en 1821 par le seigneur de Lanoraie, Ross Cuthbert, afin de loger les domestiques, est située dans l’ouest de Berthierville sur la route 138 (701, Grande-Côte Est). Elle fut occupée jusque dans les années 1970 par le dernier descendant de la famille Cuthbert demeurant dans la région, Margaret Bostwick.

Corporation du patrimoine de Berthier
(450) 836-8158

La série des circuits patrimoniaux est présentée par le Réseau du patrimoine anglophone du Québec et financée conjointement par Patrimoine canadien et Développement économique Canada. L’espace restreint ne permet pas de mentionner tous les sites existants. Nous remercions de son aide Beverly Prud’homme de la Société historique de Rawdon. Pour de plus amples renseignements, veuillez téléphoner au Réseau du patrimoine anglophone du Québec au (819) 564-9595 ou composer le numéro 1-877-964-0409 (sans frais au Québec).

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