Les travaux et les jours

Caisse au fromage, vers 1890.
La fabrication de fromage était une tâche ménagère qui revenait principalement à la femme et dont le procédé était laborieux.  Le lait était chauffé sur le poêle puis versé dans des casseroles chaudes.   On ajoutait de la présure pour coaguler le lait, le qui donnait du lait caillé et du petit-lait.  Lorsque le lait caillé atteignait la bonne consistance, il était égoutté et mélangé avec du sel.  Il était ensuite placé dans une presse à fromage pour éli Baignoire de bois, vers 1890.
Le lavage était une tâche énorme au 19e siècle.  Cela prenait une journée entière sans interruption sauf pour la préparation des repas et les soins aux enfants.  L'été, le lavage était effectué à l'extérieur et l'hiver il était fait dans le sous-sol ou dans la cuisine.  Les préparatifs pour la journée de lavage commençaient normalement la veille lorsque les vêtements trempaient.  Le jour du lavage, l'eau bouillante savonneuse devait être transportée Collection de planches à laver, vers 1900.
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Collection de fers à repasser, 19e siècle.
Le repassage était un travail ardu.  Le repassage prenait une journée entière et suivait normalement la journée de lavage.  Pour repasser correctement une femme avait besoin d'une planche à jupes, une planche pour les devants de chemises, une planche pour les manches, une table à repasser, un plat contenant de l'eau et une éponge pour humecter les vêtements, un fer et des ciseaux à cannelures pour terminer les manchettes, un nombre de fers plats qui Panier à couture, vers 1900.
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Ciseaux coupe-tailleur, vers 1860. 
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Oiseau à coudre, vers 1840.
L'oiseau à coudre ou à ourler était fixé à la table alors que le matériel était placé dans la fermeture à ressort du bec de l'oiseau, laissant ainsi à la couturière ses deux mains libres pour coudre et tenir le tissu. 
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Boîte à couture en bois sculpté en forme d'œuf, vers 1870. 
Contient de petits articles de couture pour raccommoder et reprise.
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Panier à dés, vers 1870.
Les dés sont un des plus vieux instruments connus pour la couture. Leur forme première n'a pas changé depuis 2000 ans; on en a d'ailleurs trouvé sur les sites de fouilles archéologiques, incluant les ruines de Pompéi. On retrouve souvent des dés travaillés, datant du 19 siècle, nichés dans leur propre coffret. Ces coffrets eux-mêmes prennent souvent la forme de glands, paniers, œufs et d'autres modèles sculptés; ils sont généralement tapissés de velours.
( Support à ruban à mesurer en celluloïd, vers 1890.
On prenait beaucoup soin de transformer l'accessoire de couture le plus ordinaire en quelque chose de joli et bizarre. Par exemple, les supports de rubans à mesurer se retrouvent en une extraordinaire variété de modèles.
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Coussin à épingles à la forme de petite botte, vers 1870.
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Grand rouet, vers 1860.
Le grand rouet ou "walking wheel" se retrouvait dans plusieurs maisons québécoises des 18ème et 19ème siècles. Pour faire fonctionner le grand rouet, utilisé pour filer la laine la fileuse devait marcher de l'avant à l'arrière en enroulant le fil laineux au fuseau. On disait qu'une fileuse pouvait parcourir 20 milles durant une journée de travail.
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Petits rouets, 19e siècle. 
Extrait de la plante du même nom à partir de laquelle on fabriquait le tissu de lin, était filé à l'aide d'une petite roue, la « Saxony » ou « Treadle », dans son appellation anglaise. La fileuse, en position assise, actionnait la roue moyenne d'une pédale à filer. La fabrication des petites roues nécessitait beaucoup plus d'expertise que celle de la grande roue qui était utilisée exclusivement pour la laine. Les petites roues à filer faisaient partie des Courtepointe "tulipe" fait par Mme Frank Laduke, vers 1860.
Une taches les plus laborieuses pour les femmes vivant au siècle dernier était ait la confection de la literie et des couvertures du ménage. Des verges de tissus, des ourlets sans fin et le marquage des vêtements devaient consommer une grande partie d'un temps précieux. La confection des courtepointes était probablement un répit bienvenu dans la fabrication de la literie. Bien entendu les courtepointes étaient la partie la plus élab Courtepointe en appliqué « variante de pannier » faite par Mme Rominoer Smith de North Pinnacle Québec, et ses amis, vers 1860.
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Baratte à beurre ayant appartenu à Hannah Lee Selby, vers 1870.

Annice Selby de Dunham, Québec, a contribué au revenu familial en vendant du beurre et des cochons aux voisins et au marché de Cowansville.

Extraits du journal d'Annice Selby, Dunham Québec, 1934 : 

12 mai : Ai baratté le beurre et labouré le matin; nettoyé les pots de chambre, enlevé les feuilles des plates-bandes, 

19 mai : Levée à 4 heures. Émilie et moi avons baratté et repassé. Sortit les cochons et monté l' Palette à beurre et terrine à beurre, vers 1880.
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Moules au beurre, vers 1870 à 1890.
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Bottes de travail pour dame, vers 1890.

« On devrait mettre autant  de conscience dans l'époussetage que dans la gérance d'une propriété » Godey's Lady's Book, 1870 (traduction)

Une journée par semaine était consacrée à l'entretien ménager et plusieurs femmes suivaient à la lettre les instructions données dans les journaux et les livres de bienséance au foyer.  Le mobilier était couvert de draps et les fenêtres grandes ouvertes pour bien voir la saleté dissimulée.  Les tabl Presse-citron, vers 1890.
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Couteaux à pâtisserie et des assiettes à tarte, vers 1890.
Deux journées par semaine étaient généralement consacrées à la cuisson.  La majorité des femmes faisaient leurs pains, gâteaux et tartes.  Les journées de cuisson permettaient de mettre de l'ordre dans la cuisine et le garde-manger.  Les tablettes du garde-manger étaient nettoyées et garnies de nouveau papier, les produits frais étaient vérifiés pour de la pourriture, les boîtes en fer-blanc et les bocaux étaient nettoyés et l Batteur à œufs, vers 1880. 
Les femmes du 19e siècle ont été fascinées par l'arrivée des appareils ménagers surtout si ces appareils pouvaient accomplir des tâches qui auparavant prenaient des heures à accomplir. Ces appareils ont été conçus pour les travaux de préparation de nourriture particulière et ont depuis longtemps disparu des cuisines.
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Grille-pain, vers 1890.
(Collections de la Société d'histoire de Missisquoi) Mis à part l'accomplissement quotidien des corvées ménagères, le rôle le plus important de la femme était celui de mère.  Prendre soin de ses enfants apparaissait si banal et habituel à Hannah Selby de Dunham, qu'elle ne l'inclura même pas dans sa liste de tâches hebdomadaires.  Élever des enfants au XIXème siècle prenait du temps et amenait des moments heureux dans la vie d'une femme, mais c'était également rempli d'épreuves et de chagrins.  Face au taux élevé de mortalité en

«La femme est un peu comme une esclave dans ce pays»
Journal intime de Anne Langton, 1839

Traditionnellement, la place de la femme a toujours été à la maison, son rôle se définissant en général comme celui d’épouse, de mère et de ménagère. Si la famille demeure la pierre d’assise de la société, la femme en est certainement le pivot. Mais voilà qu’à partie des années 1870, la révolution industrielle et les inventions technologiques vont transformer radicalement la structure même du foyer familial. La production de masse va orienter certains travaux ménagers vers les usines, comme les préparations culinaires, la confection et l’entretien de vêtements.

Ces nombreuses inventions pratiques vont donner l’occasion à la femme de sortir de la maison et d’exercer ses compétences hors du foyer. Bien entendu, elle demeure responsable de la bonne marche de la maison. Ainsi sa journée de travail, contrairement à celle de l’homme, se termine tard le soir.

larger_Women.21.jpgL’exposition donne un aperçu de la vie domestique d’une femme du 19e et 20e siècles. On possède peu de documents relatifs au travail de la femme à cette époque, sauf peut-être à travers certains ouvrages manuels. Cependant, sa contribution au développement de la famille et de la communauté mérite d’être soulignée.

Car en plus des tâches ménagères et de ses responsabilités familiales, la femme s’implique dans différents organismes religieux ou sociaux et s’occupe également de la famille élargie. Souvent même, elle contribue au revenu familial par le truchement d’une petite entreprise maison, comme la fabrication du beurre et du fromage, la couture, le tissage ou la vente de produits du jardin aux marchés locaux. Les outils et les objets personnels en expositions ici appartiennent aux femmes de comté de Missisquoi.

Author:
Heather Darch