2 décembre 2019
Madame Valérie Plante, mairesse de Montréal
Hôtel de Ville, Édifice Lucien Saulnier,
155 rue Notre-Dame Est,
Montréal, Québec H2Y 1B5
Objet : Griffintown
Chère Madame la mairesse Plante,
Alors que le travail avance avec le Réseau express métropolitain (REM) dans l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal, des préoccupations ont été exprimées au sujet du nom de la station prévue dans le secteur du Bassin Peel. Un historique documenté, des souvenirs de la communauté ainsi que des recherches archéologiques récentes démontrent de forts liens entre ce district et la population irlandaise de Montréal.
Le Réseau du Patrimoine anglophone du Québec (RPAQ) demande conséquemment que le nom de la station REM du Bassin Peel soit celui de Griffintown. Cette appellation définit le lieu grâce à des raisons à la fois pratiques et historiques et elle ne devrait pas être combinée avec n’importe quel autre nom de personnes ou de lieux.
Dans la mémoire populaire, Griffintown est associé avec les Irlandais qui y ont vécu et travaillé pendant de nombreuses générations. Bien de ces Irlandais ont survécu à la Grande Famine et à l’épidémie de typhus qui s’ensuivit, causant la mort de 6 000 personnes. Nombreux sont ceux qui ont été enterrés dans cet endroit. Parmi les morts se trouvaient de nombreux résidents de Montréal, venus aider les Irlandais durant l’épidémie, dont l’un des plus éminents : John Easton Mills, alors maire de Montréal.
Ainsi que vous le savez, il existe encore une communauté irlandaise très active à Montréal et dans le reste du Québec. Les membres de cette communauté appartiennent aux deux groupes linguistiques ainsi qu’à diverses confessions religieuses. Nombreux sont ceux appartenant à la septième ou huitième génération canadienne; ils sont multiples à appartenir à un patrimoine ethnique mixte conservant une forte identification avec leurs racines irlandaises et avec la contribution de la communauté irlandaise au Montréal d’hier et d’aujourd’hui. Il suffit juste de mentionner, parmi tant d’autres, le canal de Lachine, le pont Victoria, le Collège Loyola, la basilique Saint-Patrick, afin de se rappeler de l’apport de cette communauté à la cité de Montréal.
Enfin, le RPAQ reconnaît l’importance du paysage patrimonial - comment l’environnement bâti et naturel se voit perçu et préservé. Devenir invisible et non reconnu dans ce paysage (dans ce cas-ci, un paysage urbain) signifie la disparition. Aussi, nous demandons encore que la station REM du Bassin Peel soit appelée Griffintown, soulignant non seulement notre paysage patrimonial, mais également rendant un juste hommage à la présence irlandaise à Montréal.
Veuillez recevoir, Chère Madame la mairesse, l’expression de mes sentiments distingués.
Grant Myers
Président, RPAQ
Sandra Stock,
Présidente, Comité de Montréal du RPAQ
cc. Benoît Dorais, Maire, arrondissement du Sud-Ouest
Craig Sauvé, Conseiller, arrondissement du Sud-Ouest
Le Devoir
Montreal Gazette
RPAQ :
Le Réseau du patrimoine anglophone du Québec (RPAQ) est une organisation sans but lucratif et non partisane qui, avec ses membres, voit à la préservation de l’histoire, du patrimoine et de la culture du Québec et, en particulier, des communautés d’expression anglophone. Le RPAQ œuvre pour promouvoir la connaissance de l’histoire, du patrimoine et de la culture de ces communautés en informant, inspirant et reliant les personnes par le biais de ses activités et services. L’adhésion au RPAQ est ouvertes aux particuliers, aux familles et aux organisations.