Au début du 20ème siècle, il existait des centaines de ponts couverts partout au Québec. À la grandeur de la province il n’en subsiste, de nos jours, qu’un peu plus de quatre-vingt-dix, certains datant même des années 1950. Dans les Laurentides, plus particulièrement dans les Hautes-Laurentides, on retrouve six ponts couverts et tous, à l’exception d’un, se situent bien au nord de Mont-Tremblant. Du grand temps des ponts couverts, la plupart des villages en avait un, voire plusieurs. Ils s’éparpillaient aussi le long des routes secondaires, traversant ruisseaux et rivières de toutes tailles. Peu d’entre eux ont cependant résisté à l’épreuve du temps.
LES DANGERS MENAÇANT LES PONTS COUVERTS
Le dur climat du Québec, les incendies criminels, les accidents de la route, la négligence, les inondations, le vandalisme, le remplacement par une structure moderne : tous ces éléments ont joué. Dans les dernières décennies, un nombre alarmant de ponts couverts a disparu du paysage. Beaucoup ont besoin de réparations. Leur survie dépend largement de notre désir de les sauvegarder.
POURQUOI UN PONT COUVERT?
Bien des gens se sont demandé pour quelle raison on a couvert les ponts. D’aucuns croient que les toits pouvaient offrir un abri aux voyageurs et à leurs chevaux en cas de pluie ou de neige. D’autres pensent que les murs et le toit aidaient les chevaux qui ne pouvaient voir les eaux turbulentes en-dessous. La tradition veut que les amoureux se rencontraient dans les ponts couverts d’où le sobriquet de «ponts des baisers». La raison sous-tendant la couverture reste cependant bien moins romantique. On voulait protéger des éléments la structure du pont.
Un pont ouvert composé simplement d’un tablier et de culées disposait d’une durée de vie très limitée – entre vingt et trente ans. Après cela, la structure commençait à pourrir et à s’affaisser. Un pont renforcé d’une ferme (une superstructure composée de poutres encastrées destinée à supporter tout poids rajouté sur le tablier) ne serait non seulement bien plus solide, mais, également, il durerait bien plus longtemps. L’affaissement se voyait entravé mais les éléments pouvaient encore causer le pourrissement du pont. Toutefois, si le pont recevait la protection de murs et d’un toit, son espérance de vie se multipliait par dix comparée à celle d’un pont ouvert dont les poutres, le tablier et la ferme restaient constamment exposés aux intempéries.
AU FIL DES SIÈCLES
Les ponts couverts existent depuis des siècles et les plus anciens, en Europe, datent du Moyen Âge. Le plus ancien au monde se trouverait en Suisse : le célèbre Kapellbrucke de Lucerne, érigé dans les années 1300, ayant été récemment la proie des flammes. On retrouve des ponts couverts en Suisse, en Autriche, en Allemagne, en République tchèque, en Italie et dans de nombreux pays européens.
Arrivés dans le Nouveau Monde durant les 17ème et 18ème siècles, les Européens auraient emmenés avec eux leurs technologies de construction de ponts. Conséquemment, des ponts couverts furent érigés dans presque tous les États américains (qui comptent de nos jours environ 800 de ces structures), ainsi qu’au Québec, en Ontario et dans les Maritimes.
LES CONCEPTEURS AMÉRICAINS
Ce sont les Américains qui, au 19ème siècle, vont véritablement perfectionner la science des ponts couverts. Tout au long des années 1800, inventeurs et ingénieurs développent un impressionnant répertoire de fermes. Ils avaient compris que la ferme constituait le plus important élément du pont. Plus solide était la ferme, plus le pont couvert durerait. Bien de ces hommes ont donné leur nom à ces inventions : Moses, long, Herman Haupt, Theodore Burr, Peter Paddleford, William Howe, Willis Pratt, et Ithiel Town sont parmi les concepteurs les plus connus.
Référence :
1) Société québécoise des ponts couverts, Les Ponts Rouges du Québec, 1999, 9-10.
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