Circuit patrimonial : Abitibi-Témiscamingue

Author:
Charles Bury

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Ce circuit mène à deux régions distinctes, l’Abitibi et le Témiscamingue. Ensemble, elles forment la frontière nord-ouest du Québec et toutes deux demeurent encore aujourd’hui des régions frontalières. Anciennement habité par les peuples préhistoriques qui ont laissé place aux Algonquins et aux Cris de la baie James, ce vaste territoire fut parmi les premières régions intérieures de l’Amérique du Nord que les Européens explorèrent et l’une des dernières à être occupée de manière permanente.

En 1686, la France et l’Angleterre étaient aux prises avec de pénibles guerres pour le contrôle de la traite des fourrures au Canada. Des compagnies rivales à la baie d’Hudson et à la baie James se volaient leurs fourrures et brûlaient leurs forts respectifs depuis plus de vingt ans. Partie de Montréal, une expédition française dirigée par le chevalier Pierre de Troyes suivit la rivière des Outaouais vers le nord afin de chasser la Compagnie de la Baie d’Hudson qui appartenait à des intérêts anglais.

Environ 70 Canadiens et 30 soldats français, dont le futur fondateur de la Louisiane, Pierre Le Moine d’Iberville, ramèrent en amont à travers la forêt, s’arrêtant pour construire un fort de fortune au lac Témiscamingue avant de se diriger vers l’Abitibi. Ici, le bassin hydrographique de l’Outaouais, qui coule vers le sud, rencontre la rivière Harricana, qui monte vers le nord jusqu’à la baie James. Abitibi signifie là où les eaux se séparent. Au fur et à mesure que les explorations et le commerce se propagèrent vers l’ouest au cours du siècle suivant, le Témiscamingue devint une porte d’entrée pour le commerce des fourrures.

Les marchands de bois redécouvrirent la frontière nord du Québec au 19e siècle. La ville de Témiscaming se développa autour des rapides où les radeaux se rassemblaient pour la drave annuelle vers le sud. Dès 1880, les premières fermes firent leur apparition.

Les premiers colons s’établirent en Abitibi en 1910 avec l’arrivée du chemin de fer National Transcontinental. Il s’agissait des équipes de maintenance du chemin de fer avec leurs familles qui s’installèrent à tous les deux ou trois milles le long des rails. Les bûcherons commencèrent à aménager leurs propres fermes. Puis, en 1926, l’ouverture de la mine et de la fonderie Horne déclencha le développement de l’industrie minière.

Au cours de la grande crise des années 1930, des milliers de familles démunies en provenance de paroisses urbaines durement touchées dans le sud vinrent s’établir en Abitibi en tant que fermiers. Certains de ces pionniers vivent encore aujourd’hui.

MapPOUR S’Y RENDRE

Prévoyez au moins trois jours pour explorer cette région. Il existe deux façons de s’y rendre en voiture. À partir de la route transcanadienne à North Bay en Ontario, se diriger vers le nord par la route 63 jusqu’à Témiscaming sur la frontière québécoise. En partant de Montréal, conduire en direction nord-ouest sur l’autoroute 15 et la route 117 en passant par Saint-Jovite, Mont-Laurier et la réserve faunique La Vérendrye jusqu’à Val d’Or. Ce circuit débute à Val d’Or et se termine à Témiscaming, toutefois vous pouvez le parcourir dans l’une ou l’autre direction.

VAL D’OR (32 130 habitants)

Étroitement liée aux caprices de l’exploitation des mines en roche dure et de la demande mondiale pour les métaux lourds, Val d’Or a connu de nombreux soubresauts économiques au cours de ses 70 ans d’histoire. Les signes de prospérité et de privations se voient aisément. Durant les années de prospérité, les travailleurs affluaient à Val d’Or en provenance de partout. Nulle part est-ce plus évident que dans l’évolution spirituelle de la ville. Selon les époques, des fidèles d’au moins onze confessions religieuses ont vécu et pratiqué ici: des catholiques romains, des orthodoxes ukrainiens, des orthodoxes russes, des anglicans, des membres de l’Église Unie, des presbytériens, des baptistes, des pentecôtistes, des témoins de Jéhovah, des mormons et des hébreux.

L’un des premiers quartiers miniers de la ville demeure assez bien conservé: il s’agit du village minier de Bourlamaque. Ce lieu historique comprend environ 80 modestes maisons en bois rond disposées en rangs bien alignés. Celles-ci ont été construites en 1935 pour héberger les mineurs et leurs familles, mais une seule ne sert plus de résidence familiale. Située au 123, rue Perrault, elle est accessible aux visiteurs.

À partir de Bourlamaque, empruntez les rues Perry et Viney pour visiter l’ancienne mine d’or où travaillaient autrefois les résidents de ce village minier. La Cité de l’Or a été réaménagée en un important centre touristique, où les visiteurs peuvent découvrir les installations minières qui ont été restaurées tant en surface qu’à une profondeur de 100 mètres sous terre. À quelques rues vers l’ouest, une petite communauté anglophone entoure l’école Golden Valley, l’une des trois écoles anglaises toujours en activité le long de ce circuit. Remarquez ici et ailleurs dans la ville les noms anglais des rues : Foley, Fisher, Bacon, Dennison, Johnson, Williston, Wolfe, Nelson, Montgomery, Lawlis, Hammond, Cartman, Forest et Benny.

Un autre lieu historique local est le château d’eau de l’ancienne mine d’or Sullivan, qui a été construit en 1934 et fermé en 1967. Il est situé au 456, rue Hôtel de Ville.

La Cité de l’Or et le village minier de Bourlamaque
90, avenue Perrault, Val d’Or.
(819) 825-7616 ou 1-877-582-5367

MALARTIC (3 860 habitants)

Située à seulement 27 kilomètres à l’ouest de Val d’Or, cette ville minière avait jadis une communauté anglophone prospère avec une école. Il en reste peu de traces. Le musée minéralogique de l’Abitibi-Témiscamingue offre ici une présentation destinée à toute la famille sur le monde fascinant existant sous la surface de la terre.
Musée Minéralogique de l’Abitibi-Témiscamingue
650, rue de la Paix, Malartic

L'automne sur un chemin de campagne en Abitibi. Notez le pont couvert. (Photo - Matthew Farfan)AMOS (13 380 habitants)

La ville d’Amos se trouve à environ 50 kilomètres au nord de Malartic par les routes 117 et 109. Les premiers colons blancs d’Abitibi arrivèrent ici en 1910 avec le chemin de fer National Transcontinental. Le point d’intérêt de la ville est la spectaculaire cathédrale Sainte-Thérèse d’Avila dotée d’un dôme circulaire. On voit ici l’une des nombreuses contradictions de la région: l’agriculture s’améliore au fur et à mesure que l’on s’éloigne de Val d’Or vers le nord.

À seulement 8 kilomètres à l’extérieur d’Amos, les voyageurs trouveront le village de La Ferme, qui fut l’emplacement d’un camp de détention pour les « étrangers ». La plupart des 1 200 prisonniers qui séjournèrent au camp de Spirit Lake furent des hommes en provenance d’Europe de l’Est. Les conditions de vie y étaient assez humaines et les prisonniers pouvaient avoir leurs familles avec eux s’ils le désiraient. Le travail et les repas se comparaient à ce qui existait dans les camps de bûcherons qui commençaient alors à surgir dans la région. Le livre de Jean Laflamme, Spirit Lake: un camp de concentration en Abitibi durant la Grande Guerre, publié par les éditions Maxime, décrit cette période.

Pendant plusieurs années après la guerre, les installations de La Ferme servirent d’école d’agriculture. Laissé à l’abandon durant de nombreuses années, ce site est en voie d’être restauré et réaménagé pour accueillir les touristes.

LA SARRE (8 060 habitants)

En partant d’Amos, la route 109 monte vers le nord en passant par quelques autres villages agricoles avant d’entrer dans la région sauvage de la Baie-James. La route 111 mène vers l’ouest en passant au centre d’une région agricole nordique jusqu’à la ville de La Sarre.

L’agriculture s’est implantée en Abitibi pendant la crise des années 1930. Soutenue par la puissante Église catholique, le gouvernement du Québec convainquit, certains diront qu’il força, des milliers de familles canadiennes-françaises originaires de paroisses pauvres du sud à quitter leurs maisons pour s’installer dans le nord. Des quartiers entiers furent ainsi déracinés. Chaque famille recevait des terres forestières vierges. Tous se devaient de les déboiser, de labourer le sol, d’ouvrir de nouvelles paroisses et de se multiplier. Plusieurs mouvements de colonisation se sont poursuivis jusque dans les années 1950, se rendant encore plus au nord et éventuellement épuisant les terres arables.

La majorité des maisons et des bâtiments de ferme le long de cette route remonte aux origines de cette région. Quelques-uns des premiers colons y résident toujours, ce sont de véritables pionniers toujours en vie.

Lasarre, v. 1930. (Photo - Farfan Collection)

ROUYN-NORANDA (41 390 habitants)

À partir de La Sarre, la route 101 descend vers le sud pendant environ 90 kilomètres jusqu’aux villes jumelles de Rouyn et de Noranda. Ensemble, elles forment le coeur et l’âme de l’Abitibi mais elles sont aussi différentes que le jour et la nuit. Noranda apparut d’abord: une ville de compagnie anglophone, très ordonnée, bâtie autour de la mine et de la fonderie d’origine d’Edmund Horne, lesquelles ont fait la gloire de cette capitale canadienne du cuivre. Rouyn s’est développée juste au-delà de la limite de la ville, accueillant ceux qui ne pouvaient ou ne voulaient pas adopter le style de vie de la compagnie.

Jusqu’en 1949, le maire de Noranda était le directeur général des mines Noranda et vivait à Toronto. Au cours de ses premières années d’existence, Rouyn n’eut aucun maire.

Les rues du Vieux-Noranda sont larges, forment des carrés et sont numérotées; les rangées de maisons se font face, les principaux bâtiments sont situés devant l’usine. On trouve ici la seule école anglaise qui subsiste dans la ville, ainsi que le club de curling et l’aréna Dave Keon, nommé en l’honneur de l’un des grands joueurs de hockey de la place. Non loin, les rues étroites de Rouyn s’adaptent à tous les angles et à toutes les directions du paysage.

Comme il est courant à la campagne, plusieurs des bâtiments d’origine des deux villes sont encore debout. L’un d’entre eux est désormais un petit musée, ouvert sur rendez-vous à l’usine Horne, qui abrite aussi l’ancienne gare ferroviaire et plusieurs anciens wagons de bois.

Le magasin historique Dumulon dans le Vieux-Rouyn est ouvert au public, de même que l’église orthodoxe russe qui évoque le passé multiculturel de Noranda.

Le bureau touristique local publie un guide pour une randonnée patrimoniale à pied qui compte vingt sites du Vieux-Noranda.

Le site web de la municipalité de Rouyn-Noranda:
www.ville.rouyn-noranda.qc.ca

Le magasin historique Dumulon
www.maison-dumulon.ca

VILLE-MARIE (2 850 habitants)

De Rouyn-Noranda, la route 101 descend vers le sud pendant environ 100 kilomètres jusqu’à Ville-Marie, la plus ancienne localité de notre circuit et la porte d’entrée nord du Témiscamingue. Stratégiquement située sur un passage étroit au confluent de plusieurs rivières importantes, Ville-Marie a presque toujours été occupée depuis les années 1690. Au début elle servait à la fois de poste militaire et de centre pour la traite des fourrures, mais le commerce prit rapidement le dessus.

Juste à l’extérieur de Ville-Marie se trouve le lieu historique national du Canada du Fort-Témiscamingue. Cet ancien poste de traite a été rebâti avec soin par Parcs Canada et présente un portrait fascinant du commerce des fourrures depuis ses origines jusqu’au présent en passant par son apogée. Le fort fournit aussi un aperçu de la vie des Algonquins avant l’arrivée des Européens et un regard sur les premiers explorateurs français.

Lieu historique national du Canada du Fort-Témiscamingue
www.temiscamingue.net/fort_temiscamingue

TÉMISCAMING (3 050 habitants)

De Ville-Marie, la route 101 descend vers le sud pendant environ 120 kilomètres jusqu’au joyau caché de cette région, la magnifique ville de Témiscaming. Une première scierie est bâtie à Témiscaming vers 1873. Une fabrique de papier suit en 1919. Le propriétaire de cette usine, la Riordon Paper Company, a conçu avec soin cette spectaculaire ville à flanc de montagne afin d’attirer et de garder les meilleurs employés. La ville de Témiscaming, incorporée en 1921, engagea le célèbre architecte paysagiste et urbaniste Thomas Adams. Il en résulta une ville dotée de maisons et de magasins en briques rouges de style britannique.

Bien que les anglophones soient grandement minoritaires aujourd’hui, Témiscaming conserve encore son cachet anglais. La communauté est toujours desservie par une école de langue anglaise.

En 1930, le directeur de l’usine C.B. Thorne ajouta la touche finale. Il acheta à Rome une fontaine très ornée et un puits vénitien qu’il fit envoyer à Témiscaming pour en doter la rue principale. Des figures de danseuses en bronze parent le puits de marbre florentin et une statue de Neptune protège la fontaine et ses anneaux contre de simples dieux romains.

Le Réseau du patrimoine anglophone du Québec a préparé ce guide. La série des Circuits patrimoniaux bénéficie de subventions de Patrimoine Canada et de Développement économique Canada. Vous pourriez nous rejoindre au (819) 564-9595 ou sans frais au 1-877-964-0409.

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