Circuit patrimonial : La Baie des Chaleurs

Author:
Dwane Wilkin

trails_001_0.jpg

Les bancs de morue de la péninsule gaspésienne étaient des eaux très peuplées en bordure d’une terre encore inconnue.

Longtemps avant que Jacques Cartier ne revendique le Québec pour la France, les pêcheurs européens savaient que les eaux calmes et peu profondes de la baie des Chaleurs était l’un des meilleurs endroits pour pêcher la morue dans tout l’Atlantique. Des équipages basques, bretons et normands préparaient leurs prises sur les plages et reprenaient la mer avant le gel en automne. Le nom de la baie fut donné par M.Cartier dû au fait qu’il trouvait la mer chaude pour la mi-juillet. Peu coûteuse, abondante et nutritive, la morue sèche et salée de Gaspé fut un repas de base dans le sud de l’Europe pendant des siècles.

Pour les équipages français qui pêchaient la morue à la ligne de l’aube au crépuscule, le voyage annuel au Québec était rempli de dangers. En plus des périls habituels qu’entraînaient la traversée de l’Atlantique et la corvée de la pêche à la morue, la rivalité entre la France et l’Angleterre les exposait toujours à une attaque.

Plusieurs villes et villages historiques du circuit patrimonial de la baie des Chaleurs virent le jour en tant que postes estivaux de pêche sous le Régime français. Mal pourvues en fortifications, les nouvelles colonies furent des cibles faciles pour les bateaux de guerre anglais. Ainsi, Percé fut pillée et brûlée en 1690 et les colonies de la baie de Gaspé, de Grande-Rivière et de Pabos furent démolies dans les années 1750.

MapGETTING THERE

De plus, le contact avec les Européens s’avéra mortel pour les Amérindiens micmacs. Des missionnaires zélés, la maladie, les armes à feu, l’alcool et la dépendance aux biens commerciaux détruisirent leur ancien mode de vie.

Il fallut attendre l’arrivée d’un marchand de morue des îles Anglo-Normandes pour que des communautés commencent à s’installer de façon permanente sur la côte gaspésienne. Ce marchand, dénommé Charles Robin, fonda une compagnie de pêche dans les années 1760 qui attira dans le métier des Micmacs, des Acadiens et des habitants de l’île de Jersey. Des bateaux ayant à leur bord des Loyalistes et des colons britanniques arrivèrent ensuite, chacun apportant ses espoirs d’une vie meilleure sur de nouvelles terres.

COMMENT S’Y RENDRE

Ce circuit patrimonial vous permet de découvrir des colonies historiques et des points d’intérêt dans la région de la baie des Chaleurs, depuis l’embouchure de la rivière Cascapédia jusqu’à la ville touristique de Percé. Le circuit débute sur la route 132, une portion de route touristique qui ceinture la péninsule gaspésienne. À partir de Sainte-Anne-des-Monts, vous vous dirigerez vers le sud depuis le fleuve Saint-Laurent jusque de l’autre côté de la péninsule en suivant la route 299.

Fishing, Cascapedia River. (Photo - Dwane Wilkin)CASCAPÉDIA (pop. 700)

La rivière Cascapédia prend sa source dans les monts Chic-Chocs, parcourant 139 kilomètres pour atteindre la mer. Il s’agissait d’une voie de communication traditionnelle pour les Micmacs, qui nommèrent le territoire Gespegegiag. Les ancêtres des habitants qui s’y trouvent aujourd’hui comptent également des colons de l’Irlande, de l’Écosse et de l’Acadie.

À Cascapédia, la pêche au saumon est un sport populaire depuis les années 1870. À cette époque, les familles locales commencèrent à ouvrir leur demeure aux pêcheurs aristocratiques. Des générations de villageois de Cascapédia ont ainsi travaillé comme guides, cuisiniers ou serviteurs dans de chics maisons de campagne. De nos jours encore, la pêche sportive reste un élément vital pour la communauté.

Les premiers visiteurs de prestige dans ce village furent la princesse Louise, quatrième fille de la reine Victoria, et son mari, alors gouverneur général du Canada. Durant le premier voyage du couple à Cascapédia en 1874, ils s’installèrent dans la maison Nathaniel Woodman (Nathaniel Woodman House, 1837), connue sous le nom de Camp Rouge (Red Camp). La maison et les bâtiments de ferme rouges sont toujours présents à 8 kilomètres au nord du village sur la route 299.

Au fil des années, la liste des visiteurs s’est allongée. Elle compte à l’heure actuelle des premiers ministres canadiens, des présidents américains et des artistes célèbres. En outre, un grand du hockey, Bobby Orr, a adopté la rivière. Situé dans l’ancien magasin général des frères Campbell (Campbell Brothers General Store), le Musée de la rivière Cascapédia raconte la tradition de la pêche et la culture locale de pêche à la ligne.

Musée de la rivière Cascapédia, 133, route 299, Cascapédia–Saint-Jules
(418) 392-5079

Gaspesian British Heritage Centre. (Photo - Dwane Wilkin)NEW RICHMOND (pop. 3 900)

Centre névralgique du commerce de la baie des Chaleurs, New Richmond se trouve dans une large vallée entourée de deux branches de la rivière Cascapédia et la mer. Les familles acadiennes furent les premiers Européens à y vivre. Un grand nombre de familles de colons loyalistes s’y joignirent en 1784. Leur présence ainsi que l’arrivée subséquente d’immigrants de l’Écosse, de l’Irlande et de l’île de Jersey ont fait de New Richmond un centre de culture anglophone.

Assurez-vous de visiter le Village gaspésien d’héritage britannique (Gaspesian British Heritage Village), attraction majeure comptant 24 bâtiments historiques et exposant de la machinerie ancestrale. Des guides vêtus de costumes d’époque vous accompagneront lors de votre visite. Le Village abrite également une collection d’archives généalogiques et une salle de lecture consacrée au patrimoine des îles Anglo-Normandes de la Gaspésie.

Gaspesian British Heritage Centre. (Photo - Dwane Wilkin)Contrairement à la plupart des autres communautés de ce circuit, New Richmond se développa très tôt comme une ville meunière. En 1838, un marchand écossais du nom de William Cuthbert y bâtit la première scierie. Il exploita aussi un chantier naval à Duthie’s Point, qui fait aujourd’hui partie du Village gaspésien d’héritage britannique. Depuis les années 1960, une usine de contenants en carton est un employeur d’importance dans la région.

Village gaspésien d’héritage britannique, 351, boulevard Perron Ouest
(418) 392-4487
Site Web : www.gbhv-vghb.com

BONAVENTURE (pop. 2 920)

Ce sont des familles ayant réussi à échapper à la déportation de leur terre natale en Nouvelle-Écosse qui fondèrent la ville acadienne de Bonaventure en 1760. De nos jours, environ les deux tiers de la population qui habite la baie des Chaleurs sont des Acadiens.

En 1755, l’Angleterre, craignant que ces francophones ne constituent une menace pour ses colonies nord-américaines, déporta 10 000 Acadiens. Beaucoup se retrouvèrent en Louisiane, où leur langage et leurs traditions survivent dans la culture cajun moderne.

Certains déportés s’enfuirent au Nouveau-Brunswick, où ils habitèrent brièvement à La-Petite-Rochelle, ville française de garnison sur la rivière Matapédia. Environ une douzaine de familles s’installèrent à l’embouchure de la rivière Bonaventure. Pour en savoir plus sur la culture acadienne et sur cet épisode tragique du passé colonial du Canada, rendez-vous au Musée acadien du Québec.

Musée acadien du Québec, 95, rue Port-Royal
(418) 534-4000
Site Web : www.museeacadien.com

NEW CARLISLE (pop. 1 500)

Siège administratif de la circonscription historique de Bonaventure, New Carlisle se constitua d’abord comme une colonie agricole à la suite de l’arrivée des Loyalistes dans la baie des Chaleurs en 1784. Des familles de classe marchande et professionnelle s’y établirent au 19e siècle. Colonisée auparavant par des fermiers acadiens, la communauté attira plus tard bon nombre d’immigrants écossais. C’est un des rares endroits sur la côte où l’anglais est encore employé aux assemblées municipales.

L’architecture patrimoniale de New Carlisle a été bien conservée. On peut apercevoir plusieurs monuments depuis le chemin qu’emprunte ce circuit, dont l’église unie (United Church, 1820) au 137, boulevard Gérard-D.-Lévesque – l’une des cinq églises locales – et la Maison Hamilton (Hamilton House, 1852), devenue aujourd’hui un musée, au 115 du même boulevard.

Ville administrative de longue date, New Carlisle est également le siège du Spec, seul journal de langue anglaise de la Gaspésie.

Le citoyen le plus célèbre de New Carlisle est sans aucun doute René Lévesque, leader nationaliste québécois, fondateur du Parti québécois et premier ministre du Québec de 1976 à 1985. Une plaque se trouve à l’extérieur de sa maison d’enfance au 16, rue Mont-Sorel. Un guide est aussi disponible à l’hôtel de ville pour la visite de cet endroit ainsi que de dix-sept autres bâtiments historiques.

Maison Hamilton, 115, boulevard Gérard-D.-Levesque
(418) 752-2822 ou 752-6498
Hôtel de ville de New Carlisle, 138, boulevard Gérard-D.-Levesque
(418) 752-3151

SITE HISTORIQUE DE LA PLAGE DE PASPÉBIAC

En 1766, Charles Robin, poissonnier de l’île de Jersey, vit en la plage de Paspébiac un endroit de choix pour y implanter son commerce de morue séchée. Le littoral possède en effet un grand barachois, sorte de lagon de forme triangulaire, qui se révèle parfait pour la pêche avec de petites embarcations, comme des chaloupes.

Le Boutillier storehouse. (Photo - Dwane Wilkin)Paspébiac devint le quartier général de l’empire commercial de Robin en Amérique du Nord. Cet endroit prit de l’expansion dans les années 1800. Il est alors devenu le point de départ d’une chaîne de magasins généraux et de stations de pêche le long de la péninsule gaspésienne. Une grande maison au-dessus du havre qui fut bâtie pour le gérant de la compagnie abrite aujourd’hui l’Auberge du Parc.

Outre qu’elle faisait sécher et saler la morue, la compagnie Charles Robin & Co. bâtit des navires à voiles pour la haute mer. La compagnie des frères Le Boutillier (Le Boutillier Brothers Co.), aussi de l’île de Jersey, entra en concurrence avec Robin en 1838, érigeant ses propres entrepôts, quais et ateliers.

En 1964, le feu détruisit la plupart des établissements de Robin. Cependant, des conservateurs restaurèrent plusieurs des bâtiments originaux des frères Le Boutillier, dont un énorme entrepôt construit aux alentours de 1840, la plus grande structure de bois en Amérique du Nord à l’époque. On présente les méthodes traditionnelles de construction navale et de traitement du poisson aux visiteurs de ce site historique.

Site historique du Banc-de-Pêche-de-Paspébiac
(418) 752-6229

PORT-DANIEL (pop. 1 800)

En juillet 1534, le célèbre navigateur français Jacques Cartier jeta l’ancre à un endroit sur la côte nord, non loin de cet actuel port de pêche, et explora en vain la côte pendant quelques jours à la recherche d’un passage vers l’ouest. En 1784, c’est à Port-Daniel que débarqua le premier groupe de Loyalistes à s’installer sur la côte gaspésienne.

Le bureau touristique de Port-Daniel offre de l’information sur les hôtels et les restaurants dans la région de Gaspé, ainsi qu’un guide pour les sites locaux à visiter.

Tout juste à l’est de Port-Daniel, le circuit passe devant l’église anglicane St-Philip (St. Philip’s Anglican Church, 1912) dans le village de L’Anse-aux-Gascons, où les victimes d’un célèbre naufrage du 19e siècle sont enterrées.

En 1838, le navire marchand britannique Colborne, qui devait se rendre à Québec et à Montréal, s’échoua sur les rochers près de la pointe au Maquereau (Mackerel Point) et coula, entraînant dans la mort les 43 passagers et membres de l’équipage. Une croyance populaire veut que plusieurs des fortunes de Gaspé soient fondées sur les trésors de ce naufrage, dont du vin, des spiritueux, de l’argent, de la soie et de la monnaie.

Information touristique : (418) 396-3215

SITE ARCHÉOLOGIQUE DE PABOS

Le Bourg de Pabos fut la seule seigneurie française du Canada à dépendre entièrement de la pêche. Ce port à l’embouchure de la rivière du Grand Pabos fut également un des rares endroits à attirer des colons à longueur d’année, avant que les troupes britanniques du général Wolfe ne l’incendient en 1758.

Jusqu’à présent, les archéologues ont réussi à récupérer une collection considérable d’objets datant du Régime français. Les visiteurs peuvent en apprendre plus sur la vie liée à la colonisation dans une pêcherie du 18e siècle en se rendant à l’exposition archéologique estivale au parc du Bourg de Pabos dans la ville de Pabos Mills.

Parc du Bourg de Pabos: 75, rue de la Plage, Pabos Mills
http://www.bourgdepabos.com/portail.html
(418) 689-6043

MAGASIN GÉNÉRAL HISTORIQUE DE L’ANSE À BEAUFILS

Jusqu’à l’épuisement des réserves de morue du Québec au cours des années 1990, le port de L’Anse-à-Beaufils, situé au sud-ouest de Percé, était animé de scènes et d’odeurs d’un quai traditionnel de pêcheurs. De nos jours, les grilles à sécher ne parsèment plus la plage, mais des vestiges de la vie dans une communauté typique de pêcherie à Gaspé sont conservés à l’ancien magasin général Robin, Jones & Whitman (1928), qui est devenu un musée privé.

Historic general store, L’Anse à Beaufils. (Photo - Dwane Wilkin)La construction de bâtiments comme ceux-ci était jadis une tradition dans les villages tout au long de la péninsule gaspésienne. Aujourd’hui, ils symbolisent pour certains la manière dont les compagnies jersiaises exploitaient les pêcheurs locaux par le système du crédit en magasin.

Magasin Général Historique Authentique: 32, rue à Bonfils, L’Anse-à-Beaufils
(418) 782-2225 ou 782-5286

PERCÉ (pop. 3 700)

L’attrait touristique naturel le plus célèbre de la Gaspésie, le rocher Percé, attire des visiteurs de partout dans le monde. Ceux-ci trouveront à Percé même plusieurs excellents restaurants, une charmante promenade au bord de la mer et un grand choix d’hôtels.

Les premières tentatives de colonisation en ce lieu remontent aux années 1600, alors que des pêcheries saisonnières étaient établies dans la baie des Chaleurs sous le Régime français. Après la cession du Canada à l’Angleterre par la France en 1763, Charles Robin et ses confrères de l’île de Jersey, John et David Le Boutillier, construisirent chacun des stations de pêche.

L’atelier d’empaquetage de poissons près du quai gouvernemental, qui se distingue par sa construction de bois, est une relique frappante du patrimoine de pêche de Percé. Les autorités de Parcs Québec y tiennent une exposition permanente au rez-de-chaussée, consacrée à la tradition de la pêche à la morue de Gaspé et à l’histoire naturelle de Percé.

Au cours des années 1800, bon nombre de familles venant de l’Irlande, de Québec et des îles Anglo-Normandes se joignirent aux pêcheurs locaux. Elles s’installèrent sur l’île Bonaventure. Des visites sur cette île sont proposées par les compagnies locales de croisières. Les noms de plusieurs des familles des îles Anglo-Normandes qui s’établirent dans la région apparaissent sur les pierres tombales du cimetière de l’église anglicane Saint-Paul (St-Paul’s Anglican Church), au sommet de la colline près d’Irishtown.

La série des circuits patrimoniaux est présentée par le Réseau du patrimoine anglophone du Québec grâce à une subvention du ministère du Patrimoine canadien et de Développement économique Canada. Le manque d’espace ne permet pas la publication exhaustive de tous les sites. Nous tenons à remercier ...... pour leur aide. Pour de plus amples informations vous pouvez nous rejoindre au (819) 564-9595 ou le 1-877-964-0409 (sans frais au Québec) ou encore visiter notre site Web : www.qahn.org.

logo-caneconomic.giflogo-canheritage.gif

Attraction Type:
Region: