Circuit patrimonial : Vaudreuil Hudson

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Dwane Wilkin

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Au début des années 1700, les Iroquois firent la paix avec la Nouvelle-France. Cette paix permit ainsi l’expansion de la colonie vers l’ouest. Les colons français abandonnèrent leurs villages fortifiés (près de Montréal) pour venir exploiter de nouvelles fermes à l’extrémité est de la pointe de terre, située entre la rivière des Outaouais et le fleuve Saint-Laurent.

Certains colons arrivèrent de Sainte-Anne-de-Bellevue et de Pointe-Claire; d’autres du célèbre village sulpicien d’Oka situé de l’autre côté du lac des Deux Montagnes. Leurs descendants formèrent le noyau de la société française. Ces derniers habitaient sur la rive sud de la rivière des Outaouais, entre Como et Rigaud.

En 1702, le roi de France fit cadeau de la seigneurie de Vaudreuil à Philippe de Rigaud, Marquis de Vaudreuil. La seigneurie passa ensuite aux mains de son fils, Pierre de Cavagnal, avant de devenir propriété de Michel Eustache Gaspard Alain Chartier de Lotbinière, en 1780.

En 1763, lorsque la France céda le Québec à la Grande-Bretagne, Hudson était connu sous le nom de Concession Cavagnal, ou simplement Cavagnal. La seigneurie était constituée de lots de fermes bordant la rivière.

Ce circuit patrimonial vous mène aux villages et aux points d’intérêts du comté de Vaudreuil où l’on y retrouve une petite communauté anglophone active et prospère.

Parmi les premiers colons britanniques se trouvait un groupe de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Vers 1811, ces commerçants de descendance écossaise arrivèrent de Moose Fort, sur la baie James, en passant par la rivière des Outaouais. Au cours des années 1820, des colons de la région de Cumberland, en Angleterre, vinrent exploiter des fermes sur le flanc sud-est de la montagne Rigaud puis se déplacèrent vers les terres qui forment aujourd’hui la ville d’Hudson.

Les colons de Vaudreuil développèrent un style de vie basé sur la foresterie, l’agriculture, la navigation et la fabrication de verre (une industrie en plein essor lors des grandes années de peuplement de la colonie).

map_3.jpgCOMMENT S’Y RENDRE

À partir de Montréal, prenez l’autoroute 40 Ouest et suivez les indications pour Ottawa. Prenez la sortie Hudson et tournez à droite sur le chemin Bellevue qui vous mènera jusqu’à la rive. Ce circuit parcourt la rue Main, défrichée par des habitants français il y a près de 300 ans, afin de relier entre elles des fermes dispersées ici et là le long de la rive sinueuse. Sur cette rue, les voyageurs trouveront une grande richesse de bâtiments coloniaux français et victoriens.

COMO

Le village historique de Como fut le site d’une des premières usines de verre du Canada. Les résidents les plus âgés d’Hudson se souviennent de Como comme étant la région située entre Pointe Cavagnal et la Parson’s Point sur le Lac des Deux Montagnes.

L’Auberge Willow Place (1820), manoir colonial reconstruit au 208, rue Main, fut le magasin général de François Xavier Desjardins dans les années 1800. Dégustez un copieux repas tout en observant les traversiers faisant la navette entre Como et Oka. La célèbre croix du calvaire d’Oka est un site de pèlerinage catholique bâti en 1739. Chaque année, ce site attire des milliers de visiteurs.

La colonisation britannique d’Hudson se trouva dans une position avantageuse au début des années 1800 lorsque Lotbinière, seigneur de Vaudreuil, expulsa bon nombre de fermiers Canadiens français ayant omis de lui payer leur loyer. Un des premiers à y emménager fut un officier britannique retraité de l’armée nommé John Mathison. En 1824, il y construisit une des premières écoles de la région.

Jusqu’au milieu du 19e siècle, Como était uniquement reconnue par son adresse postale, Ottawa Glass Works. Elle fut renommée en 1855 afin d’éviter toute confusion possible puisque Bytown, la future capitale de la nation, deviendrait Ottawa. L’usine se spécialisait dans la fabrication de fenêtres de verre et d’isolateurs de télégraphes.

Durant ses beaux jours, le village possédait ses propres magasins et commerçants ainsi qu’une impressionnante église en pierre: l’église anglicane Saint-Mary. Cette église est située au 261, rue Main et date de la Confédération (1867). Elle appartient encore aujourd’hui à une congrégation locale active.


CENTRE DE RECONSTITUTION HISTORIQUE DE GREENWOOD

Cette maison patrimoniale bien conservée datant du Régime français est un des lieux historiques importants d’Hudson. Greenwood fut construit sur la rive du lac, durant les années 1730, par le voyageur Jean Baptiste Sabourin. En 1820, le centre Greenwood fut vendu à John Mark Crank DeLesDerniers, un marchand de la Nouvelle-Écosse de descendance suisse-française. Ce dernier l’agrandit pour en faire à la fois une résidence et un magasin.

En 1994, l’arrière-arrière-petite-fille de DeLesDerniers, Phoebe Hyde, fit don de la maison et de son mobilier à la communauté. Des visites commentées sont offertes aux visiteurs, sur rendez-vous, presque tous les dimanches au cours de l’été.

Le centre Greenwood, est situé dans un endroit historique de la ville de Como communément appelé le village Shepherd en l’honneur de Robert Ward Shepherd, capitaine de chaland local et propriétaire foncier. Dans la dernière moitié du 19e siècle, ce dernier y construisit plusieurs des maisons que l’on retrouve aujourd’hui entre Greenwood et l'église Saint-Mary.

Le lieu de rencontre des premiers habitants de Como était l’Auberge Schneider, petite bâtisse de pierre se trouvant toujours au 264, rue Main. Construite en 1792, cette résidence devint propriété de William Schneider, mercenaire de descendance allemande qui servit dans l’armée britannique.

En 1820, son auberge était désormais fréquentée par des marchands de fourrures et autres navigateurs. Elle tenait lieu de rassemblement aux fermiers venus livrer leurs produits à la ville ainsi qu’aux marchands locaux.

Greenwood: (450) 458-5396
254 rue Main, Hudson

VILLAGE ANGLAIS (Hodgsonville)

John Hodgson était parmi les premiers immigrants de la région de Cumberland à venir s’installer à Vaudreuil. En 1820, il vint s’installer à Côte-Saint-Charles avec sa femme et sa fille afin d’y défricher et d’y cultiver une terre. Un pâté de maisons situé entre le 288 et le 302, rue Main apparut tout autour du moulin à scie de la famille Hodgson. Le moulin fut en opération sur la rive de 1880 à 1965 et fut connu localement sous le nom de Village anglais.

En faisant un petit détour sur la rue Quarry Point, vous accéderez à un promontoire rocheux avançant dans l’eau et ce, à partir de la vieille propriété Parson. Une carrière située sur ce terrain produisait les blocs de grès rouge utilisés pour bâtir les magnifiques constructions de pierre de Hudson, dont l’église anglicane Saint-James (1842), qui se trouve toujours au 642, rue Main.

HUDSON HEIGHTS

vaudreuil.jpgUn peu plus loin, au croisement de la Côte Saint-Charles et de la rue Main, se trouve l’ancienne école Mathison (586, rue Main). Au milieu de la colonie, cette maison réputée comme étant le bâtiment le plus ancien de la ville de Hudson, servit successivement de palais de justice, d’église, de bureau de poste et de magasin. La famille Mullan y tint un magasin général pendant plus d’un siècle.

Avec la venue du transport ferroviaire, Hudson gagna en popularité auprès des riches montréalais anglophones qui vinrent s’y retirer. Au début des années 1900 jusqu’aux années 1960, les descendants des premiers colons français et anglais vécurent entourés de dirigeants de commerces et d’industries qui eux furent attirés par le secteur riverain paisible de Hudson.

Parmi ces gens figurait Thomas Basset Macaulay qui fut longtemps président de la compagnie d’assurance Sun Life. Ce dernier développa un intérêt marqué pour l’élevage du bétail. De 1900 à 1942, Macaulay utilisa sa propriété de Hudson Heights dans le but de regrouper le plus célèbre troupeau de vaches Holstein au Québec. La ferme Mount Victoria perchée sur la rue du même nom, couvrait plus de 600 acres et possédait un éventail considérable de granges et d’autres bâtiments extérieurs en bois en plus du château Macaulay, aujourd’hui propriété de la famille Norris.

Guidé par l’expertise et les conseils de grands propriétaires de troupeaux et de fermes, le bétail de Mount Victoria fut reconnu internationalement. On estime que plus de 90 pour cent des Holstein pure race que l’on retrouve dans le monde remontent à ce troupeau.

Un terrain de golf et un développement de maisons haut de gamme s’étalent aujourd’hui sur la majeure partie de la propriété d’origine, mais l’Association Holstein du Canada a érigé un point de repère en pierre en mémoire de l’héritage de Macaulay et ce, au coin des rues Main et Macaulay.

ALSTONVALE

La jonction du chemin de fer situé au bas de la colline Macaulay marque la frontière est d’un quartier d’Hudson nommé Alstonvale. Alstonvale s’étale sur quatre kilomètres vers l’ouest et ce, des deux côtés de la rue Main. Tous les visiteurs particulièrement intéressés par le patrimoine architectural admireront le magnifique travail de maçonnerie de l’église Saint-James, œuvre de Robert Gray, natif des îles Orcades.

Au milieu des années 1800, le nom d’Alstonvale fut donné par les descendants des colons de Cumberland afin de désigner cette escale du chemin de fer. Les fermiers locaux y venaient pour livrer leur lait du matin destiné à la compagnie Elmhurst Dairy de Montréal. On y exploita des fermes pendant la majeure partie du 20e siècle, bien qu’aujourd’hui, Alstonvale soit un quartier plutôt résidentiel.

FIEF CHOISY

Choisy, dont la prononciation est souvent mutilée par le parler rural anglais, se situe à l’ouest d’Alstonvale. On y retrouve des terres qui furent cultivées par de nombreuses générations de fermiers, tant anglophones que francophones.

Un certain nombre de familles venues de Cumberland continuèrent d’y exploiter leur ferme jusqu’à ce que l’agriculture locale perde de l’importance vers la deuxième moitié du 20e siècle. De nos jours pendant l’été, les gens se rendent au marché Finnegan (775, rue Main), le samedi matin, pour acheter et vendre des articles de tous genres. Il s’agit d’une vente en plein air gérée par la famille Aird.

Choisy s’étalait sur une bande de plaines onduleuses de 1700 acres. En 1768, elle fut concédée à une des sœurs du seigneur. Pendant les années 1820, la famille Whitlock y exploita un moulin à scie offrant ainsi un marché local de bois d’œuvre aux colons des régions de Cavagnal et de Côte-Saint-Charles.

John Whitlock, un Loyaliste du Connecticut, quitta son pays après la Révolution américaine et emmena sa famille à Vaudreuil en passant par la Nouvelle-Écosse. Son fils William se joint un peu plus tard aux Patriotes de Papineau et fut emprisonné pendant un court moment pour avoir incité les colons à renverser le gouvernement colonial du Bas-Canada lors de la Rébellion de 1837.

Plusieurs maisons situées à proximité de la montée Lavigne rappellent l’âge d’or du trafic fluvial du Québec. La maison située au 898, rue Main, appartenait à un bûcheron de Montréal appelé William Graham. Ce dernier gérait un quai non loin de là permettant ainsi l’expédition du bois. L’Auberge Muir (903, rue Main) et la Maison Lavigne située juste en face (910, rue Main), accueillaient toutes deux les passagers des navires à vapeur.

RIGAUD

Le circuit mène à la vieille ville française de Rigaud. Sur la rue Saint-Pierre, vous pourrez admirer l’un des rares clochers à deux tours de la magnifique église Sainte-Madeleine de Rigaud, dont l’intérieur est décoré de marbre importé d'Italie. La rue du Moulin conduit aux vestiges du moulin seigneurial (une structure de pierre en bordure de la rivière Rigaud).

En 1829, la seigneurie de Rigaud passa aux mains d’un américain appelé William Bingham, le beau-fils de Lotbinière. Peu après, Bingham céda gratuitement à des colons anglais 475 fermes situées à proximité de la Côte Saint-Henri.

Avant de quitter la région à cause de l’infertilité des terres, quelques familles irlandaises exploitèrent des fermes sur le versant sud de la Montagne Rigaud, formant ainsi une petite colonie dans le rang Saint-Georges. Aujourd’hui, le chef Pierre Faucher, coureur des bois culinaire du Québec, gère une grande érablière ainsi qu’un restaurant sur le rang Saint-George. Le restaurant La Sucrerie de la Montagne offre une cuisine québécoise traditionnelle.

FORT COTEAU-DU-LAC

Ce site comprend un fort octogonal britannique authentique ainsi que la plus ancienne écluse d’Amérique du Nord, précurseur de la voie maritime du Saint-Laurent que nous connaissons aujourd’hui. Le vieux moulin de pierre du village se trouve juste à côté du fort. Les colons anglophones de Vaudreuil considéraient Coteau-du-lac comme étant leur premier chez-soi de la région. Pour en savoir davantage au sujet du développement des transports fluviaux, visitez ce site historique national géré par Parcs Canada sur la rive du Saint-Laurent. Pour vous y rendre, empruntez la route 201 Sud.

Site historique de Coteau-du-lac : (450) 763-5631

Autres ressources :

Vous souhaiterez peut-être vous procurer un exemplaire du guide illustré Main Road, Hudson: Then and Now, qui complétera votre visite. Cet ouvrage, publié par la Société historique d’Hudson et en vente à la librairie (Village Bookshop) située au 484, rue Main, décrit plusieurs bâtiments patrimoniaux mentionnés tout au long de ce circuit.


La série des circuits patrimoniaux est présentée par le Réseau du patrimoine anglophone du Québec grâce à une subvention du ministère du Patrimoine canadien et de Développement économique Canada. Le manque d’espace ne permet pas la publication exhaustive de tous les sites. Nous tenons à remercier Maiben Poirier, Pat McCaffrey, W. Lambert Gardiner et Kevin O’Donnell, de la Société historique de Hudson pour leur aide. Pour de plus amples informations vous pouvez nous rejoindre au (819) 564-9595 ou le 1 877 964-0409 (sans frais au Québec) ou encore visiter notre site Web : www.qahn.org.

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