La Baie Missisquoi sur le Lac Champlain était un camp pour les réfugiés pendant la Révolution Américaine. Dans les années 1770 et 1780, ils vinrent au Québec par milliers, surtout des vallées du haut des rivières Hudson et Mohawk.
Les migrants atteignirent les terres Britanniques près d’un village Indien Abénaki traditionnel à l’embouchure de la Rivière Missisquoi, la région formant alors une seigneurie très peu peuplée appelée St-Armand.
Plusieurs de ces hommes de frontière étaient des soldats loyalistes de l’empire dont les maisons et propriétés avaient étés saisis durant la guerre, et qui furent expulsés des nouveaux Etats-Unis. Comme compensation, ils demandèrent au gouvernement colonial du Canada de leur accorder les titres de nouvelles terres au nord de la frontière.
Cet exode Américain progressa vers le nord le long des Rivières Richelieu et St-Laurent, mais un certain nombre de familles demeurèrent où elles s’étaient installées, défrichant des champs et s’enracinant sur les rives fertiles de la Baie.
Les colons de Missisquoi abattirent des arbres et taillèrent le bois avec des haches pour la construction de leurs grossières cabanes. Ils formaient un brave groupe de pionniers qui menèrent les Cantons de l’Est du Québec à passer sous la charrue.
Alors que les cabanes de bois rond cédaient peu à peu leur place aux fermes, les sites meuniers solitaires du comté de Missisquoi germèrent en de bruyantes villes, attirant des colons Britanniques, Américains et éventuellement, Canadiens Français. Ce circuit mène parmi des colonies historiques des Cantons qui affichent fièrement cet héritage diversifié.
Comment s’y rendre…
Les visiteurs arrivant du Vermont, de l’État de New York ou de Montréal voudront débuter leur expédition à Philipsburg, juste au nord de la frontière sur l’Interstate 89. Si vous arrivez de Montréal, suivez l’autoroute 10 est, sortez à St-Jean-sur-Richelieu et prenez la Rte 133 sud.
De Sherbrooke, suivre l’autoroute 10 ouest et sortir sur la Rte 139. Se diriger vers Cowansville, puis conduire vers le sud ouest sur la Rte 202 jusqu’à Dunham.
Dunham (pop. 3344)
Thomas Dunn, seigneur de St-Armand et administrateur colonial senior au Bas Canada, gagna les titres du Canton de Dunham avec 34 associés, en 1796. Ce village se développa en tant que son chef-lieu social, commercial et administratif.
Les fermiers de Dunham étaient des innovateurs en matière de fabrication de nourriture au Québec. En 1865, la première usine fromagère de grande taille de la province ouvert ses portes ici, utilisant les méthodes de production Américaines. Les restes de cette usine laitière historique se trouvent à quelques 100 mètres derrière la librairie municipale sur la rue Maska.
Pour plus d’un siècle, les producteurs de sirop d’érable Canadiens et Américains se procuraient des équipements fabriqués sur la rue Main par la compagnie Small Bros. En 1893, les Smalls, de descendance Écossaise, achetèrent de David Ingalls de East Dunham, le brevet pour une casserole d’évaporation qui réduirait le temps d’ébullition. Ils tinrent leur commerce à l’intérieur du vieil Hotel Seeley, une ancienne escale sur la route d’un chariot qui voyageait jusqu’à St-Alban’s, au Vermont. Cette haute bâtisse de briques rouges avec son entrée à chariot en arche loge aujourd’hui des restaurants et des boutiques.
Le climat local y étant inhabituellement doux, Dunham est reconnue depuis récemment pour être la capitale de l’industrie grandissante du vin au Québec.
Avant sa fermeture en 1972, les jeunes écolières Anglicanes à travers le Canada connaissaient Dunham comme étant le foyer du Collège St-Helen’s, un pensionnat privé bâti en 1878. L’Institut des Femmes du Québec fut fondée à Dunham en 1911. Un monceau de pierres sur la rue Main commémore cet événement.
Stanbridge East (pop. 400)
Colonisée dans ses débuts par des Néo-Anglais en 1796, Stanbridge East se développa en centre industriel et agricole. Dans les années 1830, déjà Stanbridge avait un bureau de poste, une banque, une tannerie, une maçonnerie, une fonderie et un moulin à moudre le blé.
Les premiers colons exploitèrent la Rivière Pike pour moudre leur maïs et sarrasin en farine. Désormais, le Moulin de Cornell (1830) abrite le Musée Missisquoi, possédant l’une des meilleures collections d’héritage rural et d’archives. Le moulin fait parti d’un complexe de musée qui inclut également le magasin Hodge’s Store et la grange Bill’s Barn, où de la machinerie de ferme antique est exposée.
Le village fut jadis un endroit animé par la rébellion. Au début du 19e siècle, plusieurs villageois rejoignirent les Patriotes de Louis-Joseph Papineau dans la lutte contre le contrôle Britannique sur le parlement du Bas Canada. En 1835 ils fondèrent le journal Missiskoui Post pour organiser la Réforme. Les troupes Britanniques jetèrent leur imprimerie à la rivière lors de la Rébellion en 1837.
La gamme de styles d’architecture que nous retrouvons au travers des terrains communaux rappelle fortement la Nouvelle-Angleterre rurale.
La société historique a publié un guide de visite pédestre du village qui est disponible au musée. Il met l’accent sur plus de trente points de repères, dont une ancienne école (env.1820) au 13 rue Maple où le père du président Américain Chester Arthur enseigna.
Retournez maintenant sur la Rte 202 et suivez les indications vers Bedford, la colonie la plus urbaine de la région de Missisquoi.
Musée et Société Historique de Missisquoi
(450) 248-3153
Bedford (pop. 63)
Le quartier résidentiel historique de Bedford possède de remarquables demeures de style Victorien qui racontent leurs jours de gloire alors qu’elles faisaient partie d’un centre ferroviaire et manufacturier. Tournez sur la rue Clayes depuis la Rte 202 (ch. de la rivière) juste avant la rue du Pont, et explorez le quartier défini entre les rues Dutch et Rix et l’Avenue Philipsburg.
À l’aube du 20e siècle, 90 pour cent des résidents de Missisquoi se prétendaient d’héritage Anglais ou Américain, et les maisons et églises qu’ils construisirent reflètent les traditions anglaises de l’époque.
Plusieurs bâtiments patrimoniaux peuvent également être aperçu le long de la rue Principale, dont le Cyr Block (1894) qui comprend une partie d’une salle de réunion beaucoup plus ancienne, connue sous le nom de Victoria Hall.
L’Église Anglicane Saint James (1832) sur la rue du Pont, célèbre pour ses vitraux, arbore un simple style d’architecture néo-classique favorisé par les maçons de la région. Cette simplicité contraste grandement avec la splendeur de l’Église Catholique St-Damien (1911), sur la rue de l’Église. Notre circuit les croise toutes deux alors que la Rte 235 vous mène de l’autre côté du pont vers Mystic.
Mystic (pop. 63)
Le patrimoine architectural des Cantons compte quelques granges en bois circulaires, mais la grange aux 12 côtés de ce hameau est seule dans sa catégorie. Bâtie en 1885 par un inventeur et manufacturier Américain du nom de Alexander Walbridge, la grange possède un mécanisme rotatif central actionné par l’eau. Walbridge habita à Mystic des années 1860 jusqu’à sa mort en 1897. Ses héritiers ont établit une fondation pour préserver ce site patrimonial unique.
Prenez le temps d’admirer la Mysitc’s Model School, bâtie en 1886 et surmontée d’un clocher. L’Auberge l’Oeuf, un hôtel et restaurant au coin de la rue Walbridge et du Chemin Mystic, occupe un ancien magasin général bâti en 1865 et rénové en 1920.
Jadis appelé Stanbridge Centre, Mystic fut colonisé en premier vers 1830. Un moulin fut érigé en 1836 sur la Rivière Pike par Benjamin Hauver, de descendance Allemande loyaliste. Suivez maintenant la rue St-Charles au-delà du chemin de fer et éloignez-vous du village pour une courte promenade dans la campagne.
Pont couvert Des Rivières
Ce pont historique traversant la Rivière Pike faisait parti d’une colonie pionnière disparue du nom de Des Rivières, siège de l’ancienne seigneurie Française de Malmaison. L’impressionnant Manoir se tient toujours derrière un bosquet de pins tout juste au sud du pont sur le chemin Des Rivières.
Le domaine de 31 000 acres appartenait à James McGill, fondateur de l’Université McGill, jusqu’à sa mort en 1813, où le terrain fut transmis à la famille Des Rivières.
En 1842, Henri Des Rivières bâti un barrage au travers de la Rivière et ouvrit deux moulins à scie actionnés par l’eau. Un de ces bâtiment se tient toujours sur la rive est de la rivière.
Le premier pont couvert à cet endroit fut construit en 1843 par Des Rivières, mais il fut emporté par une inondation printanière en 1883. La structure qui s’y trouve aujourd’hui fut bâtie en 1884 pour le remplacer.
Traversez le pont et tournez à gauche sur le chemin Des Rivières, qui mène à la Rte 133 près du village de Pike River. Un kiosque d’informations touristiques se trouve à l’intérieur d’un vieux presbytère à votre gauche.
À présent, suivez la Rte 133 sud, tournant à gauche sur la rue Champlain, qui vous mènera à Philipsburg sur la côte de la Baie de Missisquoi.
Philipsburg (pop. 245)
Plusieurs familles pionnières s’introduirent au Québec par le biais de cette colonie frontalière sur le Lac Champlain. Établit au début des années 1780 en tant que camp de réfugiés pour loyalistes, Philipsburg fut le premier vrai village à se former dans la Seigneurie de St-Armand.
Philipsburg devint le lieu de résidence de plusieurs familles de la Nouvelle Angleterre, qui joueraient plus tard un rôle important dans le développement des Cantons de l’Est. Cela inclut Gilbert Hyatt, fondateur de la Ville de Sherbrooke.
Maints loyalistes de descendance Allemande s’installèrent à Philipsburg, notamment Christian Wehr, un leader dans la colonie de Missisquoi. Durant la guerre de 1812-14, le Colonel Américain Isaac Clark débarqua une force navale de 400 hommes près du village, prenant avec lui 100 miliciens locaux comme prisonniers.
Le village peut très bien se vanter de posséder certains des vieux bâtiments des Cantons, dont une cabane en pièce sur pièce construite par Simon Lyster en 1784. La maison remodelée se trouve au 22 rue Champlain.
L’Église Méthodiste de marbre de Philipsburg (1819) est une autre attraction patrimoniale majeure. Durant la Rébellion de 1837, la milice locale barricada la chapelle Allemande de style Palatine pour l’utiliser comme arsenal. Ses murs furent plus tard couverts de mortier pour les protéger des balles des Patriotes.
Durant les années 1860, des esclaves en fugues de l’Amérique du Sud trouvèrent refuge dans les maisons de Philipsburg et St-Armand sur leur route vers la liberté au Canada, route qui devint connue sous le nom de Chemin de fer souterrain (Underground Railroad).
Les visiteurs peuvent s’aventurer du côté du Cimetière Protestant de Philipsburg sur la rue South Road avant de poursuivre le circuit.
Saint-Armand (pop. 1202)
La dernière bataille au sud du Fleuve St-Laurent de la Rébellion de 1837 se tint à cette jonction, aussi connue sous le nom de Moore’s Corner, le 6 décembre 1837. Un groupe de 80 Patriotes qui s’étaient réunit à Swanton, au Vermont, furent interceptés et mis en déroute par 300 miliciens Volontaires de Missisquoi.
Certains de ces Patriotes furent capturés après s’être réfugiés dans la vieille place Hiram Moore, une maison blanche qui se trouve en face de l’Hôtel de Ville au coin des rues Bradley et St-Armand. Une plaque commémorative fut érigée sur la véranda de cette bâtisse qui est classée site historique.
Un cimetière peu connu à Nigger Rock à St-Armand est l’endroit où reposent les premiers noirs de la région. Les recherches se poursuivent pour découvrir si ces gens enterrés étaient des esclaves fugitifs venu eux-mêmes vers le nord ou les domestiques des premiers loyalistes à s’installer ici.
Pigeon Hill (pop. 40)
Ce hameau connu à l’origine sous le nom de Sagerfield, offre du haut de sa colline une vue scénique de la Montagne Pinnacle depuis le cimetière derrière l’Église Saint-James (1859). Ce fut le site d’une bataille militaire le 7 juin 1866, lorsque des attaquants Fenian voulant protéger l’Irlande contre la Grande-Bretagne, furent repoussé par la milice Canadienne locale après avoir pillé les communautés avoisinantes de Frelighsburg et St-Armand.
Frelighsburg (pop. 1078)
Peu de villages du sud du Québec peuvent rivaliser avec ses bâtiments patrimoniaux originaux et son panorama époustouflant. Colonisé au début par des gens de la Nouvelle-Angleterre qui y bâtirent un moulin sur la Rivière Pike vers 1790, le village est célèbre pour son mélange de maisons de bois et de pierres de style Américain du 19e siècle.
La colonie hérita son nom de Abram Freligh, un docteur de descendance hollandaise venu de New York qui acheta le site du moulin en 1800. En 1839, son fils Richard en bâtit un second, plus grand et fait de pierres, qui continua de marcher jusqu’en 1964. Le moulin Freligh fut classé monument historique en 1973, et fut restauré depuis par ses propriétaires.
En 1870, la milice Canadienne repoussa une seconde invasion Fenian à Eccles Hill. Un point de repère fut érigé sur le site. Pour le voir, suivez la rue Eccles Hill à l’extérieur du village.
La série des circuits patrimoniaux est présenté par le Réseau du Patrimoine Anglophone du Québec grâce à l’aide financière fournit conjointement par le Département du Patrimoine Canadien et le Développement Économique du Canada. La contrainte d’espace ne permet pas la mention de tous les sites existants. Remerciements à Heather D’Arch, Pamela Realffe et Judy Antle de la Société Historique de Missisquoi pour leur aide. Pour de plus amples informations vous pourrez nous rejoindre au (819) 564-9595 ou sans frais au 1-877-964-0409 ou encore visiter notre site web au www.qahn.org.