Circuit patrimonial : Bas Gatineau

Author:
Dwane Wilkin

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La rivière Gatineau était une voie de passage sauvage traversant la forêt vierge des Laurentides.

Avant que les bûcherons et les fermiers défrichent ses rives, les chasseurs algonquins utilisaient ce cours d’eau de 275 kilomètres de longueur, qui servait de route principale vers l’arrière-pays riche en gibier. La rivière servait de lien à l’important système commercial des Premières Nations reliant les Hurons et les Nipissing des Grands Lacs aux Innus-Montagnais situés près du Lac-Saint-Jean.

La rivière doit son nom à Nicolas Gatineau, notaire et marchand de Trois-Rivières, qui faisait le commerce des fourrures sur la rivière Ottawa à la fin des années 1600.

Les colons anglophones vinrent dans le Bas-Gatineau au début des années 1800 en provenance de Wrightstown, future ville de Hull. Les grands pins et chênes de la Vallée de l’Outaouais qui représentaient une source importante de billots équarris destinés aux navires britanniques tombèrent rapidement sous la hache des bûcherons.

Une fois les forêts épuisées, les principaux marchands de bois, incluant Philemon Wright, George Hamilton, C.A. Low, Thomas McGoey et les Gilmours portèrent leur regard sur les collines de la Gatineau. Au cours des années 1830, la Vallée de la Gatineau constituait la principale source de bois d’oeuvre sur la rivière Ottawa.

En hiver, les bûcherons se dirigeaient vers le nord dans des camps situés le long de la rivière. À l’arrivée du printemps, les arbres qu’ils avaient abattus flottaient vers le sud. La drague annuelle fit partie des traditions de Gatineau pendant plus de 150 ans.

Plusieurs villages historiques situés le long de ce circuit patrimonial devinrent des points d’arrêt et de ravitaillement servant au commerce du bois. Les plus vieux établissements situés à Chelsea, Wakefield, Farrellton et Low étaient des auberges, des écuries et des entrepôts. Les hameaux de la rivière tels que Kirks Ferry, Cascades, Tenaga, Burnett, Larrimac et Gleneagle furent abandonnés dans les années 1920 pour faire place aux barrages hydroélectriques.

MapCOMMENT S’Y RENDRE

Ce circuit patrimonial commence dans le village d’Old Chelsea, situé à environ 15 minutes de route du centre-ville d’Ottawa. Prenez la route 5 en direction nord et traversez Hull. Prenez la sortie 12 et tournez à gauche sur le chemin Old Chelsea.

OLD CHELSEA
Les plus vieilles traces de pionniers que l’on retrouve dans le Bas-Gatineau sont situées derrière les portes de fer du cimetière protestant. Ce dernier se trouve de l’autre côté de la rue, en face du restaurant Agaric, derrière le vieil hôtel Dunn (1901), situé au 253, chemin Old Chelsea.

Les pierres tombales rappellent le décès des premiers pionniers tels que Thomas Wright natif du Massachusetts et Asa Meech, pasteur, enseignant et médecin, d’où vient le nom du lac Meech situé à proximité du parc de la Gatineau.

Le ruisseau Brooks, qui coule par-delà le cimetière, fut d’abord maîtrisé par un autre personnage de la Nouvelle-Angleterre, pour les moulins à scie et à provende. Thomas Brigham, de Chelsea dans le Vermont, était le gendre de Philemon Wright, le fondateur de Hull, et un homme d’affaires qui immigra dans les cantons de Hull.

Le Old Chelsea Protestant Burial Ground. (Photo - Matthew Farfan)Vers la fin des années 1820, les fermiers irlandais surpassèrent en nombre leurs homologues américains. Certains étaient venus comme ouvriers pour creuser le canal Rideau. D’autres arrivèrent dans les années 1840 pour fuir la famine dans leur pays. L’église catholique Saint-Stephens (1845) située sur le chemin Old Chelsea fut bâtie avec des pierres provenant des carrières qui ont servi à construire les édifices du Parlement du Canada. Cette église nous rappelle la grande influence irlandaise des premiers villages de Gatineau.

Le premier hôtel de ville fut construit en 1876. L’édifice se trouve toujours sur le côté sud de l’autoroute 5 et du chemin Old Chelsea. La Société historique de la Vallée de la Gatineau publie un guide détaillé sur les édifices patrimoniaux locaux.

Société historique de la Vallée de la Gatineau
Téléphone : (819) 827-4432

Kingsmere. (Photo - Matthew Farfan)KINGSMERE (PARC DE LA GATINEAU)

William Lyon Mackenzie King fut un grand admirateur des collines de la Gatineau du Québec. En 1902, le futur Premier ministre canadien acheta une terre sur le lac Kingsmere, situé à quelques kilomètres d’Old Chelsea. Il y construisit un chalet et de vastes jardins. Après sa mort en 1950, King légua le domaine au Gouvernement du Canada. Aujourd’hui, le parc de la Gatineau est une importante attraction culturelle exploitée par la Commission de la capitale nationale (CCN).

Pour de plus amples informations, composez le 1 800 465-1867
Site Internet du parc de la Gatineau : www.canadascapital.gc.ca/gatineau

CHELSEA

Une courte promenade vers l’est, le long du chemin Old Chelsea, amène les visiteurs à traverser l’autoroute 5. Dépassez la salle municipale et l’école primaire anglophone en direction de la communauté de Chelsea. Remarquez l’imposte typique de Gatineau de la résidence de Gardner Church (1870) située directement en face du panneau d’arrêt de la route 105. L’église appartenait à un maître-charpentier qui avait créé sa demeure selon les traditions néo-classiques populaires des résidents de Gatineau au cours de la période victorienne.

Plusieurs détails des motifs figurant à l’extérieur de l’église sont demeurés intacts : la symétrie des portes et des fenêtres, les colonnes du porche et un meneau en relief au-dessus de l’entrée principale.

La maison Church. (Photo - Matthew Farfan)Chelsea fut le lieu de résidence de la populaire famille Gilmour, dont les vastes opérations d’exploitation forestière modelèrent le développement du Bas-Gatineau. Les Gilmour financèrent un barrage rempli de pierres, un moulin et un glissoir à billots de deux milles de longueur sur la rivière Gatineau aux chutes Chelsea. Tout fut submergé en 1926 lorsque la compagnie Gatineau Power construisit le barrage Chelsea.

Aujourd’hui, le chemin Mill mène au-delà de la United Church et traverse les voies ferrées pour se rendre jusqu’à l’emplacement de l’ancienne gare ferroviaire de Chelsea. Cette gare fut démolie en 1970, mais non les rails qui permettent aux trains remplis de touristes venant du monde entier d’admirer les collines en amont à bord du train à vapeur Hull-Chelsea-Wakefield.

Juste au nord du village, surveillez l’enseigne indiquant l’entrée du cimetière des pionniers de Chelsea.

Pont couvert enjambant le ruisseau Meech. (Photo - Matthew Farfan)LA VALLÉE DU RUISSEAU MEECH

Continuez sur la route 105 jusqu’au sommet de la côte. Dépassez le feu de circulation et le motel La Vallée ensuite, tournez à gauche sur le chemin Pine. Faites environ un kilomètre puis tournez à droite sur le chemin Cross Loop. Ce chemin traverse les terres agricoles onduleuses de la vallée du ruisseau Meech. Vous traverserez un vieux pont couvert en bois avant de rejoindre l’autoroute. Cette terre fut expropriée durant les années 1970 et fait maintenant partie du parc de la Gatineau. Pendant les années 1800, au point culminant du commerce de bois d’oeuvre, cet étroit cours d’eau acheminait les billes de bois vers un moulin à scie situé à Farm Point.

FARM POINT

Ce minuscule hameau de Gatineau est fier de ses quelques édifices patrimoniaux, dont l’église catholique Saint-Clément (construite vers 1920). La première école du village a été transformée en maison privée.

Durant la Dépression des années 1930, avant le déclin de son entreprise, Freeman Cross, pionnier de l’électricité de Gatineau, y exploitait un moulin à scie ainsi qu’une usine de jouets. Au début des années 1900, Cross construisit un barrage sur le ruisseau Meech près de la décharge de la rivière et installa, vers 1910, la première usine hydroélectrique de la vallée.

WAKEFIELD

Depuis le début des années 1900, ce village imprégné de l’histoire de la drave et situé près du confluent des rivières Lapêche et Gatineau, attire les propriétaires de chalet et les touristes. Avant cette période, les rues animées de Wakefield servirent aux besoins des fermes et des camps de bûcherons éloignés.

En 1829, les premiers colons à peupler la région venaient d’Irlande du Nord. Il s’agissait de Joseph Irwin et de Mary Pritchard, qui arrivèrent dans le canton historique de Wakefield en passant par Bytown (Ottawa). Dix autres familles d’Irlande du Nord déboisèrent finalement les terres situées près du quartier urbain.

Le village de Wakefield compte plusieurs hôtels, églises, magasins et maisons d’origine. La maison Earle (construite vers 1880), située à l’angle des chemins Valley et Riverside, appartint à Robert Earle, charpentier, constructeur de voitures et forgeron. Le magasin général de Patterson situé au 740, chemin Riverside (environ 1880), aujourd’hui transformé en boutique de cadeaux, a conservé une grande partie de son intérieur d’origine.

La maison Earle, Wakefield. (Photo - Matthew Farfan)La gare ferroviaire de Wakefield (1892) est devenue un restaurant depuis 1970. Construite en 1896, Les Trois Érables, élégante demeure ayant appartenu à un médecin, est devenue un gîte touristique.

En 1838, un mécanicien d’entretien et maçon écossais appelé William Fairbairn construisit le premier moulin à provende de Wakefield près des chutes de la rivière Lapêche. Durant les années 1840, le compatriote David Maclaren, marchand de ferronnerie de Glasgow, construisit un moulin à scie au centre du village et exploita ensuite le moulin à provende de Fairbairn. Plus tard, il construisit une grosse usine de trois étages en briques, où l’on filait la laine. Cette usine fut le principal employeur de Gatineau jusqu’aux années 1930. Elle fut ensuite convertie en auberge de 26 chambres. Juste à côté, la maison Maclaren de style gothique édouardien, recouverte de briques (1860), sert de centre de conférences.

Le moulin MacLaren. (Photo - Matthew Farfan)Le cimetière de la famille MacLaren situé derrière le manoir comprend la pierre tombale du Premier ministre du Canada, Lester B. Pearson. Le pont couvert de Wakefield, réplique remarquable d’une ancienne structure démolie par le feu en 1986, est une attraction touristique populaire.

Plusieurs maisons de Wakefield sont ornées d’une plaque patrimoniale conférée par la municipalité de Lapêche. Bon nombre de ces plaques se trouvent sur l’avenue Burnside.

Train à vapeur Hull-Chelsea-Wakefield
(819) 778-7246 ou 1 (800) 871 7246

Église unie d'Alcove. (Photo - Matthew Farfan)ALCOVE

Autrefois appelé Wakefield Nord, ce petit village était une ville animée en raison de sa scierie et du traversier. James et Judith Pritchard, des fermiers de l’Irlande du Nord, furent les premiers à s’y installer en 1834. Leur grande maison familiale en bois blanc (construite vers 1850) se trouve toujours au 49, chemin de la Rivière (qui fait partie du premier chemin River de Gatineau). Une bonne partie des fermes situées à l’ouest du hameau longeant le chemin Maple furent déboisées par des descendants des Pritchard.

Avant la construction de la route 105, l’étroite rue bordée d’arbres longeant la rivière était la principale voie de circulation d’Alcove. L’église en briques, Alcove United (57, chemin de la Rivière), fut un temple méthodiste construit en 1889. Le magasin général de Wakefield Nord, maintenant abandonné et dont Oliver Draffin fut le dernier exploitant, se trouve à proximité. Le traversier d’Alcove fonctionnait à partir d’un accès à quelques mètres plus au nord sur la rivière. L’ancienne école, aujourd’hui devenue résidence privée, se trouve derrière les arbres de l’autre côté de la voie ferrée.

FARRELLTON

Tournez à gauche sur le chemin Plunkett, prenez la route 105 pour admirer l’église catholique Saint-Camillus et le presbytère, construits par des colons irlandais de la région. Le nom de la ville fut donné en l’honneur de Patrick Farrell, pionnier de Gatineau, qui y ouvrit un magasin général durant les années 1800. Farrellton fut un lieu prospère d’approvisionnement pour les camps de bûcherons et compta à une époque une forge, une scierie et une usine de beurre.

LOW

Le barrage Paugan, une des trois usines hydroélectriques construites sur la rivière entre 1926 et 1932, traverse à Low une gorge d’une profondeur de 35 mètres. Aujourd’hui, une agréable route mène au barrage et permet aux visiteurs de voir de près la centrale électrique, la gorge, le bassin en amont et le glissoir à billots.

Après un siècle de récolte, la quantité d’arbres destinés à la construction avait diminué. Les usines de pâtes et papiers devinrent les principaux consommateurs de bois de Gatineau. En 1921, la compagnie américaine International Paper acheta tous les droits relatifs à l’eau et les terres à bois d’oeuvre de Gatineau par l’entremise de sa filiale, la compagnie Canadian International Paper. La compagnie construisit un barrage sur la rivière à Low, Chelsea et Farmers Rapids pour alimenter son usine de papier de Templeton (aujourd’hui Gatineau).

On retrouve le nom de plusieurs des premiers colons dans le cimetière adjacent à l’église Unie de Low. Avant l’arrivée du chemin de fer dans les années 1890, la ferme Brooks Hill située au 34, chemin Brooks Hill, fut la résidence des cochers de diligences qui effectuaient le transport de marchandises et de passagers en amont, de Chelsea à Maniwaki.

La série des circuits patrimoniaux est présentée par le Réseau du patrimoine anglophone du Québec et financée conjointement par Patrimoine canadien et Développement économique Canada. L’espace restreint ne permet pas de mentionner tous les sites existants. Nous remercions de leur aide Jay Atherton, Ernie Mahoney et Adrienne Herron de la Société historique de la Vallée de la Gatineau. Pour de plus amples informations, veuillez téléphoner au Réseau du patrimoine anglophone du Québec au (819) 564-9595 ou composer le numéro 1-877-964-0409 (sans frais au Québec).


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