La petite histoire des Way, Partie 11

Author:
Anne Leydet

larger_way.atlantic.jpgAu début des années 1850, les résidents de la région de Coaticook, dont ceux de Barnston, font compétition à Stanstead pour le tracé projeté du chemin de fer provenant de Portland, Maine. Daniel Way et Harry Hollister sont actionnaires de la St. Lawrence and Atlantic Railroad, (2 actions chacun !) qui choisira la vallée de la Coaticook. L’essor économique qui en résulte profite à la région. Le moulin de Daniel Way, alors appelé Way’s Carding Works, prospère.

Malheureusement, Harry Hollister, propriétaire du moulin à moudre et du moulin à scie, meurt à 52 ans le 28 août 1857. Le hameau continue néanmoins à grandir. Le voisin de Daniel Way, Ebenezer Sage Southmayd (né en 1799) déménage sa famille de Wheelock, Vt, en 1829, sur les berges de la rivière Niger. Il est tanneur et cordonnier. En 1851, il annonce dans le Stanstead Journal «du cuir New-Yorkais de premier choix pour semelle, à vendre en gros ou au détail».

À la fin de 1852, les frères Lorenzo et Welles Way annoncent aussi dans le Journal : «Fabriquons et disposons d’une gamme variée de meubles, tels des bureaux, tables, tabourets, lits , chaises etc, que nous vendons au plus bas prix dans tous les Cantons pour de l’argent comptant ou des produits agricoles. Venez nous rendre visite et voir pour vous-même avant d’acheter ailleurs.»

En 1857 toutefois, attiré par la promesse d’une vie meilleure dans le Midwest, Welles Way déménage dans le Comté de Fillmore, Minnesota, avec son épouse Mary Libby de Libbytown et ses 2 enfants (7 autres naîtront au Minnesota). L’autre frère de Lorenzo, Asa, y déménage aussi en 1857 avec sa femme Melissa Clement et ses 4 enfants. Lorenzo est le seul fils Way resté ici.

larger_way.blacksmith.jpgMais il y a de nouveaux arrivants. Peu après 1851, Adam Cramer, (né en 1832), vient de Melbourne avec sa jeune épouse Emeline Miller. Il est forgeron, un métier qui contribue à l’essor du village. Le forgeron Cramer est mentionné dans l’Annuaire du Canada 1857, qui énumère sous «Barnston Corner» entre autres noms ceux de Daniel Way drapier, Ebenezer Southmayd tanneur et cordonnier et les fermiers John Bellows et Simeon Clark. Lorenzo S. Way qui est qualifié de peintre et fabricant de calèches, fait peut-être compétition avec Walter Buckland, également mentionné par l’Annuaire comme fabricant de meubles et de calèches!

L’une des filles d’Ebenezer Southmayd, Sarah (née en 1823), épouse Alexander R. P. Sanborn en 1849. Leur ferme se trouve sur le chemin Jordan. L’artistique Sarah écrit des poèmes dont celui intitulé «My early home» (Stanstead Historical Society Journal (1989, vol. 13). En voici la traduction :

Ma maison, mon premier chez-moi !
Je souhaite revoir encore une fois
Coins favoris d’enfant, lieux plaisants
De la maison que j’aime encore tant.
Le rosier près de la haie du jardin,
Que j’épiais souvent avec anxiété,
Voir éclore les bourgeons printaniers,
Dont ma chevelure allait être parée.
Et souvent j’entends les rires de joie,
Flottant à la dérive vers moi,
De bien des amis, au petit matin de la Vie,
Sur l’océan lointain de mes autrefois.
Le bosquet ombragé, la verte prairie,
Le vallon et le coteau boisé,
Et chaque recoin familier et chéri,
Vivent encore dans mes pensées.
Le cours d’eau cristallin au son mélodieux
Qui à mon oreille tinte toujours,
Où je me promenais avec mes amis, eux,
Que mon souvenir évoque chaque jour.
Oh, que j’aime faire une pause et penser
Aux années révolues du passé,
Aux jours heureux, aux amis précieux,
Mais cela n’est pas sans me faire soupirer.

Le cours d’eau cristallin du poème pourrait bien être la Niger qui longe la maison d’enfance de Sarah…et l’on aimerait imaginer que Mary Libby et Melissa Clement, s’ennuyant des être chers laissés derrière elles dans le petit village au bord de la rivière Niger, ont récité un tel poème à leurs enfants, là-bas dans le lointain Minnesota.

À suivre…