La petite histoire des Way, Partie 15

Author:
Anne Leydet

larger_carnations_redoute.jpgLa longévité à Way’s Mills est certes remarquable mais les années passent, les pionniers avancent en âge et certains d’entre eux ont disparu. Ainsi, l’un de nos premiers fermiers, Jacob Clifford, contemporain de Daniel Way, décède en 1871. La mort fauche aussi de jeunes résidents. Delia Way, fille de Daniel, et son mari Francis Clifford, menuisier du village et fils de Jacob, ont 3 enfants : Isadora, née en 1851, Henry Francis (1853) et Edward Clarence (1863). Isadora, à peine âgée de 24 ans, meurt en mai 1875. On lit, dans l’édition du 20 mai du Stanstead Journal :

«Way’s Mills. Mlle Isadora Clifford, de cette localité, est décédée ce mardi 11 mai, après une longue maladie de près de 7 années. À l’époque où la diphtérie faisait des ravages dans nos cantons, comme s’en souviendront bien des familles endeuillées, elle fit de cette jeune fille sa victime, alors même qu’elle devenait femme. Sans répit, la maladie sous toutes ses formes s’acharna sur elle jusqu’à ce que la mort l’emporte dans la tombe et crie victoire. Mais elle repose dans l’espérance et sa famille affligée peut être assurée des sympathies sincères de toute la communauté.» La diphtérie, une maladie contagieuse, sévissait encore à l’époque. En décembre 1874, le Stanstead Journal avait annoncé le décès, causé par la diphtérie, de la petite Georgiana, 9 ans, fille cadette de Byron Truell, frère de Valorous Truell, un fermier respecté de Way’s Mills.

Le Stanstead Journal poursuit : «Une dame m’a montré un bel œillet rose dans sa fenêtre. D’une hauteur de 3 pouces et demie, l’œillet grandit d’un pouce chaque jour depuis le début de la saison, et compte une quarantaine de bourgeons sur le point d’éclore. Il est si aisé de nos jours d’acquérir maintes plantes florifères et graines de semence, pourquoi ne pas en profiter ? La beauté est une source inépuisable de joie.» L’adage vaut toujours : de beaux jardins fleurissent aujourd’hui dans Barnston Ouest, qui auraient l’heur de ravir la dame aux œillets de mai 1875…

À cette époque, les services religieux à Way’s Mills sont célébrés dans l’école du village. Une fois par mois, le révérend Dow, adventiste, vient y prêcher. Les résidents reçoivent également la visite du révérend Patterson, un méthodiste. Ce dernier livre un sermon le 5 septembre 1875 qui suscite ce commentaire dans le Stanstead Journal : «L’attention soutenue avec laquelle le sermon fut reçu démontre que les Évangiles n’ont rien perdu de leur effet, et aujourd’hui comme hier, la population s’en abreuve avec bonheur.» Les résidents sont invités à une rencontre le 8 septembre pour discuter de la construction éventuelle d’un véritable lieu de culte.

Les temps changent dans Barnston et à Way’s Mills. Les premiers colons laissent la place à la génération montante et les fermes changent de propriétaires. Le 17 juin 1875, le Stanstead Journal annonce : «Way’s Mills. W.S. Cutting a acheté la ferme de Cyrus Burbank pour 3000$. Mr Burbank est l’un des pionniers de Barnston et a vécu sur cette ferme pendant plus de 50 ans. Mr Cutting en prend possession au printemps prochain.» Le Journal avait rapporté au préalable que «Mr. W. S. Cutting est de retour avec sa famille au pays, et ce pour de bon, après un séjour de 12 ans dans l’Ouest. Il y a amplement de la place pour le recevoir.»

Tout comme M. Cutting, Asa et Welles, fils cadets de Daniel Way, ont quitté pour l’Ouest (le Minnesota) au milieu des années 1850. Mais les fils Way ne reviendront jamais, comme l’a fait Cutting, s’établir aux abords de la rivière Niger. S’ils viennent séjourner à Way’s Mills en septembre 1875, c’est en raison du décès d’un membre important de la famille.

À suivre…