La petite histoire des Way, Partie 3

Author:
Anne Leydet

larger_way.6.jpgNous rattraperons plus tard les Gustin, les Mack et les Miller à la frontière canado-américaine. Pour l’heure, Daniel Way, né en 1794, grandit à Marlow, au New Hampshire. En 1792, la ville a voté une scolarité obligatoire de 6 mois pour tous les enfants et plusieurs écoles de rang ont été construites par la suite. À l’aube du 19 ième siècle Daniel va probablement à l’école et apprend aussi en observant les adultes. L’adage dit bien que «Ça prend un village pour élever un enfant»..

Daniel grandit dans l’ère post-révolutionnaire américaine. Une période d’intense renouveau religieux, «the Great Awakening» (grand éveil), frappe de plein fouet le New Hampshire où foisonnent de multiples croyances religieuses qui s’arrachent de nouveaux adeptes. La lutte est féroce entre méthodistes, baptistes, pédobaptistes, libres baptistes, universalistes, etc. Les fidèles lisent la Bible, mais aussi des textes religieux controversés cités par leurs prédicateurs. Ainsi Swedenborg, (Sweedenburg), est un théologien mystique suédois (1688-1772) dont les révélations divines sont exprimées dans des écrits tels «Heaven and Hell» qui inspirent bien des américains. L’un d’eux, Joseph Smith, sera le fondateur en 1830 de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (Mormons). La mère de Smith, Lucy, est la fille de Solomon Mack, l’un des colons de Marlow. Daniel leur est apparenté par sa tante Ethelinda, mariée à Silas Mack Jnr dont le grand-père Ebenezer était un cousin de Solomon et un prédicateur pédobaptiste à Marlow.

larger_way.7.jpgLes gens de Marlow s’obstinent sur laquelle de leurs croyances, certaines peu orthodoxes, doit l’emporter. En 1777 une société baptiste est formée, mais ce n’est qu’en 1792 qu’un lieu de culte est construit sur Marlow Hill, qui sera laissé bientôt à l’abandon. Une nouvelle église n’est construite qu’en 1829, un délai attribuable aux violents désaccords entre factions baptistes à propos de la foi à laquelle devrait appartenir tout prédicateur en résidence. Le jeune Daniel et sa famille vivent sur la route 18 à Marlow Hill, non loin de l’église baptiste. Les parents de Daniel sont-ils baptistes? Daniel devient-il pour un temps universaliste comme son oncle Asa et ses oncles par alliance Miller et Gustin? Ce que l’on sait c’est que Daniel se joindra bien plus tard au mouvement Adventiste fondé en 1831 par William Miller qui prêche que la Fin du Monde surviendra en octobre 1843…Daniel Way est décidément libre penseur, relativement scolarisé et bien informé de surcroît des théologies controversées de l’époque, tel qu’on le verra plus loin.

En 1812, la guerre éclate entre les États-Unis et la Grande Bretagne (dont le Canada). Daniel n’est pas au nombre de la vingtaine de soldats recrutés à Marlow . Un Daniel Way s’est enrôlé dans la milice de New York (45 ième Régiment de Knickerbocker) mais celui-là vécut et mourut à Rensselaer, N.Y.. Le traité de paix est ratifié en février 1815 et un an plus tard, presque jour pour jour, Daniel, à 22 ans, épouse Keziah Jaquith, sujet de notre prochaine chronique.

Les méthodistes de Marlow gagnèrent la mise : l’église baptiste construite en 1829 à Marlow Hill devint leur lieu de culte. En 1845, l’église fut déménagée en contrebas dans le village. Des adeptes mécontents firent construire une seconde église méthodiste sur Marlow Hill! Celle-là aussi fut déménagée et utilisée brièvement par des universalistes. Aujourd’hui ces deux lieux de culte, l’un à l’origine baptiste (Jones Hall), l’autre méthodiste, contemplent côte-à-côte leur charmant reflet dans l’eau tranquille de l’étang de Marlow…ce qui n’est pas sans rappeler les deux églises de Way’s Mills qui se font joliment face aux abords de la rivière Niger, elles aussi d’éloquents symboles du passé religieux diversifié des résidents de l’endroit.

À suivre…