La petite histoire des Way, Partie 7

Author:
Anne Leydet

larger_way.7.1.jpgEn septembre 1843, Daniel Way et les membres de sa famille s’établissent dans un hameau qui ne porte pas encore leur nom. L’aîné des fils, Lorenzo Sweedenburg Way, est alors un jeune homme de 27 ans qui a épousé Julia Ann Hodge le 6 septembre 1838.

Le père de Julia Ann, Chester Hodge, était originaire de Glastonbury, Ct. Marié à Polly Bascom à Bridport, Vt, il fera son chemin jusqu’à Williamstown, Comté d’Oswego, N.Y., où Julia Ann est née en 1820. Bientôt, la famille s’établit dans le Canton de Stanstead où Julia Ann et ses frères Chester B., Roswell, John et Lorenzo (nom populaire à l’époque !) sont élevés. En 1827 Roswell Hodge et Lorenzo Way sont dans la même classe à l’école de Griffin Corner. Roswell a-t-il présenté Lorenzo à Julia Ann ? Étaient-ils des tourtereaux dès leur enfance ? En tout cas, les enfants Way et Hodge seront amis pour la vie. Lorenzo sera le témoin de John Hodge à son mariage en 1849. Et Chester B. Hodge deviendra le surintendant du moulin à laine de Lorenzo.

larger_way.7.2.jpgLe 6 septembre 1888, Lorenzo Way et Julia Ann célèbrent leurs 50 ans de mariage dans un village qui a bénéficié de l’esprit entrepreneur de la famille et qui maintenant porte le nom de celle-ci et de ses moulins. En ce 6 septembre 1888, une fête est donnée en l’honneur de Lorenzo et Julia Ann. Pour l’occasion, Fred Bacon, résident de Hatley et bon ami de la famille, a composé un poème pour Lorenzo, surnommé Lo, un poème en anglais que j’ai traduit ainsi:

«Mais Lo, ce qui se passe ici, c’est à voir.
Car à feuilleter les pages de ma mémoire
Je peux y lire le progrès de cet endroit,
Le constater au gré de tous nos autrefois.

La rivière coule comme elle l’a toujours fait,
Nos collines n’ont pas bougé d’un iota.
Mais un village vit là où aucun village il n’y avait,
Il y a de cela cinquante longues années déjà.

Nulle flèche d’église au campanile tintant,
Pour faire sonner les cloches en ces temps anciens,
Alors que sonnent les cloches maintenant,
Pour appeler l’homme à la prière et aux foins.

Il n’y avait dans ce temps-là ni magasin général,
Où l’homme pouvait fumer et paresser,
Ni lieu où la poste pouvait être livrée,
Ni échoppe de peinture et de voiture à cheval.

Pas d’endroit où ferrer les chevaux,
Ni d’école de rang pour nos marmots,
Où un maître de sa baguette ferait la loi,
Pour leur enseigner la règle de trois.

Il y avait bien un moulin à moudre le blé.
Mais hélas pas de moulin à bardeaux.
Et c’est les femmes qui avaient la corvée,
du cardage de la laine et du filage d’écheveau.

Tisser se faisait alors chez soi,
Dans les temps durs d’autrefois,
Jusqu’à ce que Daniel Way, quel bon gars,
Réfléchisse à tout ceci et à tout cela.

Il se dit «Je ferai bâtir moulin!»
Et me montrerai bon voisin.
Je vais carder la laine, la filer et la tisser,
Et ainsi alléger le labeur de nos aimées.

Fidèle à sa parole il bâtit un moulin,
Lequel fonctionne toujours à plein.
Longue vie à celui qui l’opère maintenant,
Que cela dure jusqu’à la fin des temps!

L’heure est venue d’acclamer à l’unisson,
Et de donner notre bénédiction,
À celui qui au village donna son nom,
Et s’y est fait bâtir maison.»

Toute l’histoire des débuts de Way’s Mills tient en ce simple et beau poème : l’histoire d’habitants déterminés à améliorer leur lot dans la vie, en se donnant des écoles pour s’éduquer, des églises pour se guider, un bureau de poste pour aller au courrier, des échoppes et des moulins pour se vêtir et se nourrir.

Mais il y a plus à dire sur ceux qui ont vécu au bord des eaux vives de la rivière Niger…l’énergie et l’âme de Way’s Mills.

À suivre…