Circuit patrimonial : Bas-Saint-Laurent

Author:
Dwane Wilkin

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La rivière et la mer coulent ensemble dans les vastes eaux du Bas-Saint-Laurent. Les champs d’abord défrichés il y a 250 ans par des fermiers français demeurent fertiles et s’étendent en bandes verdoyantes entre les villes et les villages historiques. Un grand nombre de ces établissements ont aussi des racines anglophones, certaines remontant à la fin de la Guerre de Sept Ans.

Le fleuve Saint-Laurent a été la principale route pour le commerce et la colonisation en Nouvelle-France. Lorsque la France céda le Canada à l’Angleterre en 1763, les titres des terres seigneuriales furent cédés aux propriétaires britanniques. Leurs efforts pour développer la région ont depuis le début aidé à façonner la croissance des communautés du Bas-Saint-Laurent.

Alors que la demande pour le bois augmente au cours des guerres napoléoniennes, l’industrie forestière prend tout son essor le long du grand fleuve. Dès le début des années 1800, des camps de bûcherons et des scieries sont établis à proximité de ses principaux affluents aussi loin que sur la côte de la Gaspésie. Plusieurs des villes et des villages situés le long de ce chemin patrimonial ont d’abord commencé par être des moulins à scie.

st_l_map.jpgBien que le commerce du bois et le chemin de fer finissent par attirer quelques colons britanniques, la présence de ces derniers dans le Bas-Saint-Laurent fut largement éclipsée par la croissance rapide de la société francophone au cours du 19e siècle. À l’exception de Métis, où des descendants de colons écossais constituent toujours une communauté présente à l’année longue, les liens des anglophones avec la région sont de nature essentiellement saisonnière. Plusieurs des sites et des points d’intérêt situés le long de ce circuit se trouvent dans des lieux de villégiature patrimoniaux qui ont surgi à la fin des années 1800 pour recevoir les vacanciers. De riches Montréalais ont établi ici plusieurs communautés estivales florissantes.

Malgré la disparition des anciens hôtels, le pèlerinage annuel vers les grandes résidences d’été demeure un rituel rigoureusement observé par de nombreux Québécois anglophones et par leurs parents de l’extérieur de la province.

POUR S’Y RENDRE

Un trajet de deux heures à l’est de Québec sur l’autoroute 20 mène à la région du circuit patrimonial du Bas-Saint-Laurent. Il faut sortir au village de Notre-Dame-du-Portage et continuer vers l’est sur la route 132.

SAINT-PATRICE
(300 à 370, rue Fraser, Rivière-du-Loup)

Juste à l’est de Notre-Dame-du-Portage, le long d’une section sinueuse et bordée d’arbres de la route 132, s’élèvent environ une douzaine de magnifiques maisons du 19e siècle perchées sur un promontoire surplombant le fleuve. Elles forment la prestigieuse communauté estivale de Saint-Patrice où des générations de familles anglophones se sont réunies à chaque été depuis les années 1870. Autrefois une municipalité distincte, cette communauté constitue désormais le quartier historique du Vieux Saint-Patrice de Rivière-du-Loup. Le premier ministre du Canada, sir John A. Macdonald passa ses étés ici entre 1873 et 1890. Sa villa victorienne, baptisée Les Rochers (336, rue Fraser) a ensuite appartenu à Thomas George Shaughnessy, président de la compagnie de chemin de fer Canadien Pacifique et à Herbert Symington, président d’Air Canada, avant de devenir, en 1981, la propriété d’un organisme de charité, Canadian Heritage of Quebec. Elle est maintenant un gîte du passant.

Pendant deux décennies, la maison située au 342, rue Fraser fut la propriété de la famille de Louis Saint-Laurent, qui fut premier ministre du Canada de 1948 à 1957.

RIVIÈRE-DU-LOUP
(population de 18 200 habitants)

Cette jolie ville à flanc de coteau, surplombant les îles du Bas-Saint-Laurent, fut d’abord nommée Fraserville, en l’honneur de la famille seigneuriale qui domina les débuts du développement économique de Rivière-du-Loup.

jamcd_2.jpgCentrée à l’origine autour de l’embouchure de la Rivière-du-Loup, la seigneurie, qui porte le même nom, a d’abord appartenu à Charles Hubert de La Chesnaye, un important marchand de la Nouvelle-France. Elle fut acquise par le premier gouverneur britannique du Québec, James Murray et, par la suite, fut vendue à Alexander Fraser, fils d’un officier d’infanterie écossais qui combattit sur les plaines d’Abraham, et à sa femme canadienne française, Marie Allaire.

Sous la gouverne du seigneur Alexander Fraser, l’établissement a acquis ses premiers moulins à laine et une scierie en 1818. En association avec les entrepreneurs de Québec, Henry et John Caldwell, le seigneur Fraser commença à couper les immenses forêts d’épinettes de la vallée du Témiscouata sur lesquelles s’appuient les industries du bois, des pâtes et du papier de cette ville.

manoir20fraser_2.jpgDe nos jours, le manoir seigneurial Fraser (1830), situé au 32, rue Fraser, est un site historique classé, ouvert aux visiteurs. Cet exemple imposant d’architecture de style Second Empire a été magnifiquement restauré par un groupe local de protection du patrimoine. Le seigneur Fraser lui-même est enterré dans un petit cimetière protestant, à côté de l’église anglicane Saint-Barthélémi (1841), située au 15, rue du Domaine.

Dans les années 1860, Rivière-du-Loup devient un important centre ferroviaire, d’abord en tant que terminus du chemin de fer du Grand Tronc et par la suite comme centre de répartition ferroviaire pour les chemins de fer Intercolonial et Témiscouata. Les emplois reliés au chemin de fer attirèrent des centaines de nouveaux travailleurs, dont des Écossais provenant des Maritimes qui s’établirent près des voies ferrées le long de la rue Saint-André – encore appelée localement, la rue des Anglais.

Le quartier historique délimité par les rues Lafontaine, Hôtel-de-Ville, Iberville et du Domaine comporte une profusion de styles architecturaux. L’un des édifices les plus remarquables est l’ancien consulat américain (1, rue Iberville), bâti vers 1850, qui met en évidence une ample galerie en forme de demi-lune. Il est possible de se procurer un guide des bornes historiques au Centre des visiteurs.

Musée du Bas-Saint-Laurent
300, rue Saint-Pierre - (418) 862-7547

Site historique du manoir seigneurial Fraser - 32, rue Fraser
Centre des visiteurs
189, rue Hôtel-de-Ville - (418) 867-3015

FORT INGALL (CABANO)
Lieu historique national

De Rivière-du-Loup, un trajet d’une heure vers l’est sur la route 185 mène à un fort britannique reconstruit sur les rives du charmant lac Témiscouata. Cette route, qui amène désormais la route transcanadienne depuis le Québec jusqu’aux Maritimes, suit les traces d’un ancien sentier d’abord utilisé par les Micmacs et les Malécites. Ce sentier allait du fleuve Saint-Laurent jusqu’en Acadie par le lac Témiscouata et les rivières Madawaska et Saint-Jean.

fort20ingall20entrance.jpgMême si le combat fut évité, un long conflit frontalier opposant le Maine et le Nouveau-Bruswick mena, en 1839, à une période de tension au sujet des droits de propriété des forêts dans les vallées Aroostook et Madawaska. Fort Ingall fut l’un des quatre postes bâtis dans l’est du Québec et le nord du Nouveau- Brunswick par l’armée britannique dans le but de protéger la soi-disant route du bois contre l’invasion américaine. Les troupes furent postées pendant trois ans à Fort Ingall jusqu’à ce que le conflit soit réglé par le traité Webster-Ashburton, en 1842.

L’enceinte, qui appartient désormais à la Société d’histoire et d’archéologie du Témiscouata, comprend les casernes, les quartiers des officiers, le mess, le corps de garde, la boulangerie et la prison, ainsi que des expositions illustrant les difficultés de la vie des soldats en région frontalière. Une roseraie d’inspiration anglaise complète désormais la visite.

81, chemin Caldwell, Cabano (Québec)
(418) 854-2375

RIMOUSKI
(population de 50 000 habitants)

Faisant jadis partie d’une seigneurie française concédée en 1688, cette ville maritime est la capitale du Bas-Saint-Laurent et le plus grand centre urbain de l’est du Québec. La maison Lamontagne, la plus vieille maison de la ville (vers 1750), fournit une fascinante toile de fond à une exposition exceptionnelle sur l’évolution de l’architecture domestique. Elle est aussi l’une des rares constructions datant du Régime français, dans cette partie du Québec. Le long de la rue Saint-Germain Ouest les visiteurs trouveront quelques-uns des meilleurs restaurants de la région.

Aux 17e et 18e siècles, un petit village vivant de pêche et d’agriculture était situé près de l’embouchure de la rivière Rimouski, cependant sa croissance s’amorça seulement après la mise en place de camps de bûcherons dans les années 1820. Le développement s’est accéléré lorsque les marchands de bois de Québec, dont William Price, achetèrent des droits de coupe et bâtirent des moulins. La compagnie Price-Porritt Pulp and
Paper Co. fut fondée ici en 1902.

Durant les beaux jours de la coupe du bois, plusieurs familles anglophones associées à la scierie et à l’usine de bardeau de Price Bros. vivaient dans le quartier Nazareth de Rimouski, sur la rive ouest de la rivière, de l’autre côté du quartier général d’Hydro-
Québec, sur le boulevard René-Lepage.

La foresterie déclina après qu’un incendie, qui avait débuté au complexe Price en mai 1950, eut détruit une grande partie de la ville. De nos jours, Rimouski accueille l’Institut maritime du Québec. Il reste moins de 300 anglophones à Rimouski.

Maison Lamontagne
707, route 132 (boulevard du Rivage, Rimouski-Est)

Lieu historique national du Canada
DU PHARE-DE-POINTE-AU-PÈRE

father20point20lighthouse.jpgPour en apprendre davantage sur le patrimoine maritime du Bas-Saint-Laurent, ne manquez pas de visiter le Musée de la mer, situé dans cette station de phare historique à Pointe-au-Père, juste à l’est de Rimouski, sur la route 132. Avant l’avènement des télécommunications modernes, les phares étaient des aides essentiels à la navigation sur le Saint-Laurent. Celui-ci, bâti en 1909, est le deuxième plus élevé au Canada. Le site de Parcs Canada comprend la maison et les dépendances d’origine qui ont servi à des générations de gardiens de phare et à leurs familles.

Le musée maritime adjacent commémore le naufrage du paquebot canadien Empress of Ireland, une catastrophe survenue en 1914 et qui fit 1 012 morts. Cette exposition tout
à fait fascinante présente des pièces récupérées de l’épave par les plongeurs et un saisissant film 3D qui relate les événements qui conduisirent à cette tragédie.

Musée de la mer - (418) 724-6214

LES JARDINS DE MÉTIS
Grand-Métis

Une collection saisissante de fleurs et d’arbres, ces jardins reconnus mondialement rendent hommage à la tradition horticole du Québec anglophone. Prenant avantage de la
topographie du lieu et du climat maritime tempéré, Elsie Reford a consacré plus de 30 ans de sa vie à transformer 25 acres de dense forêt d’épinettes en ce vivant et éclectique chef
d’oeuvre de couleurs et de textures. Son arrière-petit-fils, Alexander, poursuit la tradition familiale en tant que directeur des jardins.

reford20gardens_2.jpgOriginaire de Perth, en Ontario, Elsie Reford était la nièce de George Stephen, financier montréalais et président fondateur du chemin de fer Canadien Pacifique. Sa passion pour le jardinage se manifeste après avoir hérité de la maison d’été de son oncle, près de l’embouchure de la rivière Métis. Par l’intermédiaire de Reford Shipping, la compagnie de navigation de son mari dans le port de Montréal, Elsie pouvait obtenir des spécimens de plantes en provenance de partout dans le monde, dont le rare pavot bleu de l’Himalaya. Plus de 3 000 espèces et variétés de plants s’épanouissent ici. Ces jardins sont un endroit idéal pour pique-niquer tranquillement.

Les Jardins de Métis
200, route 132, Grand-Métis - (418) 775-2221

MÉTIS-SUR-MER
À son apogée dans les années 1930, ce lieu de villégiature comptait une douzaine d’hôtels en activité. De nos jours, un air de grandeur désuète s’attache au village. Les anciens hôtels ont disparu, mais les haies de cèdre soigneusement taillées, les rosiers sauvages et les grandes villas le long de la plage suscitent toujours des regards admiratifs. Un organisme dévoué à la préservation de l’héritage anglophone de la région, Héritage
Lower St. Lawrence, a son bureau ici.

Bien que la seigneurie de Métis ait été d’abord concédée en 1675 à un noble d’origine française, sire Jean-Baptiste de Peiras, près d’un siècle et demi allait s’écouler avant que des colons européens n’arrivent, guidés par un banquier d’origine écossaise de Québec, qui s’appelait John MacNider. Jusqu’à aujourd’hui Métis-sur-Mer demeure une
communauté à prédominance anglophone.

En 1818, MacNider acheta la seigneurie de Métis et fit construire une goélette, le Rebecca, avec laquelle il navigua entre Québec et son nouveau domaine. À son bord, 40 familles de pionniers partirent vers leur nouveau pays, méritant à ce vaisseau le surnom de Mayflower de Métis.

Métis possède une profusion d’édifices historiques, la plupart associés à la croissance du village comme lieu de villégiature au 19e siècle. Des professeurs de l’Université McGill furent les premiers estivants à s’établir ici à partir des années 1870, alors que Métis n’était encore qu’un lointain petit village de pêcheurs et d’agriculteurs. Parmi eux, se trouvait le géologue bien en vue, sir William Dawson, directeur de l’Université McGill de 1855 à 1893.

Un adversaire farouche de la théorie de l’évolution de Darwin, Dawson a contribué à la fondation de l’église presbytérienne de Petit-Métis (1883), un point de repère du chemin Beach avec son clocher distinctif complètement détaché. La pittoresque église unie de Métis-sur-Mer (1866), est un autre point de repère bien connu.

Killicrankie Inn à la pointe Leggatt, nommée en l’honneur du pionnier Peter Leggatt, est l’un des derniers anciens hôtels de villégiature encore debout. Le cimetière protestant de pointe Leggatt est le plus ancien lieu de sépulture de la région. Des offices religieux se déroulent toujours à l’église presbytérienne de pointe Leggatt (1883), qui est tout près.

Heritage Lower St.Lawrence
École de Métis-sur-Mer - 216, chemin Beach
(418) 936-3239

Le Réseau du patrimoine anglophone du Québec a préparé ce guide. La série des Circuits patrimoniaux bénéficie de subventions de Patrimoine Canada et de Développement économique Canada. Des contraintes d'espace empêchent la mention de tous les sites. Nous remercions de leur aide Denis Boucher, Alexander Reford et Diana et Clive Meredith.

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