MCGILL, CONCORDIA ET BISHOP'S: PIERRES D’ASSISE DU PATRIMOINE ET DE L’IDENTITÉ

MCGILL, CONCORDIA ET BISHOP'S:  PIERRES D’ASSISE DU PATRIMOINE ET DE L’IDENTITÉ AND IDENTITY
Author:
Réseau du patrimoine anglophone du Québec (RPAQ)

Les universités québécoises contribuent à la société de manière fondamentale –  économiquement, scientifiquement et culturellement. Les trois universités de langue anglaise de la province, McGill, Concordia et Bishop’s, jouissent d’une réputation enviable en tant qu’institutions de haut savoir et sont systématiquement reconnues pour la qualité de leurs programmes et de l’expérience étudiante qu’elles proposent. Une proportion significative des étudiants qui les fréquentent provient d’autres régions du Canada et de l’étranger. Pour plusieurs Québécois, particulièrement ceux de la communauté anglophone, ces institutions, objets de grande fierté, constituent de véritables pierres d’assises de leur patrimoine et de leur identité. En définitive, elles contribuent de manière vitale au bien-être de la communauté. 

Sous prétexte de protéger la langue française,  le gouvernement caquiste a lancé contre les universités de langue anglaise de la province une attaque qui consiste à presque doubler les frais de scolarité pour les étudiants provenant de l’extérieur du Québec. Il s’agit là, ni plus, ni moins, d’une tentative cynique de gommer tout aspect du Québec qui n’entre pas dans l’étroit moule du « pure laine ». L’objectif ultime de ces augmentations astronomiques est de décourager les non-francophones d’étudier ici et ne fait qu’ajouter une couche à la représentation éculée de l’anglais en tant que réalité devant être expulsée du Québec. Il est clair que le régime actuel considère que la communauté anglophone – qui jouit de profondes racines historiques et culturelles dans cette province -  ne devrait avoir ni passé, ni avenir. 

Cette attitude va à l’encontre de la raison d’être des institutions d’éducation supérieure. Les universités qui se sont développées en Italie, en France, en Angleterre et en Espagne au Moyen Âge encourageaient la diversité d’intellectuels issus de tout le monde connu. Elles  étaient, pour la plupart, des lieux de tolérance et de curiosité, même dans le contexte de sociétés sectaires. À travers le monde, les universités demeurent des bastions d’inclusion et de diversité sous toutes leurs formes, incluant la pensée, la culture et la langue. Tout comme le latin était la langue savante du Moyen Age et que le français fut jadis la langue de la diplomatie, l’anglais est aujourd’hui la langue du commerce international et de nombreux champs de recherche. Ce constat n’est en rien une attaque contre le français ou contre toute autre langue. Il s’agit simplement d’une réalité factuelle du monde moderne. 

La place de la communauté anglophone dans le patrimoine du Québec ne peut être surestimée. McGill fut fondée à Montréal en 1821; Bishop’s (à Lennoxville) remonte à 1843; et Concordia (Montréal) fut le résultat de la fusion du Collège Loyola (1896) et l’Université Sir George William (1926) en 1974. Au-delà des innombrables Québécois, tant francophones qu’anglophones, diplômés de ces universités, des générations de Canadiens et de citoyens du monde y ont étudié. Nombre d’entre eux sont demeurés ici après leurs études et leur contribution au Québec, au Canada et au monde entier, dans divers champs d’expertise, est incommensurable.

L’augmentation des frais de scolarité proposée pour les étudiants de l’extérieur de la province qui fréquentent ces institutions constitue une menace à l’existence même des universités de langue anglaise du Québec. Loin de protéger le français ou les universités francophones, cette proposition n’est qu’un geste mesquin et vindicatif à l’endroit de la communauté anglophone et de ses institutions. En plaçant ces universités à risque, la proposition n’accomplira rien de plus que de réduire la stature du Québec sur la scène internationale et de cimenter sa réputation de plus en plus paroissiale, insulaire, intolérant et xénophobe. Est-ce là le Québec que nous souhaitons léguer aux générations futures?